10 - Révélations 1/3
« Pour ceux qui aiment la vannerie, les longues explications et les bisous »
Nous étions vendredi et je me réveillais en pensant à tout ce que j’avais vécu ces derniers jours.
J’avais informé mes conjurés, de l’avancée de mes recherches à l’hôpital et de mes échanges avec Steph.
Ce dernier attendait d’avoir toutes les cartes en mains pour publier un papier bien étayé.
Il avait interrogé des employés après leur service. L’un d’entre eux lui avait confié que le Docteur Maribaud était parti avec les fiches de ses patients. Une autre source lui indiqua que les informations personnelles de ceux-ci avaient été falsifiées dans la base de données, via le biais d’une attaque informatique complexe. Les noms, numéros de téléphones et adresses ne correspondaient à personne. Certaines familles se sont manifestées à l’hôpital et ont pu obtenir de nouveaux diagnostics ainsi qu’un suivi médical adapté. Quant aux autres : impossible de les retrouver.
Le journaliste cherchait à obtenir les vidéos de surveillance de l’hôpital afin de retrouver le médecin fantôme. D’autant plus qu’il n’existe personne du nom de Maribaud dans les environs de Brivorest, ni même en cherchant jusqu’à Antalvay ou Amalfay.
La santé de mon grand-père s’améliorait de jour en jours. Eorelle lui avait trouvé un remède pour contrer les effets de l’arsenic qui lui réussissait visiblement fort bien. Le jeudi soir, je le trouvai debout… Il ne courait certes pas encore !
De son côté Éléonore se préparait pour l’intervention qui lui demandait d’utiliser la magie divine de la Mère. Pour une simple novice, l’exercice s’avérait ardu ! Toute la semaine, elle avait consulté des livres et s’était exercée avec sa meilleure amie, amie : Lucie Lassource. Cette dernière visait une spécialisation en exorcisme. Elles allaient bientôt pouvoir commencer à opérer.
Cette semaine se présentait sous le signe de la pluie. Ma surprise fut grande, quand je me rendis à mon cours de botanique le mardi, de voir Eorelle danser sous l’eau ruisselante, son chapeau enfoncé sur la tête, parée de vêtements en cuir protecteur. Elle chantait la pluie et le bienfait qu’elle apportait aux assoiffés de toute espèce, de la vie qui se développait sous son action, des rivières qui exultaient de joie…
Tout en continuant à danser, elle m’assura qu’elle était sèche comme si on avait été en plein désert. Aussi, me mettant son chapeau sur la tête, elle m’invita à la rejoindre. Quel moment de grâce avions-nous vécues ! Nous ne fîmes pas de botanique ce matin-là, mais ses cheveux finirent trempés, étant donné que ma capuche était toujours surmontée de son couvre-chef.
Et c’est ainsi que j’appris à aimer la pluie autant que le soleil.
Cette semaine-là, nos cœurs se rapprochèrent. Nous devenions plus tactiles et je sentais notre lien se préciser, dépassant le simple désir que j’avais initialement ressenti pour elle. L’amour grandissait. Nous l’avions arrosé de nos danses, nos rires, mais aussi des misères de mon grand-père.
J’en revins au présent, il me restait quelque chose à accomplir afin de respecter la promesse que j’avais faite à la dame de mes pensées. J’avais deux amis qui m’étaient chers. Si j’avais renoué avec Éléonore, il n’en était pas de même pour Bastien. Je me saisis de mon téléphone.
Margaux :« Salut Bast ! »
Un temps assez long s’écoula
Bastien : « Salut, qu’est-ce que tu veux ? »
Margaux : « Te parler. J’en ai marre qu’on se fasse la gueule. »
Bastien : « Si tu le dis. »
Margaux : « Vraiment Bast, t’es mon pote, merde ! »
Bastien : « Tu proposes quoi ? »
Margaux : « Aujourd’hui tu rentres tôt, non ? »
Bastien : « On rentre à midi, il y a un bus »
Margaux : « 16 heures dans une clairière que j’aime bien, je t’envoie les coordonnées GPS, ça te va ? »
Bastien : « Ok, à tout à l’heure ! »
Joignant le geste à la parole, je lui envoyai les coordonnées de ma petite clairière aux violettes, comme je l’appelais désormais.
J’étais toute heureuse en prenant le chemin de la maison d’Eorelle. J’allais la voir, puis je me réconcilierais avec Bastien. Tout irait bien !
Je la trouvai près de sa maison. À ses côtés nombreuses branches de saule, rangées par diamètre et assez longues jonchaient le sol. Elle était encore en train d’en ajouter d’autres de manière très méthodique lorsque je m’approchai. Nous échangeâmes une bise, chacune était un enchantement pour moi.
— Tu fais quoi exactement ? Laisse-moi deviner… De l’hormone de bouturage.
— Raté !
— De l’aspirine.
— Encore raté, plus qu’une chance !
— De la vannerie ?
— Très forte, tu as droit à un baiser !
Je tendis ma joue et reçus mon dû.
— Et si j’avais perdu ?
— C’est moi qui y aurais eu droit ! Je suis en train de construire deux fauteuils depuis quelques mois, quand j’en ai le temps. Tu ne les as pas vus, ils sont dans un petit appentis derrière la maison. Je pensais augmenter ma capacité de réception. J’ai eu le nez creux, comme tu es souvent là, si on a de la visite…
— D’accord ! Tu mérites ton baiser toi aussi.
Je ne manquai pas de le lui donner.
— Tu veux essayer ? Viens avec moi, on va les chercher. Travailler dehors, c’est plus sympa.
Depuis des mois, elle préparait des branches de saule pour pouvoir les travailler ensuite. Au fond de sa maisonnette, une porte dérobée, derrière laquelle se trouvait un débarras. Elle y stockait diverses affaires, dont les sièges. Ils étaient pratiquement terminés, elle me dit qu’il n’y en avait plus que pour quelques heures de travail.
Comme toujours ses explications étaient d’une grande précision et j’admirais sa manière d’enseigner. Il me fallut un peu de temps pour m’y mettre, travaillant bien plus lentement qu’elle, mais je ne fus pas mécontente du résultat obtenu.
Elle me laissa pour aller préparer le repas pendant que je m’échinais encore sur des détails.
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