Saint-Louis, lundi 21 septembre 2020
Geneviève avait invité Kyara à manger au Bürahus à Werentzhouse. Elles choisirent toutes les deux une salade au chèvre chaud. Depuis qu’elles avaient quitté le collège, Kyara affichait une excitation qui contrastait avec le calme de Geneviève. Elle la laissa s’épancher sur toutes les hypothèses possibles pour expliquer la présence de ce garçon au collège.
— Ton chèvre refroidit, lui dit-elle avec un grand sourire.
Kyara avala quelques bouchées, mais très vite se tourna de nouveau vers elle.
— Mais vous, qu’est-ce que vous en pensez ?
Elle soupira.
— Plein de choses, plein d’hypothèses… quoique non, pas tant que ça.
— Alors ?
Elle posa ses couverts.
— Tu devrais commencer à comprendre qu’il ne sert à rien de partir comme ça sur des tas de suppositions sans outils pour les étayer. Donc, attendons d’être au commissariat et là, on va savoir, j’en suis sûre.
Kyara soupira et termina sa salade. Elles prirent deux cafés et reprirent rapidement la route.
Les locaux étaient relativement déserts lorsqu’elles arrivèrent.
— Il n’y a pas grand monde. Je sais que c’est le début d’après-midi, mais quand même, fit remarquer Geneviève.
Elle s’installa à son bureau et ouvrit son ordinateur. Kyara apporta une chaise à côté d’elle.
— Tiens retrouve-moi la déclaration de Julia Ruetsch.
Elle revint avec le document. Geneviève avait ouvert le dossier scolaire de Thomas Ruetsch. Elle jeta un coup d’œil rapide aux deux documents et se recula.
— Regarde les dates de naissance.
Kyara regarda et releva la tête le regard surpris.
— Mais c’est la même !
— Maintenant, je cherche les numéros de sécurité sociale des deux.
Sa recherche fut brève.
— Regarde !
Kyara se pencha.
— Les trois premiers numéros sont différents, mais le reste est identique.
— Les deux et troisième numéros sont une clef d’identification et le premier…
Elle la regarda.
— Le sexe, murmura-Kyara… non… mais…
— Julia et Thomas Ruetsch sont une seule et même personne.
— Une transgenre, compléta Kyara.
— Je m’en doutais, en fait, lui avoua Geneviève. Il n’y avait pas beaucoup de possibilités pour expliquer tout ça.
Kyara fit la moue.
— Mouais…
Leur conversation fut perturbée par l’arrivée de toute l’équipe. Jean et Sébastien furent surpris de voir les deux femmes.
— Ah, vous êtes revenues ?
Geneviève se leva.
— Le restau était bon ?
Un flottement agita le groupe.
— Bon, heureusement qu’il y en a qui bosse.
Elle leur fit part de leur découverte. Les visages se figèrent.
— Ce coup-là, on ne l’avait pas vu venir, commenta Sébastien. Donc du coup…
— On la convoque, bien sûr, compléta Geneviève.
Comme le groupe commençait à se disperser, Geneviève les interrompit.
— Au fait, les écoutes de Pierre Wasser, on en est où ?
— Ça ne donne encore rien pour le moment, répondit Sébastien.
Elle ne put cacher sa déception.
— Et sur les home-jackings, je suppose que c’est au point mort aussi ?
Sébastien haussa les épaules en levant les bras. Elle soupira, s’enferma dans son bureau et avala deux carrés de chocolat.
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