Saint-Louis, vendredi 4 septembre 2020 (suite)

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La grande table centrale accueillait les documents éparpillés, ponctués par quelques tasses de café fumantes et une grande tasse de thé pour Laura. Geneviève respira profondément en fermant les yeux. Elle voyait enfin arriver le moment où elle excellait, la synthèse des données. De plus, ce moment privilégié ou l’équipe se resserrait autour d’une affaire, représentait une véritable respiration, une pause indispensable, surtout après ces deux jours où ils n’avaient pas eu le temps de souffler. Elle posa les mains à plat sur la table.

— Bien ! Sébastien peux-tu déjà nous faire le point sur la disparue.

Il se pencha sur son bloc-notes.

— Léa Baysang, née le 11 septembre 1995. Pas de famille connue. Sa mère est morte il y a deux ans et le père a abandonné le domicile familial quelques mois après sa naissance. Le couple n’était pas marié, mais il a reconnu l’enfant. Elle porte donc le nom de famille du père. Elle vivait seule. Elle avait une liaison depuis quelques mois avec un certain Kevin Calvo. D’après son amie, Aurélie Martin, cette liaison n’était pas saine et elle serait allée se réfugier à Durlinsbach pour le fuir.

— Bon ! vous me le convoquez dès que possible, coupa Geneviève en regardant Jean Wolff.

Elle fit signe à Sébastien afin qu’il continue.

— Elle est arrivée à Durlinsbach le samedi 29 août. On l’a vue jusqu’au mardi matin. L’enquête de voisinage n’a rien donnée. Peu de gens l’on vu en tout et personne ne la connaissait. Voilà.

Geneviève soupira. Elle tapota des doigts sur la table.

— Mouais ! Laura, quelque chose au domicile ?

— Elle habitait là depuis deux ans. Décrite comme très discrète et secrète aussi, car j’ai eu très peu de renseignements. Bonjour, bonsoir, bref le classique quoi ! Sauf depuis quelques mois où un homme, sans doute ce Kevin Calvo, a tambouriné à sa porte, deux ou trois fois d’après la voisine d’en face qui est sortie pour le calmer. Elle le décrit comme grand et peu sympathique.

— On en revient encore à lui, donc, commenta Geneviève.

Une piste quand même ? Elle avait bien trop d’expérience pour se fier aux apparences. Laura leva la main.

— Juste une précision, j’ai vérifié les réseaux sociaux et elle n’a aucun compte nulle part.

— Bon, jean, vous avez regardé les pièces rapportées par la scientifique. Quelque chose ?

Il leva les mains en signe de négation.

— Non, rien d’intéressant, vraiment, quoi.

— Décidemment, cette fille est un fantôme. Elle s’est littéralement volatilisée.

— Reste à espérer que la scientifique trouvera quelque chose, intervint Sébastien. On va voir déjà avec son téléphone. Peut-être des empreintes ou l’ADN.

— L’ADN je n’y crois pas, rajouta Geneviève.

Elle regarda sa montre.

— Espérons en apprendre plus avec les témoins. Sébastien, tu prends son amie Aurélie, moi je vais auditionner cette Julia qui l’a accueilli au moulin. Jean, tu vas avec Éric me chercher ce Kevin Calvo et il est pour moi. Laura et Thomas, j’aimerais que vous triiez ce que l’on a rapporté de son appartement. Voilà c’est tout pour le moment.

Un léger brouhaha accompagna la fin de la réunion. Alors que Geneviève se levait, elle vit Bruno Zimmermann se diriger vers elle.

— J’aimerais vous parler.

— Bien sûr, on va dans mon bureau.

Elle referma la porte derrière lui et lui désigna la chaise.

— Alors dis-moi. Je te sens un peu à côté, depuis hier. Qu’est-ce qui te préoccupe ?

Il se tortilla un peu et se tordit les doigts.

— Eh bien, c’est cette histoire de diable et de sorcière. Vous ne croyez pas qu’il faudrait chercher par là aussi, finit-il en la fixant droit dans les yeux.

Geneviève se retrouva désarçonnée. Non, vraiment, elle n’avait jamais envisagé une telle piste. Elle découvrait un Bruno Zimmermann qu’elle ne connaissait pas.

— Je ne sais pas quoi te répondre là. Tu crois vraiment à ces histoires ? enfin le diable ! finit-elle en s’enfonçant dans son fauteuil. Cette petite vieille t’a impressionné on dirait.

Il resta silencieux un instant et sourit un peu.

— Oui, je sais, c’est gros. Mais à partir du moment où cette histoire circule dans le coin, ça mérite d’être creuser, non ?

Un point pour lui. Elle devait admettre qu’il avait raison. Lorsque ce genre de rumeur circulait, on devait s’y intéresser. Et finalement, elle comprit comment gérer le problème.

— Eh bien écoute, d’accord. Je te laisse faire. Cherche de ce côté si tu veux.

Il se montra soulagé et se leva. Elle l’accompagna à la porte. Il se retourna.

— Merci, madame, je m’en occupe.

— Au revoir, Bruno.

Elle referma la porte en pleine perplexité. Non, vraiment, elle ne connaissait pas ce côté de son brigadier. Y croyait-il vraiment ?

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