III

5 minutes de lecture

Cordelia reçu un courrier de Glenn. Les choses allaient enfin s’envenimer.

Le Prince l’invitait à s’entretenir en tête-à-tête, autour d’un verre. Elle avait rendez-vous le jour-même, quand sonneraient les dix heures et que la nuit se sera bien installée sur la ville.

Durant les deux heures de « latence », Cordelia se fit belle. Elle changea de robe, passant du bleu pastel à un rose framboise en mousseline car le temps le lui permettait. Cette robe printanière était dotée de manches vaporeuses et élégantes, accompagnées de longs gants noirs. Un laçage étranglait sa taille, laissant s’épanouir des jupons surmontés de dentelle rose pâle et de perles. Un ruban noir ceinturait la robe, le tout arrivant en-dessous du genou, sans toucher le sol comme les robes plus généralement portées par les femmes mûres. Sa tenue était finalisée par de jolies chaussures surmontées de talonnettes. Il fallait se montrer au mieux face à l’ennemi.

Elle se plaça devant son grand miroir, brossa ses cheveux auburn coupés au carré et les ajusta d’un nœud papillon noir. Ses yeux verts croisèrent son reflet. Cela faisait déjà deux ans que son corps n’avait pas changé. Elle ferma les yeux et se détourna de son reflet. Elle était prête pour son rendez-vous, vêtue telle une rose florissant dans la nuit.

Le prince se trouvait déjà au Midnight Severin depuis quelques minutes, son plan bien en tête.

C’est avec fracas que la porte d’entrée, soudainement, alla claquer dans le nez d’un client, provoquant l’hilarité générale. Mais Glenn s’attendait à voir la jeune fille maladroite faire une entrée remarquée de tous. Non. Ce n’était qu’un vieil ivrogne lorgnant le décolleté de sa compagne de soirée, pourvu d’un nez rouge et d’une voix grasse dont un rire importun prit d’assaut toute la pièce. Il fut rapidement calmé par la femme à la gorge bombée et les bruits de verre et de conversations reprirent de plus belle. Mais qu’est-ce qu’elle fabriquait, cette petite princesse?

D’autres clients firent irruption dans la taverne après ce court et déplaisant spectacle quand vint enfin le tour de Cordelia. Elle ne mit pas longtemps avant de rejoindre Glenn à sa table, le reconnaissant à son air lassé, qu’il arborait déjà le jour de leur rencontre.

L’alcool coulait du côté du prince, et leur conversation, qui avait commencé sur un ton bon enfant, basculait au fur et à mesure de la soirée. Glenn su se montrer blessant envers la jeune fille. Sa langue était affûtée tel un poignard à double tranchant - me rappelant justement quelqu’un, pour ne citer que moi, bon narrateur -. La princesse défaite, se leva brusquement.

« Bien Glenn, les larmes lui montaient aux yeux, si je suis tellement affreuse, inutile et faible alors il ne me reste plus qu’à te dire adieu et à te souhaiter une bonne guerre ! »

Elle quitta le Midnight Severin sans se retourner, ses jupons virevoltant derrière elle.

Comme une magnifique fleure printanière venant d’éclore pensa Glenn, elle allait perdre ses pétales.

Il quitta la taverne bruyante dans la ferme intention de la rattraper. S’engouffrant dans une ruelle obscure, guidé par le bruit des petits pas lointains de Cordelia.

Il parvint à elle dans une petite allée sombre, à l’abri de tout regard importun. Glenn saisit Cordelia, dont le petit corps ne pouvait se détacher de l’emprise d’un homme. Elle ne comprenait pas ce qui était en train de se passer. Pourquoi ne la libérait-il pas ?

