Shanghai

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Selon Marc, Shanghai ne représente pas la Chine, et je suis assez d’accord avec son point de vue. Immense mégalopole hétéroclite, berceau des affaires du pays, capitale économique et port important, la « ville sur la mer » (上 signifie « être sur » et 海, « la mer ») est tout sauf chinoise, bien que témoin de conflits historiques qui ont touchés le pays. Les concessions françaises, entre autres, visibles dans certains quartiers, conservent les vestiges des guerres d’opium dévastatrices du dix-neuvième siècle.

Toutefois, malgré son caractère international et ses gratte-ciels de milliardaires, dont la fameuse bouteille (632m) et son décapsuleur (494m), on ne peut retirer à Shanghai son statut de puissance chinoise aux yeux du monde. C’est à travers elle que jouent les grands comptes du pays dans la piscine de la mondialisation. Tous les nouveaux riches chinois passent par la bourse de Shanghai afin d’asseoir leur fortune.

À l’écart du CBD (Central Business District, quartier des affaires) de la mégalopole, James nous emmena récolter les étoiles du cirque. Le Shanghai Circus World est différent de nos créations occidentales. Pas de clown, pas d’éléphant, de tigre ni de furet, mais des acrobates de haute voltige. Les scènes s’enchainaient, grandioses, dans diverses ambiances pour nous bercer de rêves. Le temps défilait et le spectacle termina sans que nous en soyons rassasiés. Un vrai régal.

Le lendemain attaqua fort avec la visite d’un atelier de soie, matière née à Shanghai. Un musée nous expliqua d’abord la conception, du ver au tissu, puis d’aimables travailleuses montrèrent le rembourrage d’une couette, qui nécessitait des centaines de couches. Là encore, personne ne résista à l’achat de literie, sortie d’usine. La soie préserve les draps à température idéale (entre vingt et vingt-cinq degrés), ce qui évite la surconsommation de chauffage ou de climatisation.

Un autre temple bouddhiste suivit l’atelier. Les édifices, tout comme les églises, les mosquées et les synagogues, ont chacun leur particularité. Contrairement aux palais qui, tout comme les châteaux forts, recopient les modèles similaires, les temples se construisent en harmonie avec la nature autour d’elle.

Les bâtiments dorés accueillaient un bouddha d’ivoire, unique et dont les photos étaient interdites, à couper le souffle. L’or blanc prenait vie à travers un travail de détail inestimable.

À l’opposé des Jésus, dont l’apparence est identique dans toutes les croyances, Bouddha n’est pas unique et se construit selon chaque fidèle. En Inde, dont il est originaire, les représentations le façonnent plus fin, les cheveux dressés, l’air sérieux. Tandis qu’en Chine se dessine un Bouddha bedonnant, les lobes d’oreilles lourds, le crâne lisse. Ces cohabitations au sein d’un même temple témoignent d’une certaine tolérance et d’un partage communautaire des croyances.

Après le déjeuner, nous découvrîmes le quartier chinois de Shanghai. Atypique vu le pays dans lequel nous étions, mais logique lorsqu’on comprend la portée cosmopolite de la cité. Il s’agissait d’un quartier traditionnel, à l’écart des multinationales, animé par de simples artisans.

À ce stade, il était difficile d’ignorer les décorations flamboyantes du Nouvel An, qui se déroulerait quelques semaines après. Un poulet géant, entourant le monde, se pavanait au coin d’une rue, des plumes multicolores dans le dos. Les festivités nous embarquèrent le long des bâtiments parés pour l’événement, tout de rouge vêtu. Un circuit s’improvisait pour admirer les sculptures, constructions et scènes ancestrales disposées le long de la rivière qui bordait le quartier.

La veille du départ nous propulsa vers des hauteurs inouïes. Venir à Shanghai, c’est visiter sa tour de télévision, l’incontournable Perle de l’Orient. Étonnante avec ses deux boules roses, son sommet n’en était pas moins impressionnant. Soixante étages grimpés en une minute et nous voilà déjà au-dessus d’un immense rond-point fleuri, à 500 mètres du goudron. J’osai la photo, assis sur le sol vitré, malgré mon vertige. Panorama grandiose sur la métropole, puis le voyage continua avec le musée de Shanghai, qui conte l’évolution de la ville jusqu’à son ascension vers la gloire.

Les maquettes et les reproductions étaient saisissantes et certains décors reconstruits à taille réelle nous plongeait en pleine époque. La minutie de ces artistes m’épatera toujours, moi qui n’ai jamais eu la patience de terminer la peinture de mes figurines du Seigneur des Anneaux.

Un dernier tour par le quartier chinois avant de monter sur un bateau au cœur de la cité. Des points de vue imprenables, de nuit, pour conclure une expérience de dix jours aux côtés de mes parents et d’un petit groupe de français. Dix jours à la découverte de trésors culturels qui ne représentent que la partie émergée du joyau chinois.

Une photo au pied de la bouteille de Shanghai avant un bon repos. Le lendemain, avant mon avion pour la Corée du Sud (je rejoignais des amis pour un second périple), je profitai de ma matinée pour visiter le musée de la propagande, une minuscule exposition dans l’appartement d’un sénior. Des bustes de Mao côtoyaient les tableaux du peuple. Je quittai la mégalopole, non sans un sourire dans l’ascenseur, ne trouvant aucun bouton entre le troisième et le cinquième étage.

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