11 - Retrouvailles mouvementées - 3/3
Eorelle sortit du bois, la jambe tenue par une attelle bricolée, appuyée sur une béquille et son arc dans l’autre main. Je courus vers elle pour lui sauter dans les bras et la serrer contre moi. Non sans faire attention à sa blessure.
— Margaux ! J’ai eu tellement peur pour toi.
— Eh moi donc !
Je la serrais si fort que j’aurais pu l’étouffer.
Nous nous tournâmes vers les petits, et trois autres silhouettes sortirent de la forêt, armés comme Eorelle. Deux d’entre eux serrèrent des enfants dans leurs bras pour les réconforter. Je pris ma petite sœur dans les miens et la maintint un long moment contre mon cœur, sans un mot. Après ce moment de réconfort, je retournai auprès de ma douce.
— C’est ton amoureuse ? me demanda ma sœur. Elle est belle ! Mais moi, je préfère les beaux garçons comme lui là-bas.
Elle désignait un des personnages entrés à la suite d’Eorelle dans la clairière.
Il était grand, blond, les yeux d’un bleu clair et froid. Il ne s’était pas approché des enfants. Il était resté debout, digne dans son port, et distant. S’approchant de lui, Eorelle nous fit les présentations.
— Voici Hindred, c’est un elfe, comme moi. Il n’aime pas trop les humains, c’est ainsi.
— Je préfère les elfes, répondit-il, en me regardant étrangement.
Ses yeux, je le voyais bien, avaient les mêmes propriétés que ceux d’Eorelle.
— Mais je n’ai rien contre vous.
— Je te présente la dame de mon cœur, Margaux.
— Elle en vaut la peine, dit-il laconiquement.
— Et sa petite sœur, Lydia, continua Eorelle. Lili, ta sœur m’a beaucoup parlé de toi, elle t’aime très fort.
Après avoir ébouriffé affectueusement les cheveux de Lili – elle ne pouvait se baisser pour l’embrasser – mon amoureuse fit quelques pas pour aller rejoindre Bastien et les deux autres elfes, quand Hindred se pencha à mon oreille.
— Elle t’a parlé du choix ?
— Le choix ?
— Si tu l’épouses, tu auras le choix de devenir une elfe.
— Pourquoi me dis-tu ça, toi qui n’aimes pas les humains ?
— Parce que je préfère les elfes. Si tu en deviens une, ça en fera une de plus. Tu en vaux la peine, Margaux, ton âme a la grandeur nécessaire. Mais chut, je ne t’ai rien dit. J’ai une réputation à garder.
Puis il s’agenouilla gravement devant Lydia :
— Crois en tes rêves et ne les oublie jamais.
Et il se releva.
Je rejoignis ma belle pour l’aider à marcher. Lili était restée près d’Hindred, béate d’admiration. Ils finirent par nous rejoindre.
Les deux derniers inconnus, se tenaient par la main, souriants, tandis que je pris celle d’Eorelle dans la mienne. La femme eut un petit haussement de sourcils surpris, suivi d’un regard de tendresse en voyant notre geste. Ils échangèrent une œillade surprise.
L’homme était brun et barbu, les yeux noisette, de taille et de corpulence moyennes. Il avait cependant, comme les autres elfes, un visage juvénile. La femme avait des cheveux châtain clair, coupés assez courts, et les yeux gris. Elle et son mari, car j’appris plus tard qu’ils étaient mariés, arboraient un air détendu malgré les circonstances tragiques.
De leur côté, les autres enfants parlaient vivement entre eux désignant les elfes qui les avaient sauvés, éblouis par leur beauté, leur prestance et pleins de rconnaissance.
Eorelle continua les présentations :
— Voici Margaux, celle que j’aime, Bastien un ami de Margaux, qui n’aurait certainement pas aimé être là ce soir, mais il a le cœur chevaleresque et vaillant… Et voici Hindred, Melodia et son époux Cantaran.
Chacun des elfes s’inclina à l’annonce de son nom.
Hindred, resté en alerte, fit signe à chacun de se taire et intima aux enfants et à nous-mêmes d’aller nous cacher dans les fourrés. J’entraînai Eorelle blessée avec moi.
— Ce sont ceux qui étaient partis à la chasse, je les avais oubliés. Ils sont six, fis-je.
Les trois elfes encochèrent des flèches et disparurent dans la nuit.
Cinq minutes plus tard, il y eut quelques bruits de rafales de fusil, puis un silence de mort.
Melodia et Cantaran revinrent seuls moins d’une minute après.
— Et Hindred ? demanda Lili l’air affolée.
— Ne t’inquiète pas pour lui, il est parti explorer la région pour voir s’il n’y a pas d’autres patrouilles, répondit Melodia.
— C’est maintenant que commence le travail, annonça Eorelle. Il va falloir rendre ces enfants à leurs parents, nettoyer toute cette horreur et chasser les mauvais esprits…
— Nous sommes là pour t’aider, dirent Melodia et Cantaran.
— Bastien et moi aussi, fis-je.
— Ton ami est blessé, me rappela mon elfe adorée. Nous devons d’abord le soigner, mais il ne pourra pas nous aider, et même moi, je ne pourrai pas faire grand-chose.
L’intéressé la remercia du regard.
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