Chapitre 33 - Le Jour où J'ai Failli

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Voilà qui alimente encore plus mon grand débat intérieur.

Cela dit, je fais mine de rien et nous passons tous ensemble ces quelques jours festifs et amicaux dans une ambiance chaleureuse et bon enfant. Je surprends de temps à autre les regards courroucés de Gwendoline, son sourire taquin, mais je ne lui donnerai pas cette satisfaction et je feins de ne pas comprendre ses sous-entendus tout au long de ce week-end.

En revanche, afin de ne pas éveiller encore plus ses soupçons, je suis un peu plus distante avec Tristan. Et il le ressent très vite…


Pour notre dernier repas collectif, c’est mon tour de nettoyage. Les bras chargés de la grande bassine pleines de vaisselle en plastique réutilisable, je me dirige tant bien que mal vers les sanitaires. A mi-chemin, j’entends une personne arriver précipitamment derrière moi.

« - Attends ! Tu veux un coup de main ? me demande Tristan en tendant les bras.

- Non, ça ira, merci. » Je lui réponds un peu sèchement, et repoussant vivement la bassine de ses mains tendues.

Il me laisse donc avancer et me suit jusqu’aux lavabos, où je dépose le grand récipient, essoufflée.

« - Tu es sûre que tu ne veux pas un peu d’aide ? me demande-t-il avec son sourire des plus aimable.

- Non, ça va, j’te dis !!

- Euh… OK… Il y a un problème avec moi ?? me demande-t-il, alors que je lui tourne ostensiblement le dos.

- Non. Pourquoi ?

- Je ne sais pas… Je te sens… distante… »

Baissant les yeux, légèrement honteuse, je m’attèle alors avec vigueur à frotter la vaisselle.

« - Non, non. Tout va bien, je t’assure, je lui rétorque sans lever les yeux.

- Ce n’est pourtant pas l’impression que j’ai… C’est à cause de tes amis ?

- Hein ?! Non, pas du tout ! Pourquoi voudrais-tu qu’il y ait un problème avec mes amis ??

- Je ne sais pas, justement… Ça t’embête que je sois présent, finalement, non ?

- Non non…

- Alors c’est quoi le problème avec moi ?

- Aucun, je te dis. »

Je ne sais plus quoi dire… Je ne trouve plus d’excuses valables…

« - C’est faux, et tu le sais très bien… me murmure-t-il en se rapprochant de moi lentement.

- Tu te trompes, je n’ai aucun problème avec toi. »

Essayant de cacher ma gêne, je garde mon attention rivée sur ma vaisselle, la mâchoire crispée. Mais cela ne suffit apparemment pas, et mes mains commencent à trembler à vue d’œil…

« - Bon… Écoutes, Lola, s’emporte-t-il subitement en tirant vivement sur mon bras pour que je lui fasse face. Si tu as quelque chose à me dire, j’aimerais autant que tu me le dises franchement. Je croyais qu’il n’y avait plus d’animosité entre nous désormais. Je croyais que nous étions passé à autre chose, toi et moi. Je ne te comprends pas… Mais je ne supporterai pas de me retrouver de nouveau face à un mur. J’ai fait beaucoup trop d’efforts pour améliorer notre relation, pour que tu fasses si brutalement volteface sans raison ! »

Durant son discours, il m’a poussé en arrière, et je me retrouve plaquée dos au mur, sa main encore fermement agrippée à mon biceps. Son visage est à quelques centimètres du mien. Je sens son souffle sur mes joues, la chaleur de ses lèvres si proches des miennes… Mon cœur s’emballe, ma respiration s’accélère. Il a ses yeux plongés dans le miens avec tant d’ardeur… Ma bouche s’ouvre, mais aucun son n’en sort. Je suis tétanisée. Et soudain je me rends compte que je suis encore totalement éprise de cet homme qui attise mon désir avec tant de force.

« - Je… » bafouillé-je sans trouver les mots, l’esprit embué par l’attraction profonde qui m’envahie.

Mes yeux alternent entre ses yeux et sa bouche, à une vitesse folle. La tension est électrique, l’attirance encore plus forte. Je lutte intérieurement pour ne pas céder à la tentation irrépressible de poser mes lèvres sur les siennes. Elles sont si proches de moi, et semblent encore si douces…

Je me reprends subitement et essaie de retrouver une contenance face à lui. Je ne dois pas craquer !

« - Je n’ai rien à te reprocher, si c’est ce que tu veux savoir, je lui siffle entre les dents, en fronçant les sourcils.

- Alors, quel est le problème ?

- Il n’y a pas…

- Non ! Ne me dis pas qu’il n’y en a aucun ! Je veux savoir. Pourquoi sembles-tu si distante tout à coup, alors que je pensais avoir retrouver un semblant de bonne entente entre nous ? Qu’ai-je bien pu faire pour mériter de nouveau ton mépris ?

- Rien ! Absolument rien !

- Peut-être est-ce là le problème, alors ??

- Quoi ?!

- Je ne suis pas stupide, Lola. J’ai bien remarqué tes petits regards. Ne me dis pas que tu ne ressens plus rien pour moi, je ne te crois pas…

- C’est n’importe quoi… Et puis lâches-moi, tu me fais mal !

- Alors, vas-y ! Dis-moi clairement que tu ne m’aimes plus dans ce cas ! »

Je suis scotchée. Les yeux écarquillés de stupeur, la bouche entrouverte, le cœur battant à tout rompre, je reste muette. Je n’arrive pas à lui dire ces quelques mots… Je n’ai qu’une seule envie : l’embrasser.

C’est alors qu’apparait Maxime, en sifflotant. Surpris de nous trouver ainsi, il se fige soudain, l’air scandalisé.

« - Tout va bien ? » me lance-t-il, en fronçant les sourcils d’un air suspicieux.

En entendant sa voix derrière lui, Tristan relâche aussitôt son emprise mais ne me quitte pas des yeux, les sourcils froncés et le regard ardant.

« - Oui, oui… je lui réponds tant bien que mal, en me frottant le bras, mon regard toujours accroché à celui de Tristan.

- Tu es sûre ?? insiste Maxime, en faisant un pas vers Tristan d’un air menaçant.

- Oui oui, je te dis ! Ça va, ne t’inquiètes pas… je réponds en réussissant enfin à me détacher de mon ex.

- Bien… Je vous laisse, souffle alors Tristan avant de sortir des sanitaires, non sans un regard mauvais vers Maxime.

- Qu’est-ce qu’il a, lui ?? s’indigne Maxime en le regardant s’enfuir. Il a pété un câble ou quoi ?! Il t’a fait mal ?? ajoute-t-il en s’apercevant de la marque rosie sur ma peau.

- Hein ?! Ah non non, ne t’inquiètes pas ! je m’enquière précipitamment, en suivant son regard. C’est… C’est juste un malentendu, c’est tout…

- Hmm… Tu sais, s’il t’a menacé ou autre… Tu peux me le dire, hein.

- Mais non, absolument pas voyons !

- Ah bon… »

Toujours suspicieux, il me fixe en relevant un sourcil.

« - Ce n’était pas l’impression que ça donnait pourtant… J’espère qu’il ne lèvera jamais la main sur toi, cela dit ! Parce que moi, je lui pète les dents sinon !!

- Non mais vraiment, ça va, Maxime ! je glousse légèrement. Ne t’inquiète pas. L’affaire est réglée de toute façon… »

L’affaire n’est absolument pas réglée, au contraire ! Je n’ai pas réussi à prononcer les mots fatidiques, et par ce biais, j’ai laissé la porte ouverte à un espoir… Et je m’en veux !

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