21
Vous lui tendez benoitement l'ouvrage. Vous espérez que derrière suivra votre virginité.
— Ah, merci, monsieur... monsieur ?
— Robert Smith, murmurez-vous timidement comme si Aphrodite vous faisait du gringue. Et vous... vous ?
— Je vous avertis, je suis d'origine Russe. N’ayez pas peur – Je veux dire – de mon pays comme de moi. Nous, femmes russes, n'avons pas les mêmes habitudes que les dames américaines.
Vous n'écoutiez pas vraiment, trop occupé à voguer sur les brumes turpides de l'amour. Les mots n'existaient qu'à peine et la Russie n'en était qu’un parmi tant d'autres. Elle continua :
— Je me nomme Marika Petruskova, fille de l'ambassadeur de Russie.
Soudain, sur votre océan fleuris de balalaïkas filantes surgit le visage austère de Staline. L'horreur. D'un coup vous déchantez. Tout ce que vous venez d'entendre prend soudain sens. Les Russes ? Des Communistes ? Des Goulags ? Des oligarques ? et surtout : l'espionnage ! Vade Retro !
— Il y a un problème ? Ajoute-t-elle, devenant froide.
Son anglais est excellent et on entend aucune once de bolchevisme dans ses propos. Elle aurait pu s'inventer un nom caucasien que vous l'auriez crue. Si elle était une espionne, stratégiquement, elle aurait pu faire mieux. À moins que jouer carte sur table ne soit qu’une façon intelligente de masquer sa duplicité, sur un fond de transparence...
Ah ! Quoi penser ?
Si vous pensez que Marika Petruskova est une espionne Russe, allez au 19
Sinon, considérez donc le 22
Annotations