Saint-Louis, jeudi 1er octobre 2020
Geneviève rentra d’une réunion en fin de matinée. Sébastien lui fit signe.
— Il y a une femme qui vous attend depuis environ une demi-heure. Elle ne veut parler qu’à vous.
— OK, je vais dans mon bureau et tu la fais entrer.
Elle vit arriver une femme d’un certain âge, l’air anxieux. Elle tenait une enveloppe contre sa poitrine.
— Vous êtes madame Hillmeyer ?
— Oui, soupira Geneviève en enlevant ses talons hauts. Asseyez-vous. Que puis-je pour vous ?
— Voilà, je suis la voisine de Roland Laventin, enfin, j’étais…
Elle s’interrompit. L’intérêt de Geneviève grimpa d’un cran.
— J’étais sa voisine du dessous. Je ne connaissais pas trop monsieur Laventin. Mon Dieu…
Elle renifla.
— Mais j’étais la personne de l’immeuble qui avait le plus de lien avec lui. Il m’a aidé sur une petite affaire avec ma fille.
Elle se pencha vers elle.
— Vous savez, je l’ai élevée seule, alors… bref.
Elle se redressa.
— Prenez votre temps.
— Samedi soir, il est venu frapper à ma porte pour me donner cette lettre. Il m’a dit de vous la remettre en main propre et seulement à vous s’il lui arrivait un accident. Oui ce sont ses mots, un accident…
Elle se moucha.
— Je ne me doutais pas que c’était si grave. Vous vous rendez compte, la police a dit qu’il a été tué dimanche après-midi en pleine journée. Bien sûr, l’immeuble était vide. Mais alors…
Elle serrait toujours l’enveloppe.
— Quand j’ai su, j’ai eu peur. Je suis resté deux jours comme ça et puis je me suis dit qu’il fallait que je me débrasasse de ça, dit-elle en montrant l’enveloppe. Alors ce matin j’ai pris le train et voilà.
Elle posa l’enveloppe sur le bureau, la jeta presque comme pour se soulager d’un fardeau brulant. Geneviève l’ouvrit. Elle était effectivement écrite de la main du détective qui avait signé. Quelques mots brefs.
Pour Madame Geneviève Hillmeyer, commandante du bureau de police de Saint-Louis.
Je vous informe, madame, que la raison pour laquelle monsieur Pierre Wasser a détourné deux cent mille francs suisses était pour faire taire les parents de la jeune Lucie Ferrand qu’il a agressé sexuellement le 16 juin de cette année. Ils habitent à Blotzheim, 36B, rue de la gare.
J’ai gardé cette découverte pour moi, afin de me protéger, mais il se pourrait que j’aie sous-estimé la dangerosité de cet homme que je soupçonne d’avoir tué sa femme.
C’est pour ça que je confie ce mot à une personne de confiance afin qu’elle vous le remette pour que justice soit faite si jamais il m’arrivait malheur.
Roland Laventin
Elle replia la lettre avec un soupir. Elle regarda la femme qui ne la quittait pas des yeux.
— C’était important hein ?
— Oui très, je vous remercie. Je vais vous faire raccompagner chez vous.
Elle se leva.
— C’est pas la peine, j’ai mon billet de train.
Elle sortit rapidement, visiblement soulagée de s’être débarrassée de cette corvée. Geneviève rejoignit Sébastien pour le mettre au courant.
— Eh bien, on peut donc rapprocher son meurtre de notre affaire. On peut récupérer l’enquête du coup.
Geneviève réfléchit.
— Pas forcément. On n’a pas besoin de se disperser. La seule chose importante serait de savoir s’il y a des traces ADN ou empreintes identifiées.
— Là-dessus, je peux me renseigner, j’ai des contacts là-bas. Au labo, en fait.
— D’accord et il faut aller voir ces gens à Blotzheim.
Elle réfléchit
— Non, mieux, on les fait venir. Il nous faut une déposition en bonne et due forme. Et rapidement, si c’était encore aujourd’hui, ce serait parfait.
— OK cheffe, finit Sébastien avec un sourire.
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