Chapitre 31 - Camping Paradis
Après notre séance bronzage, les hommes nous proposent de participer à un match. J’accepte, en compagnie de Fanny et de Margot. Nous sommes donc dispatchées dans chacune des équipes, et je me retrouve face à mon ex.
Le combat est rude, mais je n’ai pas l’intention de laisser un seul point à mon adversaire. Je me rue sur chaque ballon qui revient dans notre camp, et n’hésites pas à frapper fort lorsque je le renvoie dans sa direction. Notre esprit de compétition prend le dessus, et je sais qu’il ne lâchera rien non plus. Je nous soupçonne même tous les deux de régler intérieurement nos comptes par l’intermédiaire de ce match. L’ambiance est toutefois bon enfant, et nous rions tous ensemble, chahutant comme des gamins. C’est finalement mon équipe qui remporte la partie.
Après cette bonne séance de sport, Vincent nous prévient qu’une soirée karaoké est prévue ce soir au bar de la plage, et nous invite vivement à y participer. Nous retournons donc vers la réception pour rejoindre nos locations. Les garçons proposent à Tristan de se joindre à eux dans leur tente pour le week-end, tandis que je prends mes quartiers dans le bungalow des nanas. Pour ne pas déroger à la règle, les copines et moi prenons un certain temps à nous préparer pour la soirée, tenue correcte oblige !
Lorsque nous revenons enfin au bar, c’est toutes pomponnées et apprêtées que nous débarquons en force. Les garçons nous attendent déjà, tous élégamment vêtus, et nous sifflent ouvertement à notre arrivée. Les musiques s’enchainent ensuite, et les cocktails avec. Je suis dans mon élément, je retrouve ma bande de potes avec beaucoup de plaisir. J’adore passer des moments de complicité avec mes amis, rire, manger, boire… et danser aussi ! On peut dire que nous mettons l’ambiance au camping, d’ailleurs !
Nathan et Margot roucoulent gentiment – ils sont trop mignons ces deux-là ! – et Maxime m’invite pour la dixième fois à danser avec lui. Il sait pourtant que je ne suis pas une grande danseuse, mais je le soupçonne de profiter un peu trop de l’occasion pour être dans mes bras. Je sens le regard insistant de Tristan sur moi, mais je remarque qu’il a la décence de me laisser jouir de mes amis sans vouloir s’en mêler. Je profite de chaque instant en leur compagnie, me lâchant complètement. Je suis moi ce week-end, pas Lola « L’assistante de star ».
Au bout de quelques verres, les langues se délient. J’aperçois Tristan accoudé au bar, en grande discussion avec Karim le barman. Au vu des regards que ce dernier me lance, ils parlent de moi… Et alors que le karaoké s’épuise, Maxime m’interpelle.
« - Lo-la ! Une chanson ! Lo-la ! Une chanson !
- HEIN ?! Ah non !! Non, non, non ! Sûrement pas !
- Ah si ! s’exclame-t-il. Tu ne vas pas te débiner cette fois, non mais ! Tu nous as déjà fait le coup la dernière fois !
- Ah bah oui, allez ! Lola, s’il-te-plait ! surenchérit Fanny. En plus, tu as une très belle voix !
- Pff, n’importe quoi ! »
Je me sens rougir. Les traitres ! Comment peuvent-ils me faire ça ? Et devant Tristan en plus !!
« - Rooh, allez quoi ! vient s’en mêler Gwendoline. On a tous déjà chanter ce soir ! Si tu veux, je te choisis même une chanson que tu as déjà chanté, et que je sais que tu maîtrises ! »
Je ne me sens pas rassurée pour autant ! Remarque, c’est probablement la seule à m’avoir déjà entendu chanter réellement, et à pouvoir choisir la chanson adéquate.
Avant même que je ne puisse réagir, Margot me flanque le micro dans les mains et Nathan me pousse sur la petite estrade, devant l’écran plat qui sert de prompteur. Et sans que je ne comprenne comment j’avais atterri là, Gwendoline se précipite vers le pupitre pour lancer la musique depuis l’ordinateur.
