Annonce du retour

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     Les jours passent mais je suis d'une humeur maussade, voire massacrante. Je me questionne sans cesse pour savoir ce qui est arrivé à Georges. Pourtant une partie de moi est soulagée, si il est quelque part à souffrir dans un hôspital il n'est pas en train de mourir quelque part dans les tranchées. J'ai envie de lui écrire une lettre mais je ne sais même pas où l'envoyer...

Vaches, cochons, volailles, lapins, j'execute chacune de mes tâches quotidienne. Je n'ai pas envie de rentrer affronter maman, sa douleur, sa culpabilitée, et que sais-je encore. J'essaie de ne pas penser, mais ne pas penser à Georges est tout bonnement impossible.

-Madeleine?

Cette voix me réchauffe le coeur bien malgré moi.

-Oui Commandant?

Son regard est plein de compassion, cela me mets mal à l'aise. Je ne sens faible et misérable.

- Votre frère, Georges, devrait rentrer d'ici peu de temps, il a été jugé inapte à continuer la guerre.

Ma poitrine se gonffle d'espoir, je vais revoir Georges et nous ne serons plus jamais séparés.

-Madeleine...

Devant son front plissé et soucieux, ma joie est douchée d'un coup.

- Si votre frère a été jugé inapte à la guerre c'est qu'il a été grievement bléssé...et que peut être il ne sera plus comme vous l'avez connu.

-Je ne comprends pas...

- Georges à surement de graves séquelles physique, et sûrement autant de séquelles mentales. La guerre est une abomination, et ceux qui l'on vécue dans les tranchés, comme votre frère, sont à jamais changés.

Je tremble et la crainte m'étouffe. Et si le frère que j'ai tant aimé n'existait déjà plus? Si il avait changé? Si il était à jamais marqué au fer rouge par la guerre, laissant une trainée à vif dans son esprit?

    -Maman, je me suis posée la question, où va dormir Georges maintenant que le Commandant occupe sa chambre?

Nous sommes dans la cuisine en train de découper les carottes pour ce soir. Nous parlons de tout et de rien, mais j'ai besoin d'aborder ce sujet.

- Je ne sais pas encore Madeleine.

-Je pourrais lui laisser ma chambre, et dormir dans la grange.

-Peut être...

Je sens que maman n'est pas là, elle semble très loin et abscente. Ses yeux sont cernés de noir et son visage s'est creusé ces derniers jours. J'ai mal au coeur pour elle. Elle vient de perdre l'homme avec lequel elle avit décidé de construire sa vie. Quel choc pour elle.

    - Le dîner va être servi Colonel, je vous invite à passer à table.

J'ai fais beacoup de d'efforts et de progrès pour me montrer poli avec ce rustre de Colonel Ulrich. Nous arrivons à cohabiter de façon moins agressive qu'au début de leur occupation.

-J'ai appris que votre fils revenait sous peu?

-Oui en effet Colonel, Georges a été grievement bléssé.

Enfournant un gros morceau de viande ruisselant dans sa bouche huileuse il ajoute:

- Vous devriez lui dire de se débrouiler au lieu de revenir ici. Il ne serait qu'une charge supplementaire pour vous. Vous avez déjà une fille à charge.

Je vois Ludwig le regarder avec un air horrifié. Le Colonel ne semble pas le moins du monde s'en rendre compte et continu à s'acharner à remplir son estomac.

Quand à moi, ma bouche devient sèche, et ma fourchette reste suspendu entre ma bouche et mon assiette. C'est plus fort que moi je suis envahie par la colère. Pourtant je lui parle avec calme:

- Peut être nous considerez-vous comme des barbares, mais nous, nous n'abandonnons pas nos enfants lorsqu'ils ont besoin de nous. Est-ce votre cas Colonel? Considerez vous vos filles comme une charge et reniez vous vos garçons parce qu'ils sont devenus infirmes? Parce que si c'est le cas je penses que vous êtes bien plus barbare que vous ne le pensez.

Je vois le Colonel devenir rouge de fureur et s'étouffer avec une carotte. Il se met à tousser dans sa serviette si bien que le Commandant est obligé de lui taper dans le dos.

Je profite de ce moment pour annoncer que je monte dans ma chambre.

Quand à ma mère elle me regarde avec un air déséspéré. Je lui en veux de ne pas avoir pris notre défense, est-ce que c'est ce qu'elle pense elle aussi? Que nous sommes un poids pour elle? Je crois que je préfère ne pas le savoir.

Je dessine des affiches de propagandes jusque tard le soir. En réalité j'attends de la visite, je sais que Ludwig viendra me voir. Il vient frapper à ma porte aux alentour de onze heures.

-Madeleine...

- Ce n'est pas la peine de me faire des remontrances, je sais très bien ce que vous allez me dire!

- C'est aussi mon rôle de vous faire des remontrances... Le Colonel est furieux contre vous. Vous n'arrangez pas les choses. En fait je crois que vous êtes tout bonnement incapable de vous taire.

- Exactement! Alors pourquoi ne pas l'accepter? Et pourquoi devrais je me taire, vous avez entendu comme moi ce qu'il à osé dire!

- Pour notre bien à tous, s'il vous plaît Madeleine, apprenez à vous taire.

Il semble fort contrarié.

-Bonne nuit.

Il tourne les talons et quitte le pas de ma porte.

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