Changement de stratégie
Vieille-Toulouse, villa de Leonorov
« Les chose ne se passent pas du tout comme on l'avait imaginé, exposa Igor. Belkacem est un vieux fou. Il a l'intention de se battre. Nous avons perdu Irina il y a deux jours et maintenant Youri et Tania.
— Qu'est-ce qui s’est passé avec Youri ? demanda Alexander.
— Youri avait prévu de retrouver le dealer qui contrôle les revendeurs de Rangueil. Il avait pris Tania avec lui par sécurité. Ça n'a pas suffi. Les hommes de Belkacem avaient prévu le coup. Ils ont eu Youri par surprise. Tania a été gravement blessée et Youri est entre les mains des Algériens.
— La police va interroger Tania, bien sûr !
— Oh, elle ne dira rien et elle ne te connait pas.
— Sa blessure est grave ?
— Je n'en sais rien, elle a perdu connaissance en me téléphonant et quand je suis arrivé, il y avait déjà les secours et la police sur place.
— Tu connais quelqu'un à l'hôpital ?
— Je vais voir ce que je peux faire. On peut essayer de l'exfiltrer. Pour Youri, c'est plus sérieux. Belkacem n'aura aucun scrupule et utilisera tous les moyens pour lui faire cracher un nom. Ensuite, on le retrouvera peut-être dans le canal ou sur un terrain vague.
— Tu vas faire renforcer la sécurité ici, je veux au moins quatre hommes armés dans la propriété. Préviens aussi à l'entrée, ne laissez passer personne qui n'aura pas été annoncé auparavant, à part toi et Sacha. Pour les filles de Samara, préviens Sacha qu'on les garde en Allemagne pour le moment.
— Il faut aussi penser à la sécurité d'Olga. On a tué son fils, Belkacem va vouloir se venger sur l'un de tes proches. Œil pour œil, dent pour dent, c'est comme ça qu'il calcule. Irina et Youri ne comptent pas dans cette équation.
— On peut l'éloigner de Toulouse quelques temps ?
— Je peux la faire conduire à Courchevel.
— Bonne idée, ça lui fera du bien de changer d'air, le plus tôt sera le mieux.
— Je vais appeler Grishka pour qu'il fasse préparer le chalet et qu'il prévoie de faire la route dès demain. Je te laisse avertir Olga, elle ne va peut-être pas très bien réagir.
— Dis à Grishka qu'il devra rester pour veiller sur elle à la montagne.
— Il va adorer ! »
Alexander Leonorov se dirigea vers la cuisine et sortit une bouteille de la cave à vin.
« Tu veux un verre ? demanda-t-il à son visiteur.
— Qu'est-ce que c'est ?
— Un Condrieu blanc, un vin de la vallée du Rhône.
— Je connais, oui je veux bien. »
Les deux hommes restèrent un moment sans parler, de part et d'autre de la table, regardant le liquide doré dans leurs verres.
« Qu'est-ce qu'on va faire avec Belkacem ? demanda Igor.
— On ne peut pas reculer, jamais. Il faut aller jusqu'au bout.
— Il faut faire aussi attention à effacer nos traces. La police a la main sur Tania, tôt ou tard elle retrouvera Irina et Youri. Il ne faut pas qu'ils remontent jusqu'à toi.
— Je n'ai jamais été inquiété depuis que je suis ici. Pour tout le monde, je suis un industriel qui fait du business avec Airbus et Arianespace. Je n'ai pas l'intention de changer cela. Est-ce qu'on a assez d'hommes sur le secteur en cas de coup dur ?
— Belkacem peut mobiliser tant qu'il veut, et le cas échéant, faire alliance avec les Nigérians. Nous on est plus limités ! On peut juste faire venir quelques gars de Cannes ou même de Francfort.
— Oui, appelle nos amis là-bas et vois ce qu'ils peuvent nous proposer. Il nous faut maintenant trouver une riposte réellement efficace, quelque chose qui touche au business, pas juste quelques péons sortis du jeu.
— Les affaires de Belkacem reposent sur l'acheminement de marchandises depuis le Maghreb, via l'Espagne. Pour lui, ça ne se limite pas à quelques go-fast. Ce sont des semi-remorques de fruits qui acheminent la came dans des caisses trafiquées.
— On peut les intercepter.
— Techniquement, c'est faisable, mais il faut connaître les dates et les itinéraires des camions. La plupart des livraisons qui arrivent à Toulouse ne contiennent que des oranges.
— On a des contacts dans les zones de départ ?
— Tu veux que j'aille à Tanger ? proposa Igor.
— Non, j'ai besoin de toi ici. Je vais demander à mon cousin Maxim. Il est à Madrid depuis quelques temps, il doit savoir comment procéder. De toute façon, il nous faudra des hommes sur place qui connaissent bien le terrain. Je vais l’appeler et ensuite tu me diras si tu peux organiser quelque chose avec lui.
— Comme tu voudras. Je m’occupe des renforts et j’attends ton signal pour l’Espagne. »
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