VII
Mon très cher lecteur adoré, notre princesse gagne sa place de reine et son Prince violeur en est amoureux ! La roue tourne pour nos deux protagonistes et leur mariage approche à grands pas, puisses-tu aimer quelqu’un sans retour, la souffrance tu la paieras joli prince lunaire. Mais pour le moment une princesse de feu a faim : que la chasse commence !
Je quittais le château au crépuscule naissant, laissant derrière moi des semblables endormis. La faim me guidait sans trop de peine aux portes convoitées des humains, un bar au coin d’une rue animée, un bordel ostentatoirement placé à l’abri du regard des enfants, une rue piétonne presque déserte. Mon choix se dirigea vers la maison close, un lieu de courtoisie parfait. Cette soirée-ci, j’eus envie de m’amuser. Entrant dans le bordel, la tenancière m’accosta, demandant le motif de ma venue dans un ton désenchanté flagrant, mais ses yeux miroitèrent à la vue de ma beauté. L’on causa quelques minutes. L’intérieur de la maison close m’éveilla, des murs rouges et noirs, un petit salon enfumé, de la musique cuivrée. Des filles plaisantes aux seins nus discutaient avec un groupe de mâles aux fronts rougis. Les hommes fumaient et jouaient aux cartes autour d’un verre. Les hôtesses paradaient, riaient et eux buvaient et mataient de tout leur saoul, coupables. Je regardais aussi ce fabuleux spectacle.
Mon vêtement était des plus simples pour ce soir : une robe en coton noire sans artifice, laissant imaginer une condition modeste. Une merveilleuse idée grandissait dans mon esprit. La tenancière m’invita dans l’arrière-boutique et m’intima qu’elle serait ravie de me faire travailler ici, que j’étais « un produit de qualité rare», échec et mat, exactement ce que je voulais. J’acceptai son offre.
Colly était mon nom de prestation. Ma première mission en tant que fraîche recrue était d’habiller l’une des filles, Lizzy, qui allait bientôt enchanter le petit salon enfumé avec son déhanché provocant. Nous étions seules, Lizzy parlait et se plaignait de la couleur bleue du corsage que je lui passais et de sa vie au sein du bordel. Je l’étreignis doucement en passant un ruban autour de sa superbe taille et déposai un baiser furtif sur son cou délicat. Cette fille, je la voulais pour première femme de la nuit, mon jeu débutait enfin.
Me reculant pour pouvoir admirer sa réaction, je la regardais avec amour. La surprise se lisait dans son regard, mais elle se changea rapidement en satisfaction, tandis qu’elle me souriait avec malice, « Tu sais que les relations entres les filles sont interdites, annonça-t-elle en marquant une pause pour jubiler du refus qu’elle venait de lancer, mais si tu es rapide, ta jolie petite gueule j’en ferais mon quatre heures ! » elle riait avec une expression de défi. Je lui rendis son malicieux sourire. Cette femme arrogante m’attirait tellement !
Ma main instinctivement, glissa lentement, au creux de ses cuisses nues. Son sourire s’élargit. Mes doigts caressants s’invitaient dans l’humide chaleur de son anatomie. Je voulais la couvrir de tendresse, lui baiser la joue douce comme du velours, passer ma main dans ses cheveux défaits, jouir avec elle et pour elle. Je me laissais enivrer par l’alchimie et le désir que nous éprouvions. Son eau si pure, je voulais la boire. Je quittai ses lèvres rosées pour descendre le long de son abdomen, je goûtai à son désir avec ma bouche humide.
Nous jouissions ensemble en une symphonie de plaisir coupable, il était temps. Son sang qui battait furieusement dans ses veines me torturait de passion ! Nos seins et nos corps collés vibraient à l’unisson. Elle s’abandonnait à l’extase de mon étreinte. Je vais la boire jusqu’au bout. Remontant, je passais ma langue humide dans sa gorge ronde et je mordis dedans. Son sang et son eau s’unissaient dans mon palais, me rendaient esclave d’elle, je l’aimais.
Quand j’eus terminé, elle était morte, dans un dernier orgasme. Je la parai alors d’une jolie robe. Elle était une poupée endormie au milieu du vice, jolie poupée cassée enfin libérée de sa cage rouge et noire.
Laissant derrière moi ce joli cadavre, je rejoignis « la chambre » où s’entremêlaient les filles qui allaient reprendre du service sous peu. J’avais troqué ma robe noire pour un ensemble licencieux de la même teinte, associé avec une farandole de plumes – je ne vais pas te faire un dessin mon cher lecteur, je te laisse à ton imagination fallacieuse – le troupeau magnifique de jeunes femmes peu vêtues se pressait de railleries et de malices. Personne ne chercha auprès de ma tendre Lizzy.
Ouvrant les portes battantes du salon enfumé, les plumes me caressèrent le visage. Je lançai mon sourire le plus aguicheur aux clients du bordel qui clamèrent mes jolis tétons roses.
L’humaine que je jouais cette nuit-là plaisait fortement à la gente masculine apte à payer mes soins, tandis que certains regardaient le fond de leur verre avec déception. C’est avec un homme d’une trentaine d’années que je montai : mon premier client, mon deuxième repas. Je le fis mien quand il me pénétra et nous dansâmes sous la mélodie décadente de nos ébats. Je pris sa vie sans en laisser de tâche rouge, comparé à cette andouille qui avait juté sur les draps !
Je revêtis ma robe noire en coton, laissant derrière moi Colly et une maison close funèbre, pour rentrer au château avant que le soleil ne me surprenne à prendre la vie de ses vicieux enfants.
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