Quelques larmes chaudes roulèrent sur la main de Glenn, qui recouvrait sa bouche pour l’empêcher de crier. Le Prince avait tout prévu : cet ivrogne qu’il avait aperçu un peu plus tôt dans la taverne allait lui servir. Avant de quitter les lieux, il avait pris la peine de le convier à le rejoindre, prétextant que son commerce licencieux se trouvait un peu plus loin et qu’il lui ferait un bon prix. L’homme qui l’avait pris au mot, le suivit sans plus de question – consommez de l’alcool avec modération, et ne suivez pas des inconnus qui vous propose des choses bizarres –. Glenn n’attendait plus que son bon ami de la taverne, tout en continuant de maintenir Cordelia sans trop de force.

Son invité fit son apparition et s'égaya en apercevant Glenn qui coinçait la fille entre ses bras, ayant la ferme conviction qu’elle était ce pourquoi Glenn l’avait invité à le suivre, il serait en charmante compagnie ce soir.

Le Prince lui fit un sourire amical, tout en levant la main, pour lui faire signe. Au lieu de cela, elle agrippa la tête de l’ivrogne et la lui fracassa sur le pavé. Sa pauvre victime se mit à convulser sur le sol tandis qu’une mare de sang se répandait peu à peu de son crâne. La Princesse profondément choquée par ce brusque spectacle, n’eue pas le temps de contrer Glenn qui l’abattit contre la flaque de sang.

Se débattant, pleurant, elle concentrait toutes ses forces pour bien sceller ses lèvres. Glenn releva violemment son visage sali :

« Tu as perdu. » annonça-t-il avec un sourire dément.

Tenant Cordelia par les cheveux d’une main. Glenn se saisit du corps agonisant et planta ses crocs dans sa chair mourante, lui pompant le sang comme un beau diable rendu fou par la rage. S’arrêtant d’un coup, il se retourna vers Cordelia et la dévisagea avec intérêt, comme s’il la voyait pour la première fois. Il sourit.

C’est alors qu’il plaqua ses lèvres sur les siennes dans un violent baiser piégé. Il avait gardé le sang dans sa bouche, forçant la gorge de la Princesse à avaler ce liquide vermeil, l’embrassant profondément pour qu’elle en ingère le plus possible. Leurs langues s’entremêlaient dans un flot rouge, valsant en une danse macabre et douloureuse.

Il avait réussi.

La princesse avait bu du sang.

Elle se débattait. La main de Glenn l’empêchait de crier. La ruelle était très étroite et plongée dans les ténèbres. Il maintenait la jeune fille contre le mur de pierres froides et humides. Il avait plaqué sa main contre sa bouche. Elle tentait vainement de le mordre, ne comprenant pas ce qu’il se passait. Il ôta sa chemise sale et trempée avec les dents et sa main restante, il réussit à la retirer en la déchirant quelque peu. Dans un mouvement furtif et maîtrisé, il se libéra de la bouche de Cordelia. C’est alors qu’il entama un nouveau baiser, pour bloquer la tête de Cordelia contre le mur et pouvoir enfin libérer ses deux mains.

Il s’extirpa soudain, la bouche ensanglantée. Elle lui avait entaillé la lèvre inférieure. Agacé, il fourra sa chemise dans la mâchoire de Cordelia, pleurante et apeurée, dont le souffle était haletant. Son cœur battait la chamade tandis que de la transpiration ruisselait sur le torse dénudé de Glenn. Les gémissements de Cordelia ne faiblissaient pas, il la tenait fermement, tête baissée. Il hésitait.

Il releva ses jupons avec hargne tandis qu’elle agitait ses jambes comme un diable. Avec force il mit en lambeaux le haut de sa robe légère comme s’il s’agissait d’une vulgaire feuille de papier. Posant sa cuisse sur l’entre-jambe découverte de la petite princesse terrifiée, il déchirait alors avec rage le reste de la robe. Se reculant, il plaqua Cordelia contre le pavé d’une main et arracha ses bas de l’autre. C’est dans les pleurs et les râles que la jolie rose perdit ses pétales. Le prince écarta ses jambes qui ne résistèrent pas, car la Princesse était à bout de force. Il entra en elle avec haine et violence. Le sang coulait sur le pavé froid et humide telles des larmes versées par une petite fille malmenée.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 7 versions.

Vous aimez lire Veronica Tmski ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0