Un hiver. La neige. Et Paris.
Il tombe sur Paris de gros flocons tout blanc.
Il neige
Et voici que les parisiens se promènent.
Il neige.
Paris est de sortie
Sous son beau blanc manteau.
Il neige
Et voici que les parisiens ouvrent les yeux.
Chacun s’est muni de son appareil photo
Comme un grand reporter de la vie
Envoyé en mission à la dernière minute.
Il neige
Et c’est l’urgence.
C’est l’urgence et pourtant
On dirait que rien ne presse.
Il neige.
Chacun va cahin-cahan,
Mesurant le moindre de ses pas,
De Paris en Paris
De découverte en découverte.
Il neige
Et voici que les parisiens regardent Paris avec des yeux d’enfants.
Et voici que les enfants regardent Paris.
Il neige,
Oui,
Mais on a fermé les squares, les cimetières,
Les jardins et les promenades plantées.
Il neige
Et les pelouses, inaccessibles,
se transforment en linceul.
Elles portent le deuil immaculé
Des bonhommes de neiges
Qui s’y seraient dressés
Si la prudence n’était pas devenue,
Dans la ville,
Une fatale pandémie.
Il neige
Et les enfants joyeux
Raclent les capots de voiture
Pour fabriquer des « munitions ».
D’un trottoir à l’autre
Ils se bombardent gaiement.
La chaussée, entre les deux camps,
Ecoule son flot timide et circonspect
De véhicules étonnés.
De temps en temps,
Une espiègle boule de neige
Vient s’écraser sur un pare-brise.
Il neige
Et voici que la vie soudain a ralenti.
Elle a retrouvé,
Le temps d’une surprise,
Son rythme naturel.
Paris, sous la neige,
Est comme rendu aux parisiens.
Il neige.
Paris a le sourire.
Et moi les larmes aux yeux.
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