chapitre quatre
Cela fait déjà quatre jours que nous sommes arrivé dans ce lieu paradisiaque et je n'en ai presque pas profité à cause de toute la fatigue que j'ai accumulée. Les autres ont même hésité à m'emmener voir un médecin mais j'ai refusé, ce genre de malaises m'arrivent souvent et je sais que la seule chose à faire est de me reposer quelques jours puis tout s'arrange, c'est comme ça depuis trois ans.
Alors aujourd'hui, même si je me sens encore un peu fatiguée, je décide de sortir de cette chambre dans laquelle je suis restée cloîtrer et vais profiter avec mes copains des lieux. J'enfile un maillot de bain blanc et fais trempette pendant des heures dans la mer chaude et transparente avant de retourner bronzer sur la sable blanc. Et, parce que je sais que je risque de m'endormir au soleil, je protège ma peau avant de laisser le sommeil me bercer sous le Soleil de Grèce qui tape et réchauffe ma peau encore ruisselante.
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Ici, les jours avancent et se ressemblent même si nous espérons tous que le temps s'arrête pour pouvoir rester un peu plus longtemps encore. Mais ce n'est pas possible et nous profitons de chaque jours comme du dernier, alternant entre nos temps de plage à nous baigner et bronzer, ceux à faire du sport dans un tel cadre, et les visites que nous voulions à tout rixpfaire – entendez par là les boîtes de nuit et les spas. Mais le départ est pour demain et le temps de refaire nos valises est arrivé bien trop vite. Alors à contre-cœur, nous plions chaque vêtement minutieusement et le rangeons à son emplacement le plus judicieux tant en veillant à garder le nécessaire pour ce soir et demain. Et comme c'est le dernier soir et que nous n'avons rien prévu pour le dîner, nous nous accordons pour dîner dans ce petit restaurant où nous avions commandé le premier soir. C'est avec ces repas que nous avons débuté les vacances et c'est avec eux que nous voulons les clore.
L'endroit est ravissant, toujours dans ce même esprit qui habite chaque bâtiment de cet île, l'intérieur est très moderne et lumineux, avec de grandes tables en plexiglas transparent et des chaises similaires ornées de détails dorés. De jolies cadres habillent les murs et des tapis le sol. Nous passons alors commande, expérimentant de nouveaux goûts et apprécions ce dernier soir tous réuni, collectant de nouveaux souvenirs dans nos mémoires qui seront bien trop vites remplies de connaissances diverses et variées, sur bien des thèmes.
Pour finir ces vacances en beauté, nous prenons des glaces à emporter que nous allons déguster sur la plage où beaucoup d'autres jeunes comme nous font la fête. Nous restons assis quelques instants à parler jusqu'à ce qu'un des garçons vienne vers nous.
- Hello guys ! Would you come to join us ? nous invite alors le garçon avec un anglais maladroit.
Tout le monde le regarde bizarrement, la plupart ne comprenant pas un mot de ce qu'il vient de nous dire alors j'éclate de rire et lui répond :
- Hi ! Yeah, sure. We would love.
Et nous le suivons tous jusqu'à son groupe d'amis où il s'empresse de dire, non, de crier :
- C'est bon Lucas ! J'ai ramené la bombe latine !
La bombe latine. Vraiment ? Nous éclatons tous de rire à l'entente de ce surnom qui nous replonge dans les années 2000 et tout de suite, le garçon se sent bête, nous posant une question dont il sait la réponse.
- Vous êtes français, vous aussi ?
- Ouais, au moins tu n'auras plus besoin de galérer en anglais ! lui répond Lola avec humour.
Et notre nouvelle rencontre rigole, visiblement gêné que nous ayons entendu mais surtout compris de quel surnom une de nous a été affublé.
- D'ailleurs, c'est laquelle la bombe latine ?
Et le garçon me désigne d'un geste de tête. Je ne répond rien et détourne le regard, c'est à mon tour d'être gênée.
Les garçons discutent entre eux alors que nous apprenons un peu à connaître les filles de l'autre groupe. Ils ont notre âge et vivent à Nice. Ils sont, comme nous, venu fêter la fin du lycée et le début d'un nouveau départ. Elles sont très sympa et j’apprends qu'une autre fille vient faire ses études à Bordeaux, comme moi. Nous échangeons alors nos numéros de téléphone et Tess en fait de même avec la fille qui part étudier à Rennes, comme elle.
