Patrouille
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Baranwë allongea le pas. Son regard aquilin planait de part et d’autre de la crête rocheuse, qu’il suivait depuis l’aube. Rien n’échappait à son instinct de chasseur – un nid de cailles, une bruyère brisée, une nuance dans le chant d’un oiseau, un cairn dérangé, un lièvre qui détale au loin, la sensation d’un regard de prédateur posé sur lui…
La tranquille opulence du bocage baignait de mélancolie son âme vigilante. Dans un bosquet envahi par les mousses, où de vigoureux tilleuls voisinaient quelques pommiers tordus, le rôdeur reconnut un ancien verger. Un peu plus loin, dans cette prairie où retentissaient les cris d’alarme des faisans, se mêlaient l’herbe folle et les céréales des métairies d’autrefois. Au cœur du pays ancien, la nature recouvrait les trésors des hommes, d’un manteau protecteur de feuilles sauvages.
L’ancienne route avait presque entièrement disparu, ravinée par les pluies à l’arête des collines, ou envahie par les taillis, au creux des combes boisées. Parfois un ouvrage rappelait que les hommes avaient autrefois régné en maîtres dans ces régions – un pont majestueux, une tranchée bien nette, un puissant remblai, ou un relais de poste écroulé et envahi par les ronces.
Baranwë poussait sa reconnaissance, au nord de son domaine de guet, entre les ruines maudites de l’antique capitale et le lac sacré de son peuple. Tantôt il observait depuis le sommet des crêtes crayeuses, tantôt il sondait les passages au travers des anciennes haies d’argousiers et de sorbiers. Les siens étaient les maîtres secrets de ces combes et de ces collines. Ils savaient en interpréter les signes – la couleur plus tendre des bruyères à flanc de coteau, la brisure des pierres, les cicatrices du bois, les empreintes des êtres vivants, tous ces indices qui nourrissent la rumeur du pays sauvage pour l’œil, l’oreille et le cœur attentifs.
Le rôdeur atteignit les vestiges d’une borne royale, que seuls les siens savaient déchiffrer à présent. Au loin, au nord de la route, mussée dans le giron d’un val boisé, surgit une ruine - sans doute le campanile d’un vieux manoir pointant au-dessus d’un massif d’ormes de belle taille. Le cœur de Baranwë sauta dans sa poitrine, comme si son inconscient l’avertissait de quelque indice invisible. Il s’arrêta un instant, humant l’air tranquille tandis que des nuées d’hirondelles striaient le ciel en pépiant.
De temps en temps, le vol gracieux des oiseaux fléchissait en une soudaine embardée derrière les taillis, avant de remonter en flèche vive vers l’azur. Baranwë fronça les sourcils : une grande étendue d’eau libre se trouvait probablement juste derrière les arbres qui bordaient la vieille chaussée – les hirondelles venaient boire. Le piaillement trainant des oiseaux en vol l’attirait, sans qu’il sût vraiment pourquoi.
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Le rôdeur suivit avec circonspection une haie hérissée de coudriers et de prunelliers, sous laquelle nichaient des merles qui firent grand tapage à son passage. Des images de l’enfance remontèrent avec les senteurs d’humus – une orgie de noix à l’ombre d’une cabane de fortune, une dépouille de renard abattu au lance-pierre non loin d’un poulailler…
Au détour de la haie, il tomba sur un bief en ruine. Les débris d’une roue de bois pourrissaient dans le canal envasé, dont la berge de maçonnerie, rompue, déversait à présent son trop-plein d’eau vive vers un étang en contrebas. Baranwë avait eu raison : les hirondelles y dansaient leur joyeuse ronde aérienne. Le rôdeur tressaillit, comme de nouvelles réminiscences affleuraient aux marges de sa conscience – une baignade au soleil, la sensation visqueuse d’une tanche argentée, fraichement attrapée, que ses mains de bambin laissent échapper au-dessus de l’onde…
Un peu ébranlé par ces souvenirs intempestifs, qui venaient troubler sa concentration en pleine mission, le rôdeur suivit la berge sèche du bief, dépassant le moulin en ruine.
Pourquoi cette vallée lui paraissait-elle familière ? Sans formuler le doute qui le gagnait, Baranwë traversa un ancien jardin, ombre silencieuse se coulant entre les massifs de groseilliers gagnés par les ronces et d’arbustes mangés de broussins écarlates.
