Chapitre 30 - Du Temps Ensemble

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Le vendredi après-midi suivant, n’ayant pas de rendez-vous prévu avec Tristan, c’est le cœur léger que je m’apprête à partir en week-end plus tôt que prévu. La météo s’annonce ensoleillée et j’ai bien l’intention d’en profiter, après une semaine plutôt maussade ! Alors que j’attrape mon sac à main au vol pour m’en aller rapidement rejoindre la plage, Tristan apparait dans l’encadrement de la porte au moment où je m’approche, et je manque de lui rentrer dedans.

« - Oups, pardon… Tu t’en vas déjà ? me demande-t-il, surpris lorsqu’il relève la tête de son téléphone et s’aperçoit que je suis sur le départ.

- Oui ! Il n’y a pas de rendez-vous cette après-midi et le soleil semble nous faire grâce de sa présence, alors je comptais profiter un peu de ses rayons bienfaisants !

- Ah… »

Il semble extrêmement déçu et reste planté là, me barrant la route mais sans rien dire ni faire pour me retenir, l’air perdu.

« - A moins que… je commence à avancer. A moins que tu n’ais prévu autre chose ? Un rendez-vous dont je ne sois pas informée peut-être ??

- Non non ! Rien de prévu, me répond-il précipitamment.

- Parfait alors !! A lundi dans ce cas ! je m’enquière gaiement, en passant devant lui pour sortir du bureau.

- C’est juste que… » me coupe-t-il dans mon élan, alors que j’arrivais déjà au milieu dans le couloir.

Je m’arrête net, puis fais quelques pas en arrière pour le regarder d’un air dubitatif dans l’embrasure de la porte.

« - Oui ?

- C’est que je pensais passer le reste de la journée avec toi, en fait…

- C’est-à-dire ?? je l’interroge en clignant des yeux d’un air étonné.

- Eh bien… Je pensais que tu allais rester travailler ici… Et que tu me tiendrais compagnie…

- Ah… Oui… Euh… Eh bien, en fait… J’ai déjà terminé ce que j’avais à faire pour la semaine prochaine, donc… Je pensais pouvoir partir plus tôt du coup… Sauf si tu ne m’y autorise pas.

- Si si, bien sûr… Evidemment que tu peux… »

Il me regarde d’un air penaud en se frottant les cheveux, et je me sens subitement presque affligée de le laisser seul.

« - Bon… Eh bien… je m’avance en faisant mine de repartir. Bon week-end.

- A toi aussi… » souffle-t-il, visiblement déçu.

Alors que je suis presque au bout du couloir, j’entends courir derrière moi.

« - Attends ! me lance-t-il, avant que je ne me retourne d’un air ébahi. Tout bien réfléchi, je pourrais également attendre lundi pour terminer mon travail. Ça te dérange si je t’accompagne à la plage ? J’aimerai bien en profiter aussi, finalement ! »

Je rêve ou est-ce qu’il tente une nouvelle fois de s’imposer ??

« - Heum… C’est que… Je devais rejoindre des potes, en fait.

- Ah… Ou ça ?

- Dans un camping en bord de mer, qui appartient à un de mes amis.

- OK. Et euh… Je serais de trop ?

- Pas spécialement… dois-je avouer malgré moi. Mais euh…

- Je vois… Je ne suis pas le bienvenu…

- Non non ! Ce n’est pas ça ! C’est juste que…

- Tu comptes m’abandonner à mon triste sort, j’ai bien compris… me coupe-t-il, feintant une profonde détresse. Moi qui suis tout seul tout le temps et qui ne connais pas assez bien la Côte pour y aller par mes propres moyens… »

Raaaah ce qu’il peut m’agacer quand il prend son air de chien battu comme ça !

« - Bon, très bien… je soupire finalement. Tu n’as qu’à venir avec moi, alors… »

Son visage s’illumine instantanément. Le mien en revanche…


#

Ce week-end, c’est par mes propres moyens que je me déplace, Igor ayant le droit lui aussi à ses jours de repos. C’est donc au volant de mon bolide de compétition – ma magnifique et vieille 206 cabossée – que nous nous dirigeons vers la côte pour rejoindre le camping, après un passage éclair par nos appartements respectifs, le temps de prendre quelques affaires de rechange.

A peine le temps de se garer que mon ami Vincent se rue vers moi.

« - Hello ma belle !!! Toujours aussi canon, ma parole ! Comment vas-tu ? Ah tiens, tu as amené quelqu’un ?!

- Salut Vinc’ ! Oui, euh… Je te présente Tristan, c’est euh…

- Un ami d’enfance, intervient le principal concerné en lui tendant la main avec ce sourire charmeur qui lui va si bien.

- Okayyy… lui répond Vincent, en me jetant un rapide coup d’œil interrogateur. Bah, euh… Enchanté Tristan ! Plus on est de fous, plus on rit, comme on dit !! »

Tristan me regarde et me sourit d’un air entendu. Je me suis sentie gênée de devoir le présenter… Mais je lui suis reconnaissante d’avoir répondu à ma place et d’avoir trouvé la bonne excuse.