La nuit est tombé depuis quelques heures déjà et je sens la fatigue me gagner, mes muscles s'engourdissent et bientôt, je sais que mes jambes peineront à soutenir mon maigre poids. Je n'ai jamais vraiment fait attention à mon poids, parce que depuis que celui-ci a commencé à changer, il n'a cessé de se montrer capricieux et je maigrissais beaucoup sans faire aucun effort. C'est d'ailleurs le cas de ces dernières semaines. J'avais mis ça sur le compte du stress et de la pression des examens mais je ne peux plus nier que je ne vais pas mieux depuis que c'est terminé et ça n'ira pas mieux avec les études supérieures. Alors avant que je ne m'écroule devant tout le monde, je m'assois dans le sable et rassemble assez de forces pour pouvoir faire le trajet retour jusqu'à la maison.
Une fois que je suis dans la rue sur la route du retour après avoir prévenu mes amis, une voix m'interpelle dans mon dos alors je me retourne. C'est Louis qui, visiblement, voulait fuir la fête sur la plage et ça ne m'étonne vraiment pas de lui. Alors je m'arrête et attends quelques secondes, le temps qu'il apparaisse à ma hauteur.
- Ça va toi ? je lui demande après quelques pas dans la rue sombre.
- Ça va. Tu sais, les histoires avec Lola quoi. Mais c'est comme ça, il marque un temps avant de reprendre. Vous allez faire comment Raphaël et toi ?
Avant de répondre, je prend un temps pour réfléchir.Après tout je ne sais pas non plus ce qui arrivera, comment les choses se passeront ni même si notre relation saura tenir la distance.
- Je ne sais pas en fait. Je ne crois pas pouvoir savoir à l'avance. Mais on va essayer, et on continuera de s'aimer jusqu'à ce qu'on ne s'aime plus. Il y aura des moments compliqués, des périodes où on voudra abandonner, et peut être que c'est ce qui se passera, mais on se retrouvera tant que l'amour perdure.
- Et si vous ne parvenez pas à vous retrouver avec toute cette distance ?
- Alors je garderai de lui les meilleurs moments. Je garderai en mémoire son grain de beauté au coin de l'œil droit, ses fossettes et sa barbe mal rasé. Je garderai l'amour et la haine, les rires et les pleurs, les joies et les peines. Je me rappellerai qu'il était une lumière aveuglante dans l'obscurité, l'attache au milieu du néant, une étoile en plein jour. Je garderai en mémoire tout ce qui a fait de lui la personne que j'ai autant aimé et je le laisserai partir, je le laisserai être heureux ailleurs. Il ferait la même chose pour moi.
Louis m'a regardé pendant toute la durée de mon discours qui m'a émue au larmes, parce que ce que j'ai dis ce soir, je le pense forcément mais je ne l'avais jamais imaginé de cette façon. Et je vois bien que son esprit tente d'associer ces mots à sa relation avec Lola.
- Tu sais, j'étais persuadé que Lola c'était mon premier amour. J'étais persuadé que je l'aimerai toujours. Mais en fait je crois qu'elle m'a piétiné le cœur et je n'arrive plus à l'aimer autant. Quand je vous vois ensemble avec Raphaël, tout parait tellement évident entre vous. Vous avez cette façon de vous voir sans avoir besoin de vous observer, vous avez cette manière de vous comprendre sans avoir à prononcer un mot. Vous vous aimez tant, ça se voit tellement.
- Toi aussi avec Lola. Ça se voit que c'est de l'amour et qu'il est réel, Louis, mais tu ne veux pas l'accepter parce que tu as trop peur de la perdre l'an prochain, t'as peur de ne pas savoir être assez fort pour affronter ça. Mais te mentir à toi-même de cette façon, ça ne t'aide pas. Vous perdez un temps précieux, tous les deux, à vous lamenter et répéter inlassablement que c'est voué à l'échec.
Une nouvelle fois, Louis boit mes paroles et nous arrivons presque à la maison quand je sens mon corps puiser douloureusement pour rester droite, alors pour ne pas m'écraser au sol, je saute sur le dos de Louis qui me rattrape et je noue mes jambes autour de son corps. Dans la maison, il me porte jusque dans le lit et m'apporte de quoi me démaquiller.
- Je ne sais pas ce qui t'arrive Manon, mais tu vas devoir t'en occuper et trouver, vite. Tu ne vas pas pouvoir continuer comme ça longtemps.
J'acquiesce en silence, il a raison et je le sais parfaitement, me raisonnant à aller voir mon médecin dès mon retour.
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