Saint-Louis, vendredi 4 septembre 2020 (fin)
Elle ouvrit sa porte et fit signe à Sébastien.
Kevin Calvo entra. Il était grand, solide, avec un visage avenant. Un léger sourire lui conférait un certain charme que l’on pouvait aller jusqu’à qualifier d’irrésistible. Geneviève lui désigna la chaise en face du bureau. Sébastien se plaça derrière elle.
— Bonjour, monsieur Calvo, nous avons besoin de vous entendre au sujet de Léa Baysang qui a disparu.
— Oui j’ai appris ça. Je suis inquiet.
Il semblait montrer une préoccupation sincère.
— Vous êtes une des personnes qui la connaissait le mieux, vous aviez une relation depuis plusieurs mois.
— Oui, depuis avril.
Geneviève avança ses bras sur le bureau. Elle plongea son regard dans le sien.
— Et ça se passait bien ?
Il se recula sur sa chaise et se redressa avec un air contrarié. Il soupira.
— Oui, on s’aime… vraiment. Je tiens beaucoup à elle.
— Et pourtant, d’après son amie Aurélie, elle cherchait à vous fuir. Ce serait même la raison qui la fait aller se réfugier à Durlinsbach.
Son sourire disparut. À l’évocation du nom d’Aurélie, il afficha un rictus.
— Aurélie ! cette…
Son charme s’était effacé.
— Chassez le naturel…
Il se ressaisit.
— On avait peut-être un passage à vide, là, mais ce n’est pas vrai, notre relation était solide.
— Mouais, pas si sûre, pourtant.
— Racontez-moi le jour où elle est partie.
Il se rapprocha du bureau. Ils furent interrompus par Éric qui frappa à la porte et s’encadra dans l’entrebâillement.
— On a du nouveau.
Le regard qu’il adressa à Sébastien n’échappa pas à Geneviève.
— Je viens, répliqua celui-ci.
Geneviève le laissa sortir et revint vers Kevin Calvo.
— Alors, cette journée ?
Il se racla la gorge.
— Je l’ai quitté dans la soirée. On a fait l’amour après le repas et je suis parti, je devais encore voir quelqu’un.
— Et après ?
— Et après ? rien, je n’ai plus de nouvelles.
— D’après son amie…
Sébastien entra avec un regard appuyé vers Geneviève. Il lui posa un papier sur le bureau qu’elle parcourut rapidement.
— Ah ! là mon gars, ça va se gâter pour toi !
Elle le toisa à nouveau. Il semblait avoir perdu de son assurance.
— D’après son amie, donc, cette soirée ne se serait pas bien passée. Vous avez fait l’amour, mais elle parle plutôt d’un viol, n’ayons pas peur des mots. Elle lui a dit qu’elle n’était pas consentante.
Il s’énerva, Sébastien fit un geste vers lui.
— Mais c’est des conneries, c’est pas vrai, on s’aime je vous l’ai dit.
— Calmez-vous. Donc vous dites ne plus avoir eu de nouvelles depuis ?
— C’est ça, finit-il sèchement, le regard fuyant.
Geneviève prit le papier en main.
— Monsieur Calvo, l’équipe scientifique a trouvé dans le téléphone de Léa un mouchard. Vu le nombre de communications, vous ne l’avez pas perdu de vue depuis son départ et donc vous saviez exactement où elle était, qu’en dites-vous ?
Il resta silencieux. Il se frotta le visage puis redressa la tête.
— C’est vrai, je savais qu’elle était à Durlinsbach. Et puis c’est tout…
— Hélas non ce n’est pas tout. On a trouvé vos empreintes sur le heurtoir et la poignée de la porte du moulin de Durlinsbach. Comment l’expliquez-vous ?
Il agitait une jambe. Toute la superbe avait disparu. Il se mura dans le silence. Geneviève regarda sa montre.
— Monsieur Kevin Calvo, nous sommes le vendredi 4 septembre 2020, il est 18 heures 32 et je vous signale qu’à partir de cet instant vous êtes en garde à vue dans le cadre de l’enquête au sujet de la disparition de Léa Baysang. Vous avez droit à un avocat et de voir un médecin. Vous pouvez appeler un proche.
Elle fit signe à Sébastien qui se plaça à côté de lui.
— Venez !
Il se leva, une seconde d’agressivité transperça son regard. Geneviève craignit une réaction violente, puis il se ressaisit. Il suivit Sébastien qui le confia à Éric et Bruno. Il revint dans le bureau.
— Bon et bien voilà du concret, enfin.
— Mouais, une chance. Mais pourquoi est-il fiché ?
— Oh et bien rien que de plus logique. Il a fait l’objet d’une plainte de la part d’une femme, pour violence.
— Tiens, comme c’est surprenant !
— Oui, là je pense que l’on tient le bon bout.
Elle sourit
— Ah Sébastien, toujours aussi rapide à t’enflammer hein ?
— Oui, je sais. Mais vous êtes là pour tempérer tout ça, finit-il avec un clin d’œil.
— Au fait, demain nous accueillons une nouvelle dans l’équipe, une adjointe de sécurité. J’en avais fait la demande, mais sans y croire vraiment et voilà que le proc nous récompense pour notre zèle. Il nous a donné ce coup de pouce.
— Ah ! se contenta de répondre Sébastien, visiblement surpris. Bon et bien je vais en informer les autres.
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