Dès les premières notes, je reconnais aussitôt la mélodie. Je connais effectivement cette chanson par cœur, mais je sais également qu’elle comporte une note très aigue et difficile à atteindre. Ça promet… Lorsque le texte apparait, je commence alors à chantonner.
***
Il est en grande discussion avec le barman au sujet de Lola, qui ne tari pas d’éloge sur elle, lorsqu’une voix harmonieuse entonne la chanson qui s’est mise en route dans le karaoké.
D’abord surpris, il continue toutefois sa conversation. Mais son oreille est irrémédiablement attirée par les sons mélodieux qui s’échappent des hauts parleurs. Tournant le dos à la salle, il ne voit pas celle qui a été invitée sur l’estrade, et qui chante si merveilleusement bien. Il s’excuse aimablement auprès de son interlocuteur, et décide de se lever afin de me distinguer l’origine de ce délicieux récital, et encourager comme il se doit la protagoniste.
C’est alors qu’il la voit. C’est elle, sa sublime ex petite amie, en train de se déhancher sur l’estrade au rythme de la musique, tenant le micro fermement dans la main. Elle semble doucement se mettre à l’aise, s’appropriant la chanson, entrant petit à petit dans la peau d’une chanteuse à succès à mesure qu’elle prend confiance. Et cette voix… Il n’en revient pas. C’est un talent qu’il ne lui connaissait absolument pas !
Il se rapproche lentement en clignant des yeux, les mains dans les poches, stupéfait qu’il s’agisse bien d’elle, subjugué par les sons qui sortent de sa bouche. Et alors, l’impensable se produit : La chanson grimpe subitement dans les aigus, et Lola atteint une note insensée.
Il se fige brusquement sur place et la fixe des yeux, ébahi, sa bouche s’ouvrant de stupeur, impressionné par sa performance. Les autres l’acclament avec ardeur. Elle rayonne. Il est sous le charme.
***
Je n’en reviens pas ! J’ai atteint cette foutue note !
Moi-même surprise, je me sens soudain libérée de la pression et continue le refrain avec encore plus de ferveur. Je m’imprègne complètement de la musique, jusqu’à la dernière parole où je me fige le bras en l’air et les jambes écartées, fermant les yeux puis basculant la tête en arrière pour accompagner la dernière note vers le ciel, telle une diva.
Les filles hurlent et scandent mon prénom, comme des groupies. Les mecs me sifflent et m’applaudissent bruyamment, un sourire mielleux au visage. Je ris de bonheur en reprenant mon souffle. Je ne me suis jamais autant lâchée. J’ai l’impression d’avoir été une autre personne pendant ces quelques minutes !
Et alors, je l’aperçois au loin. Il est planté au milieu de la salle, sa bouche légèrement entrouverte, ses yeux écarquillés fixés sur moi. Je plonge mon regard dans le sien, presque par provocation, au comble de la fierté.
Maxime vient m’aider à descendre de l’estrade, et je perds le contact visuel avec Tristan. Il m’attrape par les hanches et me soulève sans aucun problème, puis me fait tourner en l’air avant de me déposer enfin sur la terre ferme.
« - Wouahou, Lola ! Mais tu chantes super bien en fait ! s’exclame-t-il, me maintenant toujours par la taille.
- Merci ! » je lui réponds avec le sourire, les mains sur ses épaules carrées.
Gwendoline s’affale brusquement dans mon dos, les bras autour de mon cou, et dépose un énorme baiser sur ma joue.
« - Je savais que tu y arriverais ! » me lance-t-elle avec compassion, en resserrant son étreinte. T’es vraiment la meilleure !
Après cette effusion de félicitation et d’amitié, je me sens tellement aimée et parfaitement bien entourée. Néanmoins, j’ai l’impression qu’il me manque encore une petite chose pour être complètement au comble du bonheur. Une seule et dernière approbation, dont je ne pensais pourtant pas avoir besoin.
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