Durlinsdorf, dimanche 2 août 2015

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C’était une belle matinée d’été et Claire lui avait annoncé au petit déjeuner qu’elle aimerait aller faire des photos de l'ancien moulin. Cette ruine avec ses vieilles pierres l’inspirait et comme il y avait un projet de restauration ce serait bien d’en garder des images de l’état actuel, avait-elle argumenté. Elle s’était découverte sur le tard, une passion pour la photographie avec un choix osé de ne faire que des clichés en noir et blanc. Elle s’était mise à faire les tirages elle-même sur du papier baryté de qualité. Les résultats furent très vite saisissants comme tout ce qu’entreprenait sa femme avec passion. Il la contemplait pendant qu'elle buvait doucement son café. Bientôt trente ans de mariage et son amour, loin de faiblir, grandissait encore comme si ce fût possible. Elle posa son bol et le regarda en souriant. Il l’embrassa tendrement.

— Comme tu veux mon amour.

Il cheminait tranquillement en la tenant par la main. La température était encore très agréable avant les lourdes chaleurs de l’après-midi. Le Grimbach murmurait et Claire fit quelques images de paysage. Ils durent se frayer un passage dans une végétation envahissante qui dévorait les ruines depuis des dizaines d’années. Serge se fit la réflexion qu’il était temps effectivement de prendre une décision au sujet de ce bâtiment. Il se retourna vers Claire.

— On doit faire attention, tu sais que c’est instable par endroit.

Ils passèrent devant la pancarte qui mettait en garde sur les dangers à s’aventurer dans les ruines. Claire se mit très vite au travail. La passion pour l’histoire reprit le dessus et il se dirigea vers l’entrée afin de vérifier s’il pouvait rentrer sans trop de risques dans l’espoir de trouver un vestige quelconque. Le lierre et les ronces avaient remplacé le toit depuis longtemps disparu. Il dut attendre quelques secondes pour s’habituer à l’obscurité. Il avança sur un sol inégal encombré de gravats. Il sursauta de peur en se retrouvant face à un visage de diable avec un sourire grimaçant qui le fixait dans la pénombre. Au même moment il entendit un sourd grondement et un cri de Claire. Il se précipita dehors. Avec difficulté, il dut escalader des décombres et au détour du mur il découvrit l’horreur. Un pan s’était effondré. Il vit l’appareil photo et un bras de Claire qui dépassait d’un tas de pierres. Il hurla et se réveilla en nage, assis dans son lit.

Ce terrible cauchemar continuait à le hanter et encore pour longtemps, il le savait. Les horribles souvenirs affluaient. L’interminable attente des secours, pendant laquelle, il n’avait pas lâché la main de sa femme, l’appelant sans cesse dans un fol espoir qu’elle lui réponde. Les sauveteurs qui le prennent par l’épaule pour l’écarter.

— Venez, monsieur Ketterlé, laissez-nous faire.

Ils avaient très vite réussi à dégager son corps, c’était Céline qui était venue vers lui. Il gardait encore une image précise de cet instant. Elle s’était accroupie devant lui, le visage en larmes. Elle lui avait pris la main. Comment admettre l’inadmissible ? Il hurla. Sa vie venait de basculer et son esprit s’approcher de la folie.

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