Nous suivons Vincent jusqu’à la réception pour y déposer nos valises, puis nous l’accompagnons jusqu’à la plage où nous retrouvons le reste de la bande. Certains flemmardent sur des transats, et d’autres jouent au beachvolley. Notre arrivée provoque des acclamations enthousiastes. Tout le monde vient m’embrasser chaleureusement, puis s’enquière de faire la connaissance de Tristan. Les garçons lui proposent de participer à leur match, ce qu’il accepte volontiers. Pour ma part, j’opte pour une séance de bronzage avec les filles, le tout avec une vue imprenable sur le terrain. Mes lunettes de soleil vissées sur les yeux, je peux ainsi aisément me rincer l’œil sur ces beaux mâles torses nus sans être inquiétée.

Je remarque que Tristan est un des plus sexy, malgré les beaux gosses que je compte quand même parmi ma bande de potes. Et il arrive à avoir la classe, même en short de bain ! Et puis soudain, je m’aperçois qu’il porte un tatouage tribal sur l’omoplate. Il représente une raie Manta de style maori. Tiens… C’est nouveau ça… Je ne l’avais pas encore remarqué. C’est plutôt joli.

« - Dis donc, toi ! me lance soudain Gwendoline depuis le transat d’à côté. Tu ne nous avais jamais parlé de ton ami d’enfance !? Tu aurais pu nous le dire que tu avais un autre BG dans tes fréquentations !!

- Heum… Oui… Mais en vrai, ce n’était pas prévu qu’il vienne, je lui réponds, légèrement gênée. Et on ne s’était pas revu depuis des années, je ne savais même pas qu’il était dans le coin…

- Il a bien fait de venir en tout cas !! J’en ferais bien mon quatre heure d’ailleurs, ajoute-t-elle en se mordillant la lèvre. Sauf si…

- « Sauf si » quoi ? je l’interroge, surprise, en la regardant par-dessus mes lunettes.

- Sauf si tu es déjà sur le coup, évidemment…

- Hein ?! Ah non non, pas du tout ! De toute manière, on est un peu en froid en vérité… Donc, je te le laisse sans problème !

- Ah bon ? intervient Margot. C’est marrant, parce que j’avais plutôt l’impression qu’il te plait bien au contraire…

- Pff, n’importe quoi…

- Vraiment ?! renchérit Fanny. Non parce que vu comment tu le mates depuis tout à l’heure…

- QUOI ?! N’importe quoi, c’est complètement faux ! Je, euh… Ce n’est pas lui que je regarde d’abord…

- Ah ? reprend Gwendoline. Qui ça, alors ??

- Euh… je réfléchis à toute vitesse. Maxime ! C’est Maxime que je regarde. Je trouve qu’il s’est encore musclé un peu plus, non ?

- Mouais… Admettons. »

Elles ne semblent pas convaincues. Pourtant je ne mens pas totalement : Je trouve Maxime de mieux en mieux bâti. Je crois me souvenir qu’il travaille dur à la salle de sport, et cela à l’air de porter ses fruits, lui qui était un peu potelé avant. Mais j’avoue que celui qui m’attire le plus, c’est bien Tristan. Mais ça, je me garderais bien de le leur dire.

« - Bon, bref ! reprend Gwendoline. Il est dispo, le beau Tristan, alors ?

- Absolument ! Libre comme l’air ! »

Et nous reprenons notre séance de bronzage en silence, Gwendoline aux anges, et moi légèrement paniquée à l’idée d’être démasquée.


***

Il a réussi son coup ! Le voilà qui entre enfin dans la nouvelle vie de celle qu’il aimerait reconquérir.

Il jubilait lorsqu’elle a accepté de l’emmener avec elle, même s’il a réussi à se contenir en sa présence. Le trajet était une véritable torture pour son cœur, encore une fois, mais ils ont pu parler un peu plus, en toute amabilité depuis leur week-end ensemble chez sa mère, et cela lui convient.

Il a remarqué sa gêne aussi, lorsque son ami lui a demandé qui il était. Et il a bien senti son regard reconnaissant lorsqu’il lui a sauvé la mise. D’autant qu’il n’a pas tout à fait menti.

Le décor est plutôt plaisant, et il est heureux de pouvoir se divertir un peu, pour une fois. Cela faisait un bail qu’il n’avait pas pris le temps d’aller à la plage, juste pour profiter d’un moment de détente. Ses amis sont très sympathiques et l’ont très vite intégré, et il s’amuse beaucoup. En plus, la brochette de jolies femmes qui lui servent de copines est fort agréable à regarder !

Mais il n’a d’yeux que pour une seule. Cette splendide créature en bikini rouge et aux jambes élancées qui fait chavirer son cœur. Elle est ultra sexy dans cette tenue qu’il connait déjà, pendant qu’elle bronze tranquillement au soleil sur son transat, Comme chez sa mère, cela lui donne des frissons à chaque fois qu’il l’observe.

Il n’en mettrait pas sa main à couper, mais il lui semble sentir son regard sur lui. Il ne pourrait le jurer à cause de ses lunettes de soleil, mais il est persuadé qu’elle l’observe également à la dérobée. Comme toutes les autres, à priori ! Lui et ses nouveaux compères s’en amusent d’ailleurs, et friment un peu, jouant les bodybuildeurs sur le sable chaud à chaque point marqué.

Tant que, elle, elle le regarde, rien d’autre n’a d’importance.

***

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