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À Mâcon, sur l’Esplanade Lamartine, avec son panier à la main, Roland, déambulait entre les étals du marché. Après avoir épié longuement une vendeuse virevoltante, il s’approcha d’elle, puis en la regardant droit dans les yeux, il entonna :
— Bonjour Rozenn ! Tu as bien vendu ce matin ?
La femme lui décocha un sourire radieux, avant de répondre :
— Salut Papa !
Et d’une voix mélodieuse, elle enchaîna :
— Oh oui ! Les fromages, les pots de miel et les rillettes de carpe sont bien partis. Il reste pas mal de saucissons, mais je suis confiante, j’ai encore deux heures.
Roland était fier de sa fille, et heureux, il déclara :
— Tu es comme ta mère. Allez, je vais te prendre, trois fromages de chèvres bien sec, et deux frais.
Rozenn glissa une mèche de cheveux derrière son oreille, et elle demanda :
— Au fait Pa, tu as lu le journal de ce matin ?
— Non ! Pourquoi ?
— Hé ben, figure-toi qu’en fin d’après midi, le jour de ta randonnée à Solutré, des grimpeurs ont trouvé un corps, au pied de la Roche. Un type complètement nu ! Suicide ou meurtre, c’est encore trop tôt pour le savoir… Pendant ta balade, tu as peut être vu quelque chose d’inhabituel ?
Le vieil homme se massa le front plusieurs secondes avant de grommeler :
— Non, je n’ai rien vu de spécial.
En quelques mouvements Rozenn prépara la commande de son père, puis elle annonça :
— Ça te fera quatre euros et quarante centimes.
Quand Roland trifouilla dans son porte-monnaie, sa fille remarqua qu’il avait une main salement éraflée, et inquiète elle l’interrogea :
— Pa, tu t’es blessé comment ?
— Oh, ça ! J’ai trébuché. Ne t’en fais pas, j’ai vu pire.
— Montre-moi ta main ! insista Rozenn
Irrité, Roland posa la somme exacte sur la vitrine réfrigérée, et chargé de son panier, il se dirigea vers un autre stand.
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