II
« Alors je vais devoir épouser une petite fille. »
Un superbe étalon comme Glenn, épouser Cordelia l’enfant inutile à cette histoire ? Grand dieu comme cela lui déplaisait. Cela dit, ce n’en était pas moins une sublime punition. Allait-il supporter l’alliance avec la jeune ennemie bientôt dans son lit ?
Son rang, son physique et son charisme lui conférait un rôle des plus exquis : le parti le plus prisé du monde des vampires. Glenn était grand et bien fait de sa personne – surtout en bas –, un élément important lors des précédents combats. Ses longs cheveux couleurs d’argent qu’il aimait nouer d’un ruban noir à la nuque, ses yeux buvaient l’obscurité sans une once de remord pour son âme damnée. Son visage blême n’aidait pas le cliché du vampire trop ténébreux, il est de mon devoir de redorer son déshonneur !
Un peu de sérieux.
Ce mariage arrangé ne l’arrangeait pas, mais il ne pouvait décemment laisser la guerre renaître, ni même contredire un ordre de son père. La piété, merveilleuse chose que voilà, écoutez bien cela les enfants. Glenn se devait de tenir son rôle de sacrifice et épouser la fille de la famille rivale, et encore, lui laissait-on le choix ? Bien sûr que non. Alors passons maintenant à Cordelia.
Cette mignonne princesse aux cheveux roux sombres, pas très beaux, ne s’était pas coiffée après la nouvelle de son futur mariage. Une missive lui était parvenue au saut du lit – quel réveil fort agréable n’est-ce pas ? – l’assemblée des Anciens l’invitait à venir signer le pacte et officialiser le tout. Cordelia connaissait son ennemi, Glenn si imposant, elle était effrayée à l’idée de devoir donner un héritier de cet homme, il allait la souiller et la détruire et ce jeu ne lui plaisait pas du tout.
***
Les Anciens régissaient le monde impétueux des vampires, un travail noble si, toutefois, ils n’aimaient pas les complots morbides, bien qu’ils restaient la neutralité impartiale au milieu du carnage précédent. Ce groupe tirait les ficelles de ce mariage pour la paix.
Le monde des vampires était en jeu, si les deux promis se refusaient l’un à l’autre, cela signerait la fin – du bouquin aussi –, sacrifiez-vous pour les ténèbres, beau prince et jolie petite princesse et cessez de vous plaindre, ce n’est que le début.
Les jours qui suivirent amenèrent Glenn vers d’obscures pensées. Se marier à une enfant même pour un vampire c’est une épreuve, surtout lorsque la croissance de la dite vampire est ralentie et que sa longévité est caduc.
Mais avec le sang, elle finirait par devenir femme avec le temps, si elle consommait ce liquide abominablement délicieux. Même si une décennie les séparait, cela ne causerait aucun désagrément, le sang était la solution parfaite. Qu’elle boive à n’en plus pouvoir ! Glenn la forcerait s’il le faut. C’était une reine vampire dont il avait besoin pour l’avenir. Il haïssait diablement cette petite niaise. Quel sentiment si majestueux et profond pour un être des ténèbres. Ne penses-tu pas ?
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