Durlinsbach, mercredi 2 septembre 2020 (2)
Léa s’était réveillée au milieu de la nuit avec « la tête dans le cake ». Il lui avait fallu de longues secondes pour prendre conscience qu’elle n’était plus dans son lit, au moulin.
— Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire, j’suis où, qu’est-ce qui m’arrive ?
Rapidement, une sourde angoisse s’était insinuée en elle. Elle dut faire un effort pour rassembler ses idées. Elle se souvenait vaguement d’avoir bu son thé et de s’être installé dans le fauteuil du salon et ensuite plus rien, le noir.
La pièce était totalement plongée dans l’obscurité. Elle s’était redressée et assise au bord du lit. Une vague odeur de renfermé l’avait saisie aux narines. Aucun son ne lui parvenait. Cette ambiance ouatée acheva de la terroriser.
— Hé, y’a quelqu’un ?
Les murs lui renvoyèrent son appel. Elle s'était recroquevillée sur le lit, n’osant plus bouger. Finalement, le sommeil l’avait reprise. Lorsqu’elle s’était réveillée, la pièce baignait dans la pénombre. Elle pouvait en voir quelques détails. Elle s’était levée et à tâtons, rejoint la porte. Elle l’avait secouée et tambouriné.
— Est-ce que quelqu’un m’entend ?
Elle avait plaqué l’oreille, mais perçu aucun mouvement, aucun son. Elle s’était retournée et avait contemplé la pièce. Elle s’était habituée à la faible lumière. Une table en formica occupait un angle. On y distinguait une thermos avec du pain et différents aliments. Elle s’était approchée pour regarder de plus près. Elle avait saisi une tasse et versé le contenu de la thermos. C’était du thé noir.
— Ben merde alors, celui qui m’a enfermée ici connaît mes goûts.
Ce détail avec la nourriture proposée la rassura un peu. Finalement cette personne ne lui voulait peut-être pas de mal. Mais alors quoi, merde ! Cette histoire n’avait aucun sens, qu’est-ce qu’elle faisait ici ? Au fur et à mesure que la luminosité augmentait, elle percevait de plus en plus de détails. Cela ressemblait à un ancien petit studio. Il y avait un coin cuisine, mais non fonctionnel. Le lit avec un meuble de rangement à côté et un coin toilette. Elle s’y était rendue en priant pour qu'elles soient en état de marche et c’était le cas.
Plusieurs fois, elle était revenue tambouriner à la porte sans résultat. À un moment, il lui avait semblé entendre des sons de l’extérieur, mais c’était trop étouffé pour en comprendre l’origine.
Le temps s’était écoulé, monotone, sans repère. Léa se disait qu’elle risquait de perdre la raison à rester ainsi sans aucune explication. Elle devait lutter pour ne pas laisser le désespoir l’envahir. Elle avait fini de s’occuper à explorer la pièce qui ne méritait pas beaucoup d’attention.
Elle s’assit sur le lit et se surprit à se balancer d’avant en arrière.
— Merde, je vais devenir folle !
À cet instant, elle entendit nettement des pas. Oui, quelqu’un approchait, enfin. Elle se leva brusquement, les yeux rivés sur la porte avec un mélange d’espoir et de crainte. Elle recula au fond de la pièce. Il y eut un bruit de frottement, comme une barre de fer qu’on enlève, puis une clé dans la serrure et la porte s’ouvrit enfin. Elle ne distingua pas tout de suite la personne. Celle-ci approcha dans la lumière.
— Toi ?
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