Saint-Louis, dimanche 4 octobre 2020 (1)
Ce fut l’adjudant Robert Colin qui arriva le premier, menotté et solidement encadré par deux collègues. Du moins serait-il plus juste de parler d’ex-collègues. Le visage fermé, la mâchoire crispée, débarrassé de l’aura de son uniforme, il apparaissait sous un jour totalement différent. C’est sans doute subjectif, se dit Geneviève, mais Robert Colin lui parut bien plus proche du truand que d’un représentant des forces de l’ordre. Elle le fit conduire vers la première salle d’interrogatoire. La seconde attendait Pierre Wasser. Elle regarda sa montre. Aux dernières nouvelles, ils étaient en pleine perquisition. Elle imaginait le mari de Charlotte Wasser assis à l’arrière du véhicule. Il devait, probablement, se préparer à défendre chèrement sa peau.
« Oui, ça va être une sacrée partie de chat et de la souris. »
Elle rejoignit l’adjudant-chef Bossert qui signait le registre. Il se redressa.
— Nous sommes loin d’avoir fait le tour du personnage. Il était en lien étroit avec les truands. C’est confirmé qu’il a bien prévenu Arlan Hoxha lors de notre intervention à Kiffis. Il est criblé de dettes à cause du jeu et monnayait ses renseignements. On en est arrivé, même, à le soupçonner d’être impliqué dans le meurtre d’un dealer, il y a deux ans, à Colmar. Une vraie planche pourrie.
Il soupira, son regard sembla se perdre bien loin, au-delà des fenêtres du bâtiment.
— On n’a rien vu venir. Il y a vraiment un gros problème pour que l’on puisse passer, comme ça, à côté d’un tel profil.
Il se ressaisit.
— Bref, en attendant j’ai travaillé pour vous. On a fouillé son véhicule privé de fond en comble. Il y a eu des prélèvements d’ADN et c’est déjà en analyse chez nous à Strasbourg. On a demandé les résultats de toute urgence.
— Vous pourriez aussi faire autre chose. Je vous ai parlé de ce privé assassiné à Mulhouse, Roland Laventin. Ce serait bien de contacter l’inspecteur Calvet de la PJ de Mulhouse. S’il pouvait, au moins, comparer l’ADN de Colin avec les traces que leur scientifique a relevées dans l’appartement. Mais je vous préviens, le personnage n’est pas facile.
— Je le connais, je vais faire mon possible.
— Merci beaucoup, votre aide est très précieuse, le réconforta Geneviève.
Il lui fit le salut militaire et s’éclipsa. Geneviève le suivit des yeux tandis qu’il s’éloignait. Elle avait toujours été impressionnée par le charisme de cet homme.
« Bon, c’est pas le tout de ça, mais j’espère qu’ils ne vont pas trop traîner. »
Il lui fallut attendre encore une demi-heure avant de voir arriver l’équipe avec Pierre Wasser, le visage impassible qui ne laissait transparaître aucune émotion. Il fut placé dans la seconde salle. Sébastien se dirigea vers Geneviève.
— Bon déjà, nous avons trouvé ça, dit-il en montrant un téléphone dans un sachet.
— Voilà un très bon point. J’ai prévenu Gérôme, tu lui descends, il nous faut, surtout, dans un premier temps, la preuve de contacts avec celui de Colin. Ensuite, tu te mets avec Éric sur Colin. Jean et Bruno vont s’occuper de Wasser. Je naviguerai entre les deux. Allez, c’est parti !
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