La loi du dormeur
Pastor hurla. Pastor se réveilla en sursaut. Le docteur Almut se réveilla en sursaut de son travail, café renversé. Le décor azimut de l'hôpital Flibuste s'estompa. Il accourut à la chambre, en voyant les connexions transitoires et respiratoires de Pastor se réveiller. Il n'avait pas vraiment été agressé ce mec...
Il avait fait l'enfant, mais la première chose qu'observa Almut en balayant du regard toute la chambre, c'est que l'intelligence l'avait ouvert à la folie : il avait sauté du premier étage au boulevard de Grenelle, ce qui aurait éveillé les soupçons du métro en face. C'a puait l'urine et la sueur dans sa chambre, était-ce normal ?
Globalement, ormis les soupçons de quelques passagers, Almut en conclut qu'il n'avait même pas attiré les gens vers lui : il les avait repoussé...Mais pour combien de temps ?
Agitant sa tignasse dans la pénombre du petit matin, Pastor hurla. Il courait toujours entre les rues depuis le Quinzième, hurlant que ce n'était pas juste ! Bouguier était mort. Bouguier allait mourir, et il avait tué une vieille sans aucune permission. Il se calma en arriva devant le Pont devant lequel Titi jetait toujours sa clope. Et il le bouscula sans pitié, il le laissa se dégringoler sur le trottoir, devant ses yeux ébahis :
- Hé ho, toi, le petit rigolo à moitié nu, excuse-toi au moins, et arrête de gueuler comme un putois à neuf heures du mat ! s'écria Titi, furibond.
Pastor se retourna et se laissa approcher lui-aussi par la fureur. Il montra sa carte, et fit presque tomber Titi une nouvelle fois en s'approchant de lui et en le prenant par le col. On le sous-estimait ?
- Police Nationale. Veuillez garder vos échelons Monsieur et ne plus agresser un flic en service.
Titi ne garda pas sa langue.
- Et vous vous permettez de me pousser, vous, le poulet ?
(Ta gueule, Titi, Ta...)
Pastor gagnait toujours.
- Pardon Monsieur ?
Titi s'offrait toujours les boniments.
- Je me fous de vos boniments, je ne veux juste que vos excuses et après je m'en vais...
- Désolé, c'a vous va ?
- Sincères, ironisa Titi.
- Vous voulez un P.V qu'on s'excuse ensemble, m'sieur ?
Titi se laissa porter entre deux vagues par la bonté du vent, il déploya son poing de sa poche et l'arracha tout près de la joue de Pastor pour reprendre deux clopes. Il en glissa une dans la poche du flic qui la repêcha direct :
- Pas pendant le service.
- Ah ! bon ? Parce que c'a vous raffraichirait le cerveau, mon vieux, vous êtes pété comme un âne !
Raffistoler un policier ? Titi, n'as-tu pas meilleur que c'a ? Et pourquoi l'administration ne t'offre toujours pas ton annale du mois ?
(Parce que je ne me laisse pas faire)
Parce que tu ne te laisses pas faire, parce que tu ne sais pas faire. Parce que tu contribues à faire tourner ton petit monde en plus de celui flingué de tes demi-enfants. Tu es flingué toi-même, mon petit, tu vas malaxer toi même les doigts de ma main avec une certaine contrariété.
- Pardon ?
Les pardon de Pastor étaient toujours excusables.
Les Merdes de Titi étaient toujours dissuasives, autant qu'excessives.
- Merde, vous me lâchez ou j'vous fous deux collerettes au cou ?
Et un P.V. Et puis quoi encore, ta petite fléchit les jambes et elle s'élance avant de te cracher tout à la figure.
- Mais pourquoi ? Pourquoi ? Seulement pourquoi es-tu toujours dans le pétrin, songea-t-il.
Parce que tu ne te laisses pas faire.
- Ecoutez, si vous voulez parler P.V, venez chez moi, on buvra un café et on parlera un peu...
- Un café ? Chez vous ? C'est adorable, volontiers.
Et un taxi qui t'emportes à travers Paris et le Quatorzième. Merde.
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