Saint-Louis, lundi 21 septembre 2020
Une activité routinière animait la salle des enquêtes ce matin. Geneviève se sentit lasse d’un coup. Les petites affaires suivaient leur cours, mais rien sur les deux principales. Elle s’assit à son bureau, pris un carré de chocolat et laissa vagabonder ses pensées.
Pas de lien entre elles à part avoir fréquenté le même collège…
Elle soupira.
Bon, et bien regardons ça, il n’y a rien d’autre de toute façon.
Elle interpella Kyara.
— Peux-tu m’apporter les documents que l’on a sur le collège de Ferrette dans les dossiers de nos deux victimes.
Quelques minutes plus tard, elle déposait un maigre classeur sur le bureau de Geneviève.
— Mouais, constata celle-ci.
— Une piste ?
— Oh non, mais il faut bien reprendre des éléments lorsque ça bloque, car on n’a rien pour le moment. Tiens reste ! on va regarder ça.
Geneviève sortit les quelques papiers et les étala sur son bureau.
— Ah oui, la photo de classe de Charlotte Wasser qu’a dénichée Jean.
Elle la plaça à côté de celle de Léa Baysang. Kyara se pencha et les scruta attentivement. Geneviève prit du recul et la laissa faire. Au bout de quelques minutes, elle se releva.
— Non vraiment, aucun point commun. Même le prof n’est pas le même.
Geneviève s'empara des deux clichés.
— C’était plus que probable.
Elle les détailla à son tour. Elle prit la loupe et parcourut attentivement les images et c’est au deuxième passage sur la photo de classe de Léa Baysang que le visage d’un garçon attira toute son attention. Elle remit les deux documents à leur place. Ce visage lui semblait familier, mais elle n’arrivait pas à faire le lien. Chaque fois qu’elle pensait avoir saisi quelque chose, les images lui échappaient. Elle se tourna vers Kyara qui la fixait.
— Vous avez quelque chose, non ?
— Je ne sais pas. Voyons, tu vois ce gamin, là. Ça ne te dit rien ?
Elle tendit l’image à Kyara avec la loupe. Après une observation attentive, la jeune femme reposa la photo avec un soupir.
— Non, vraiment, désolé.
— Pourtant j’ai un sentiment de déjà-vu. Ou un lien de parenté avec un visage que j’ai vu.
— En rapport avec l’enquête donc ?
Geneviève haussa les épaules pour marquer son impuissance. Le visage de Kyara s’anima.
— Mais au fait Léa faisait beaucoup de dessins dont pas mal de portraits, ce ne serait pas là ?
Geneviève la dévisagea quelques secondes.
Cette fille a vraiment du potentiel.
— Bien vu, va me chercher ses cahiers.
Geneviève reprit la photo et se concentra de nouveau sur le visage du garçon. Kyara réapparut avec les deux cahiers de croquis.
— Allez ! chacun le sien.
Geneviève ouvrit celui saisi lors de la perquisition, ce qui lui valut de nouveau une revue de détail sur toute l’anatomie de l’amant de Léa, mais peu d’autres personnes. Kyara s’attarda plus longtemps pour finalement admettre son échec.
— Elle a croqué pas mal de monde, mais je ne vois rien.
Geneviève le regarda à son tour et là, le rapprochement s’imposa immédiatement.
— Là ! dit-elle en posant le doigt sur un dessin, et en plus on l’a eu devant nous en chair et en os plusieurs fois.
— Julia Ruetsch ?
— Tu ne trouves pas ?
Kyara reprit la photo qu’elle posa à côté. Elle soupira.
— Pourquoi pas un air de famille, oui, mais le rapport ? termina-t-elle en regardant Geneviève.
— Ah, mais tout est là Kyara. Nous n’en savons rien à ce stade, mais c’est un tout petit lien minuscule, une simple hypothèse que l’on n’a pas le droit de négliger. Donc, vu l’heure, nous pouvons aller à Ferrette et trouver quelqu’un au collège qui peut nous donner l’identité de ce garçon. On y va ?
— Grave ! répondit-elle avec euphorie.
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