Le rôdeur cueillit au passage un coing doré, qui perdait sa peluche. Après l’avoir lustré sur sa manchette d’archer, il croqua à pleine dent dans la chair dure. L’âpre saveur le prit à la gorge. Il se revit goûtant le fruit de ses rapines enfantines, puis pourléchant ses doigts collants de confiture, devant une grande bassine de cuivre. « Alors, n’est-ce pas meilleur une fois cuit, galopin ? Il faut savoir attendre et laisser opérer la magie du chaudron… », lui lançait une grave et gracieuse vieille dame, son sourire bienveillant penché vers sa frimousse poisseuse.
Baranwë revint au temps présent. Comment ces bribes, si profondément enfouies qu’elles ne ressurgissaient jamais, pouvaient-elles affluer maintenant, si pleines des détails savoureux d’avant la Chute ? Le rôdeur gravit un talus couvert d’herbes aromatiques – pourquoi n’était-il pas surpris d’en trouver là, gagnées par le chiendent et le pissenlit ?
Au sommet il eut un choc : des chênes centenaires qui avaient bordé l’allée majestueuse, gisaient abattus, laissés à pourrir sur place – de la besogne d’orque, et récente, encore ! La colère le submergea, sans qu’il sût vraiment pourquoi. La vile engeance avait laissé son odieux piétinement autour d’une souche calcinée, mais le rôdeur n’examina pas les traces. Le guerrier banda rapidement son arc et encocha une flèche. Souple comme un lynx en chasse, il se glissa dans les fourrés de l’autre côté de l’allée.
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Son instinct guidait les pas de Baranwë. Les orques se terraient le jour, de préférence dans les caves ou les taillis les plus sombres. Une colère sourde, suspecte pour un rôdeur de son expérience, le poussait en avant, prêt à attaquer de front une compagnie entière de gobelins. Il longea le chemin – prudemment tout de même - se coulant d’arbre en arbre dans l’ombre de la forêt. Il approchait de l’ennemi, il le sentait. Devant lui frissonnaient dans la brise, de sombres frondaisons qui surplombaient l’allée. Lent et silencieux, le rôdeur contourna le massif, se plaçant sous le vent. À l’orée du taillis, il s’immobilisa et laissa ses yeux s’accoutumer à la pénombre.
Le rôdeur avait eu raison. Son odorat détectait un relent désagréable, à mi-chemin de l’étable et du putois. À quelques toises devant lui, une lueur glauque et malveillante clignotait sous l’ombre du feuillage, dans un marmottement indistinct.
Le désir de tuer guida sa flèche. La pointe de guerre perfora l’orbite de l’orque et la hampe traversa toute entière la boite crânienne. La masse de chair fétide s’effondra dans un gargouillement répugnant.
Une onde de satisfaction courut le long de l’échine du rôdeur – mais il resta sur ses gardes, armant à nouveau son arc à demi. Baranwë fouilla rapidement du regard le poste de guet : personne. Les autres devaient être à l’intérieur, terrés dans les caves.
Le rôdeur resta un long moment à l’orée du bois, à observer les abords du manoir. Un clocheton fissuré surplombait une cour, entourée de quelques corps de logis. Mais c’est la bâtisse principale qui retint son attention : ses murailles, de belle maçonnerie, s’arc-boutaient sur d’indestructibles soubassements, faits de grands blocs de pierre à présent calcinés. Le lierre avait recouvert le mur qui lui faisait face, mais Baranwë pouvait voir à travers les feuilles, quelques fenêtres, hautes et minces, qui ne laissaient filtrer aucune lumière. La structure interne du bâtiment avait donc probablement résisté au feu.
Tout était calme depuis plusieurs minutes. Pourtant le rôdeur sentait une présence, une conscience aux aguets. De temps à autres, il croyait entendre une sorte de plainte étouffée, un peu comme si le manoir, tenu captif par la soldatesque orque, en appelait à lui.
Évidemment, c’était ridicule… Mais Baranwë ne supportait pas cette présence ennemie au cœur de l’ancien royaume. Il finit par sortir du bois ; évitant le pont de poutres à demi écroulé, il s’avança aussi prudemment que possible à travers les buissons qui avaient envahi le fossé de défense du manoir.
Avec mille précautions, le rôdeur longea les formidables fondations, puis remonta le fossé le long des poutres du pont, effondrées et mangées par les champignons.
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À présent, le guerrier se tenait embusqué derrière un pilier, à l’entrée de la cour. La bretèche qui protégeait l’accès s’était effondrée, tout comme l’écurie que l’on devinait sur la gauche, encombrant la cour de pierres et de briques noircies. Baranwë s’avança, surveillant étroitement les ouvertures sombres qui béaient tout le long du logis, sur sa droite.
Rapidement, il inspecta le four, l’écurie et la forge, qui tous avaient été saccagés. Le rôdeur s’apprêtait à s’embusquer dans le corps de garde, lorsqu’il entendit un grognement à quelques pas derrière lui.
