Ibam Libyam
L'océan agité agite chez Neptune
Une ire irresistible "Avez-vous des raisons,
Plus petits qu'un chardon avant sa floraison,
De vous enorgueillir ?" hurle-t-il et la Lune
Illuminant ses yeux d'un éclat formidable,
Creuse sur son visage une lueur bleutée
Qui fait frémir les vents devant lui ameutés
Et répend une aura terrible sur le sable.
Le dieu d'un petit cri ramène le Soleil,
Calme les flots gonflés et fait taire la houle.
Ainsi qu'au beau milieu d'une bruyante foule,
Un fier héros, parfois, par ses mots sans pareil,
Maîtrise les esprits et apaise les coeurs,
Abaisse les regards et étouffe les voix,
Ainsi, sans grand effort, le fier Neptune envoie
Le Zéphyr et l'Eurus se terrer dans la peur.
Comparer la tempêche aux choses politiques
Me semble bien douteux. Et j'ai eu tort peut-être,
Par la comparaison, de reprendre le maître,
En traduisant sa froide et peureuse heuristique...
Ceux qui, sans un radeau, étaient restés en rade,
Et ne luttaient qu'à peine, en tout point dépités,
(Et qui, par ailleurs, de la personnalité
Font le culte au point d'être appelés Enéades),
Atteignirent au prix de leur ultime effort,
Une île bienheureuse aux larges flancs rocheux
Bloquant les réfugiés et les flots orageux,
Equipée d'une grotte, et d'un arbre et d'un port.
La grotte est écrin de nymphes bien pourvu,
(Ca sert à l'occasion, à pourvoir en chair fraîche
Le héros fier et pieux, qui en la saison sèche,
Cherche un objet aimable et plaisant à la vue).
L'arbre est moins attrayant. Il n'a guère à offrir
Que quelques branches nues. Mais l'ingénieux Achate
En fait un grand brasier, puis cuisine à la hâte
De menues provisions qu'il entreprend de frire.
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