La leçon de Machiavel

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Toulouse, Hôtel de Police

Samira, Juliette et Ange avaient terminé le point sur les informations collectées, tant du côté russe qu’algérien. Le téléphone de Juliette, posé sur la table, se mit à vibrer.

« C’est Lacaze, je lui ai demandé de se mettre en relation avec l’opérateur qui géolocalise les voitures pour le compte du constructeur.

— Vas-y, répondit Ange en lui faisant signe de répondre. »

Quelques instants plus tard, la chef de groupe raccrocha, l’air perplexe.

« Il semblerait que la Range Rover soit en ce moment en Espagne, à Alicante précisément.

— Qu’est-ce que le Russe va faire en Espagne ? demanda Samira.

— Juliette, demande à une équipe d’aller vérifier si Polounin est bien parti de chez lui.

— Ok, je le fais tout de suite. »

La jeune femme sortie, Ange continua la conversation avec Samira.

« Peut-être qu’il a préféré mettre un peu de distance entre lui et nous ? proposa la capitaine.

— Ce n’est pas impossible, mais si c’est vraiment un homme-clé de Leonorov, il ne se sera pas débiné sans une bonne raison. Est-ce qu’il peut y avoir un lien avec Belkacem en Espagne ?

— Oui, peut-être bien, il faut que je vérifie, mais il me semble que les camions qui livrent les fruits partent d’un port en Espagne. On peut penser que c’est par là que remonte aussi la drogue, mais on n’a jamais réussi à coincer un chargement. Laisse-moi appeler Diallo. »

Le grand lieutenant entra dans le bureau du commissaire juste après Juliette.

« Belkacem a bien un entrepôt en Espagne, à Alicante. C’est là que les primeurs arrivent du sud de l’Espagne ou du Maghreb avant d’être chargés pour la France, expliqua Ibrahim. Des camions font la route toutes les nuits.

— Vous pensez la même chose que moi ? demanda Ange à ses officiers.

— Les Russes veulent attaquer les lignes d’approvisionnement ? proposa Juliette.

— Les Douanes françaises et espagnoles n’ont jamais réussi à intercepter un camion contenant de la came. Comment pensent-ils y parvenir ? demanda Samira.

— Ça c’est la bonne question. Nous on utilise des moyens légaux, il y en a d’autres, répondit Ange.

— On ne peut pas intervenir en Espagne, commenta Juliette, et le temps qu’on sollicite la police espagnole, Dieu sait où il sera.

— Je peux faire une suggestion « off record » ? demanda Samira.

— Vas-y !

— Et si on laissait fuiter l’info auprès de Belkacem ?

— Tu veux dire l’aider à préserver son trafic ? demanda Ange.

— Je crois savoir comment fonctionne Belkacem, répondit Samira. Il ne se contentera pas de retarder les livraisons, je pense qu’il serait capable de monter un piège pour les Russes.

— Je ne me vois pas aller proposer ça au juge d’instruction, objecta le commissaire.

— Est-ce qu’il a besoin de le savoir ?

— Tu as raison, c’est « off record ». Ibrahim, Juliette, vous n’avez rien entendu. Cette conversation n’a jamais eu lieu. »

La nuit était tombée quand Ange passa la tête dans l’open-space du groupe 2.

« Sam, ça te dit de prendre une bière avec moi ?

— Un jus de fruit, si tu veux, mais dans un quart d’heure.

— Passe me prendre ! »

Il n’y avait pas encore trop de monde dans le bar quand Ange et Samira y entrèrent.

« Ce n’est pas trop ton genre, l’afterwork, de quoi veux-tu me parler ? demanda Samira une fois que le serveur eut apporté leurs consommations.

— Tu as raison, mais j’ai repensé à ce que tu as suggéré tout à l’heure.

— Et ?

— Je voulais vraiment que ça reste non officiel. On risque gros tous les deux si ça remonte aux oreilles de la hiérarchie ou d’un magistrat.

— On ne va pas envoyer une lettre recommandée à Belkacem, c’est sûr, mais on peut jouer ça plus subtilement.

— Qu’est-ce que tu as en tête ?

— Imaginons que l’on convoque l’un des lieutenants de Belkacem, on a des motifs de le faire avec la prostituée ou le Russe. Tu sais comment ça se passe, on le laisse mijoter quelques minutes dans un couloir, et là il surprend une conversation qu’il n’aurait pas dû entendre, à propos d’un sbire de Leonorov qui trainerait du côté d’Alicante. Abou n’est pas idiot, il saura faire le lien et après, ce n’est plus notre affaire. Au pire, il ne se passe rien et au mieux, on élimine une partie du problème.

— C’est un peu tordu et pas vraiment éthique, mais je reconnais que ça pourrait marcher.

— Tu préfères qu’ils règlent leurs comptes sur le pavé de Toulouse ?

— Non et le maire non plus.

— Si on est d’accord, je monte ça dès demain.

— Tu sais déjà qui tu vas cibler ?

— Kamel Soukhane, c’est l’homme qui supervise le trafic de stupéfiants sur les campus. Je suis sûre qu’il est derrière l’élimination du Russe de Rangueil. J’enverrai une équipe le choper à l’heure légale. De toute façon, ça fera toujours du bien de mettre un peu de pression du côté de Belkacem. »

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