Vif et précis, laissant dominer les réflexes patiemment engrammés par l’entraînement, il arma sa flèche en se retournant.
Un orque trapu brandissait une masse d’arme en claudiquant. Heureusement pour Baranwë, la luminosité encore forte avait gêné le monstre. Le rôdeur eut le temps d’ajuster son tir, qui frappa l’orque en pleine poitrine, dans le cuir sale entre deux plaques d’acier.
La grande carcasse armée en guerre, projetée en arrière, s’écroula sur le pavé dans un fracas de ferraille, qui réveilla l’écho des murs ceinturant la cour. L’empennage tressauta quelques instants dans les derniers soubresauts de l’orque, atteint au cœur. La cour résonna longuement des tintements de sa panoplie métallique. Dans l’esprit confus du rôdeur, clamait l’écho d’un tumulte ancien, que renvoyait la belle façade de moellons blonds, indemne encore de la guerre et du feu.
Des éclats de voix angoissées fusaient dans la cour, entrecoupés du claquement nerveux des sabots sur le pavé. Des hommes aux traits tirés, leur attirail de guerre sur l’épaule, entassaient de maigres richesses dans des charrettes, des familles y embarquaient pour franchir à jamais le porche. Un gamin, le cœur serré, voyait son univers s’écrouler. Baranwë revivait l’invasion dans la déchirure de sa famille – le grand-père refusait farouchement de quitter ses terres, menacées par les hordes du Nord. Là s’était produite la Chute. Ici avait sombré l’enfance.
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Comme dans un rêve, Baranwë tituba jusqu’aux ruines de la bretèche. Puisqu’aucun ennemi n’avait réagi à tout ce vacarme, c’est qu’il n’en viendrait plus à présent ! Fiévreusement, il chercha la pierre faîtière du porche, dans les gravats près de l’entrée. Plus de doute possible : sur l’écu brisé, l’on distinguait encore la gracieuse pampre d’or sur champ de pourpre, son propre blason, celui de la famille Malgwîn.
Dans un songe éveillé, le rôdeur ramené en enfance parcourut les pièces, cueillant au hasard les bribes enfouies de l’âge d’or - ici le fumet des miches levant lentement dans le four, là le tintement joyeux du marteau sur la forge, plus loin la splendeur d’une volée de marches rehaussant de ses marbres la sobre majesté des portraits de famille. Comme elle était petite, cette cour pavée ! Comme elle lui avait paru grande et puissante, jadis ! Ce n’était pas du lierre, qui avait recouvert d’un voile pudique ses murs noircis par l’incendie, mais de la vigne vierge ! La vigne, fierté de ses ancêtres, cultivée sur le terrain crayeux de ces coteaux bénis…
L’épée abaissée, Baranwë laissa le lacis des souvenirs guider ses pas de somnambule autour du manoir. Il revit le grand-père, agenouillé dans la treille, à soigner les pieds centenaires. Le temps avait pris son tribut. Les plants étouffés de grains jaunes, les pampres folles, les pieds rabougris ou mangés de mildiou lui serraient le cœur, comme si l’espoir tout entier de son peuple exilé se fût trouvé là, trésor dissimulé dans le sein de sa vallée.
Alors le rôdeur se mit au travail. Il rengaina son épée et saisit son poignard. L’arme à nouveau pouvait bien se faire outil. Longuement il dégagea les pieds, patiemment il nettoya et remua le terreau, lentement il rattacha les guides et déploya les sarments, promesses des fruits de demain. La terre se souvenait des mains qui l’avaient travaillée, et l’aidaient encore à soutenir l’épreuve d’un long hiver, dans l’espoir d’une renaissance lointaine.
Enfin dans un grand feu salvateur, il brûla les pieds malades et les herbes tueuses. Dans l’odeur douce des sarments, longtemps il contempla le rougeoiement régénérateur.
Mais dans l’air limpide du soir, montaient les volutes blanches de la flambée, que l’on pouvait apercevoir de bien des lieues…
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Baranwë fut tiré de sa torpeur, par le craquement sec d’un sarment sous un pied ferré.
Trop tard.
Du coin de l’œil, il devina la course d’une sagaie dardée vers ses reins. Instantanément, il s’enroula autour de la trajectoire mortelle, aussi souple qu’un félin. Le trait lui érafla le flanc, déchirant le cuir de sa tunique sans pénétrer très profondément dans les chairs. Rétablissant son équilibre et pivotant dans le même mouvement, il ajusta sa prise sur sa dague et n’eut que le temps de saisir le faciès grimaçant d’un gobelin.
