Saint-Louis, samedi 5 septembre 2020

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Geneviève arriva tôt. Elle voulait profiter du calme matinal pour finir le rapport destiné au procureur. Sébastien la trouva en pleine rédaction. Elle lui rendit vaguement son salut. Enfin, elle se leva en s’étirant. Elle avala deux carrés de chocolat et rejoignit la salle commune. Jean, Laura et Thomas étaient présents. Éric et Bruno avaient terminé leur garde de nuit et étaient rentrés chez eux. Une jeune femme en uniforme se présenta. Geneviève comprit immédiatement de qui il s’agissait. Elle se dirigea vers elle. D'une taille assez menue, on devinait, malgré tout, un corps athlétique. Cheveux bruns, courts, le regard franc.

— Kyara Remy, je suppose, lui demanda-t-elle en lui tendant la main.

Elle lui sourit.

— Exactement.

— Viens, je vais faire les présentations.

Elle se retourna vers la salle où tout le monde attendait.

— Voici Kyara Remy qui vient rejoindre notre équipe. Sébastien, je te laisse la mettre au courant.

Laura, juste à côté, se présenta, puis elle se tourna vers Geneviève.

— J’ai chapeauté Thomas à l’époque, bon, je veux bien recommencer, finit-elle avec un soupir.

— Je ne sais pas, écoute, rien ne presse, laissons venir.

— Elle sera utile pour avancer dans la paperasse. C’est une bonne chose, finalement.

— Finalement ?

Elle haussa les épaules.

— C’est une façon de parler.

Geneviève sourit intérieurement.

— Ah les rivalités féminines ! J’espère ne pas avoir à gérer ça.

Elle rejoignit Sébastien qui finissait les présentations.

— Bon, Sébastien tu vas reprendre notre cher Kevin Calvo. La nuit aura été inspirante, j’en suis sûre. Quant à toi, Kyara, tu viens avec moi pour m’aider à remonter des dossiers de la pièce des scellés.

Elle l’informa sur l’enquête en cours.

— Encore une pauvre meuf qui a fait une mauvaise rencontre avec un vicieux.

Geneviève l’arrêta et leva le doigt.

— Leçon une, jamais de conclusions hâtives. Les faits, rien que les faits. Pour le moment nous ne savons pas ce qu’il s’est passé. Il y a un suspect en garde à vue et c’est tout.

Elle signa le formulaire et le planton leur ouvrit la porte. Elle désigna à Kyara, les dossiers à prendre. Elle ne cherchait rien de précis, mais dans ces cas-là, elle aimait regarder une nouvelle fois, au calme, les éléments en leur possession. Elles rejoignirent la salle et après avoir rangé les boîtes dans l’ordre, elles les ouvrirent. Le plus gros des documents se concentrait dans les dessins de Léa. Geneviève les parcourut de nouveau, plus lentement cette fois. Elle s’attarda sur ceux qui l’avaient le plus frappé. Ils distillaient une noirceur morbide, très surprenante pour une jeune femme. Kyara regardait par-dessus son épaule.

— Bouf ! ça n’allait pas à ce moment-là pour elle, commenta-t-elle.

— Tu penses que ça reflète son état d’esprit ?

— Sans doute, j’ai connu ça. Bon je ne sais pas dessiner, mais j’ai eu un passage difficile vers les dix-sept ans et je me complaisais dans de la musique métal, piercing, tatouage, la totale quoi ! Le désespoir de mes parents. Heureusement, ils se sont accrochés et je suis sorti de cette mauvaise passe. Alors si elle, à ce moment, elle n’avait pas de parents ou de proches pour la soutenir, elle a dû déguster !

— Ce qui est déprimant c’est de voir à quoi se résume sa vie, rien ou très peu. On a surtout ces croquis.

— Elle était douée, dommage, là, elle avait une voie à suivre.

Kyara ouvrit un autre carnet.

— Putain la teub !

Elle montra le dessin à Geneviève. On y voyait un sexe d’homme en pleine érection. D’autres crayonnés, représentaient des nus du fameux Kevin Calvo.

— C’est son ex. c’est lui qui est en garde à vue.

— Eh bien, il est bien monté le gars, je comprends qu’elle se soit accrochée. Mignon en plus.

— Séducteur surtout, il a le profil d’un pervers narcissique.

— Ah !

Geneviève remarqua que certains dessins comportaient de petites annotations tout en bas. Pour ce carnet, il s’agissait surtout de dates, de lieux, comme un récit d’aventure. Elle ouvrit celui de Durlinsbach. On y voyait des dessins du moulin, très beaux pour certains. Elle reconnut facilement Julia Ruetsch. Son nom était noté tout en bas avec la date. Elle l’avait croquée plusieurs fois. C’était d’autant plus remarquable que, vu les lieux des croquis, on pouvait soupçonner qu’ils avaient été faits de mémoire. Sous celui-ci, elle lut : Serge Ketterlé, mon ancien prof d’histoire-géo.

Elle referma le carnet et remballa le tout.

— Rien de bien intéressant ici. On n’avance pas.

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