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Les pupitres sont à deux pas. Elle est juste là.
Si, de loin, vous aviez l'impression de déjà sentir son parfum. De près, c'est encore pire. C'est un nuage fleuri qui vous matraque les narines. Que fait un tel bouquet dans une grotte sombre où les seules lumières sont tamisées ? Rien ne l'y encourage à pousser !
Songeant à la confusion sémantique entre bouquet de fleur et bouquet senteur, vous ne remarquez pas que l'être au doux regard l'a d'ores et déjà posé sur vous. Contrairement à ce que vous imaginiez, celui-ci n'a rien de tendre, il contient même les racines de votre future condamnation.
Balbutiant, vous parvenez à articuler :
— Bo... Bonjour... madem... Euh... C'est à dire que... euh... cette euh...
— Vous voulez quoi ? clama-t-elle, sans se soucier d'élever la voix.
— Je... Je... C'est... Pour ainsi dire... euh...
— Vous avez jamais vu une femme dans une bibliothèque, ou dans une université ? C'est ça ?
— Non... Je... C'est pas ça... enfin, pas tout à fait... mais...
—Vous me pompez l'air, l'ami. J'ai du travail, moi.
— Ok... murmurez-vous, contrit, avant de filer.
Mais attendez... Vous faites quoi là ? Vous allez vous laisser humilier, comme quand vous étiez enfant, comme quand vous étiez adolescent ? Quand on vous traitait de binoclar, d'intello ? Quand "elle" vous avait toisé, du haut de ses dix-huit ans, méprisant votre demande pour le bal de promo ; quand cette autre avait accepté, mais vous avait planté le soir même ? Vraiment ?
Non, ça suffit ! Vous allez lui faire entendre ! Même si elle doit payer pour toutes les autres ! Allez au 11
Sinon, si vous vous débinez – et on le comprendrait – rendez-vous au 8
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