La créature brandissait déjà une deuxième sagaie. La dague du rôdeur jaillit par pur instinct de survie. L’instant d’après, le gobelin, étonné par ce goût métallique et sa difficulté à déglutir, tombait à genoux.
Le rôdeur se coucha vivement derrière une treille et pansa sommairement sa plaie. Il s’était laissé surprendre bêtement et s’en tirait à bon compte ! Si le projectile ennemi avait été une flèche…
Mais il avait probablement d’autres adversaires. Les gobelins sont des créatures couardes et grégaires, qui ne se risquent jamais seules en territoire hostile, même à l’approche du soir…
Baranwë prépara arc et flèches en méprisant sa douleur, et rampa hors du halo de lumière déclinante de son feu. À l’abri d’une souche, il s’embusqua.
Il n’eut pas longtemps à attendre. Bardée de fer et de cuir, une courte silhouette s’approchait du foyer, ses membres grelets et torts armés de lances barbées. Le gobelin se pencha sur son congénère agonisant, retirant la belle dague meurtrière avec un ricanement moqueur. Lorsqu’il se redressa, imprudent, pour glisser sa prise de guerre à sa ceinture, la flèche de Baranwë lui transperça la gorge. L’acier des rôdeurs se moque des mailles grossières des gobelins…
Mais le guerrier blessé avait révélé sa position, il devait en changer. Les rayons bas du soleil couchant baignaient les frondaisons de leurs couleurs chaudes. Baranwë n’avait que quelques minutes devant lui pour profiter de cette aubaine et anéantir ses assaillants… Après quoi, sous le couvert d’une nuit sans lune, il deviendrait une proie trop facile.
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Avec un juron pour exorciser sa douleur, mais de toute la vitesse de ses longues jambes, le rôdeur se rua face au soleil dans une course irrégulière. Deux tirs mal ajustés fusèrent. Deux seulement ! La victoire était peut-être à portée…
L’un des tirs passa si près que la flèche gobeline siffla à ses oreilles, pour se ficher dans le tronc d’un frêne avec un son mat. Baranwë saisit l’occasion au vol et, s’accrochant à une branche basse du même arbre, se précipita derrière son tronc rugueux. Le trait hideux et grossier, révélait la ligne de tir de l’ennemi. Le rôdeur arma lentement, appelant la bénédiction de la déesse chasseresse. Sa flèche vola, lourde de l’abnégation de tout son peuple, et trouva sa cible au travers des branches, à l’aveugle !
Non loin du corps qui râlait au sol, un glapissement de frayeur retentit dans l’air du soir, et Baranwë perçut une galopade dans le sous-bois. Plus qu’un !
Une peur panique s’était emparée du survivant. Le rôdeur devait en profiter, sans compter qu’il ne pouvait laisser le gobelin regagner sa tanière et rameuter des renforts.
Baranwë s’élança vers sa dernière victime. Il la découvrit qui se trainait sur le tapis de feuilles, tirant sur la flèche qui lui perçait l’aine. Le gobelin était paré de bimbeloterie hétéroclite, sans doute pillée dans les tombes et les castels de l’ancien Royaume. Un capitaine ! Le rôdeur porta le coup de grâce sans état d’âme.
Puis il se redressa, hors d’haleine. Sa blessure le faisait souffrir de plus en plus, mais elle devrait attendre. Il tendit l’oreille, essayant de calmer sa respiration, mais il n’entendait plus rien.
D’instinct le rôdeur se dirigea vers le nord à travers le bois – le repère des assaillants devait certainement se situer par là. Il tachait de retrouver le souffle et la piste du dernier gobelin, mais la tête commençait à lui tourner.
Soudain, en croisant une de ces figures curieuses que sculptent parfois les pluies dans la pierre crayeuse, Baranwë eut une illumination, du fond de ses souvenirs d’enfance : la barre rocheuse qui bordait le bois au nord ne comportait qu’une faille, un seul chemin. Avec un peu de chance, il pouvait l’atteindre avant le fugitif et lui interdire le passage. Comme jadis, il suivit au petit trot les empilements calcaires qu’il avait, tout gamin, repérés tant de fois.
Il parvint à la faille juste avant le gobelin qui, vif comme un serpent, tenta de le semer. Mais Baranwë mobilisa toutes ses forces malgré la douleur. Se sentant talonnée, la créature épouvantée se retourna pour lâcher sa dernière sagaie - ce fut sa perte. En un instant, le rôdeur fut sur elle et sans pitié, mit bientôt fin à ses couinements pathétiques.
Mais la victoire avait coûté cher au guerrier – sa blessure le brûlait atrocement, et comme il regagnait lentement le manoir, il commençait à suffoquer, en proie à des vertiges et des nausées.
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