Saint-Louis, jeudi 24 septembre 2020

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Geneviève arriva au boulot tout essoufflée. La matinée était bien entamée. Les emm. s’étaient enchaînés pour la retarder. Crevaison, embouteillage, etc. Elle vit Sébastien se diriger vers elle. Malgré son énervement évident, il s’abstint de lui poser des questions.

— Que fait-on avec Julia Ruetsch ?

Elle rangea ses affaires dans son bureau, inspira et le regarda. Enfin, elle allait pouvoir souffler.

— De toute façon, on va la déférer, mais laissons-lui encore un peu de temps. On a encore quelques heures. J’ai appelé l’avocat de Cathy, il va s’occuper d’elle et il va venir la voir tout à l’heure.

— Je me demande si elle va être placée en préventive.

Geneviève soupira, le regard perdu.

— Ouais, ce serait une épreuve de plus pour elle.

Elle haussa les épaules en le regardant.

— Mais ce n’est plus de notre ressort.

— Oui, bien sûr, murmura Sébastien. Au fait, l’adjudant-chef Bossert a appelé, il voulait vous parler.

Cela la surprit.

— Ah bon ! et il ne vous a rien dit au sujet de l’arrestation de notre commanditaire de home-jacking ?

— Euh… non.

— Étrange, ils ne l’ont pas encore eu, je pense.

— Il va rappeler.

— Bien, allez ! à la paperasse.

L’adjudant-chef rappela une heure après.

— Adjudant-chef, mon lieutenant m’a dit que vous aviez appelé, mais sans plus. J’en conclus que vous ne l’avez pas eu.

Elle détecta un flottement dans la réponse de Bossert.

— Non… en fait, on a eu la confirmation qu’il était bien à l’adresse indiquée et la surveillance a été mise en place. On a fait venir la brigade d’intervention pour six heures, mais il n’y était plus. Et les hommes en faction ne l’ont pas vu partir.

— Tiens donc, il s’est méfié ?

L’adjudant-chef resta silencieux. Geneviève comprit qu’il y avait un vrai problème, mais n’osa pas poser de question. Il reprit.

— Bon, ce que je vais vous dire doit rester entre nous. En fait… je pense qu’il a été prévenu.

— Ah !

Toujours la même gêne.

— Et prévenu peut-être, par un des nôtres.

« Waou », là effectivement c’était du lourd, elle imagina sans peine tout le sérieux de l’affaire.

— Enfin, je dis peut-être, mais j’en suis personnellement convaincu.

— Et… vous avez une idée de qui c’est.

— Non, pas vraiment, pas encore du moins. Enfin c’est compliqué, je vous expliquerais dès que possible.

Elle comprit qu’elle ne devait pas insister. Elle le remercia et raccrocha. Elle expliqua la situation à Sébastien qui l’interrogeait du regard.

— Merde, un gendarme ripou ! on n’avait pas besoin de ça.

— Non, là c’est sûr et ça n’arrange pas nos affaires. Ce salopard est de nouveau en cavale.

Elle vit maître Blenner qui lui fit un signe. Elle se dirigea vers lui et le salua. Elle l’accompagna jusqu’à la cellule de Julia. La jeune femme était calme et les regarda arriver avec appréhension.

— Mademoiselle Ruetsch, je vous présente, maître Blenner, un très bon avocat qui va s’occuper de vous. Vous allez être déférée devant le juge d’instruction. Il va vous expliquer tout ça.

Elle lui fit signe.

— Venez, je vais vous mettre dans une pièce à part, pour que vous soyez tranquilles.

Elle les accompagna jusqu’à la salle d’entretien et les laissa. Elle ressentit un pincement au cœur en pensant à ce qui attendait cette pauvre fille qui, elle en était persuadée, n’avait pas tué Léa Baysang. D’ailleurs, elle ne pensait pas qu’un seul de son équipe croyait une telle chose.

Éric se dirigea vers elle.

— Madame la commandante, on a peut-être enfin quelque chose avec les écoutes téléphoniques de Pierre Wasser.

Cette nouvelle arriva comme un rayon de soleil.

— Mais très bien ça, on y va.

Elle se plaça au bureau de Éric et mit les écouteurs.

— Oui, Wasser.

— Bonjour monsieur Wasser.

La voix était égrillarde, perchée dans les aigus. Geneviève crut y déceler un soupçon d’ironie.

— Qui êtes-vous ?

— Roland Laventin, je suis détective privé.

Elle délecta un flottement chez Pierre Wasser qui resta silencieux. Son interlocuteur reprit.

— J’ai été embauché par votre femme, il y a quelques mois.

— Elle est décédée.

— Oui, ça je le sais. Voulez-vous savoir pourquoi elle s’est adressée à moi ?

Nouveau silence chez Pierre Wasser.

— Je ne sais pas si ça m’intéresse vraiment.

— Je pense que si. Elle se posait des questions sur la gestion de votre société et, entre autres, sur une sortie d’une grosse somme d’argent.

— Je ne pense pas que cela vous regarde, rétorqua Wasser, clairement sur la défensive.

Son interlocuteur marqua un silence à son tour.

— Cela ne me regarde peut-être pas, mais ça peut intéresser la police, ne pensez-vous pas ?

La voix s’était chargée d’une menace à peine voilée.

— Qu’est-ce que vous voulez ?

— Il faut que l’on se voie monsieur Wasser, je vous rapperai.

La conversation s’acheva abruptement. Geneviève se recula sur son siège, enleva les écouteurs et regarda Éric.

— Je m’en charge, lui dit-il. Ça n’a pas été difficile de le trouver.

— Oui, il faut faire vite avant qu’il le rappelle.

— C’est parti.

Il appela Bruno et ils sortirent.

« Bon, enfin ça se décoince ». Elle se dirigea vers son bureau pour récupérer deux carrés de chocolat.

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