Chapitre 35 - Voyage Inopiné

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Après son interview pour une revue financière reconnue, Tristan remercie chaleureusement le journaliste, puis se rapproche lentement de moi, hésitant, en se frottant le menton d’un air songeur.

« - Hum, hum, toussote-t-il. Euh… Lola ?

- Oui ?

- Dis, euh… commence-t-il en bafouillant. Je voudrais… Enfin, je… Je voudrais me faire pardonner de mon comportement inacceptable du week-end dernier.

- Ah ! Oh ! Mais non, ce n’est vraiment pas la peine…

- Si, si, me coupe-t-il. J’insiste. Je sais que tu n’as pas l’air d’avoir envie d’en reparler, mais moi je m’en veux terriblement…

- Ne t’en fais pas, tu es tout excus’…

- Je voudrais que tu m’accompagnes pendant mon voyage d’affaires de cette semaine. »

Je suis prise au dépourvue, et je ne sais que répondre. Je reste donc stupéfaite et muette, à le regarder bêtement la bouche entrouverte.

« - A défaut de me trouver une excuse valable, reprend-il, j’aimerai… Me racheter. Si tu le permets. »

Dois-je accepter ? Est-ce un piège ? Il semble pourtant sincère et tellement confus… Après un long silence, il argumente sa demande.

« - J’aimerai que tu puisses toi aussi profiter de ce séjour dans l’hôtel cinq étoiles que tu m’as dégoté. Tu mérites, toi aussi, de profiter un peu… Enfin… D’avoir au moins quelques avantages à travailler avec moi, quoi…

- Mais je…

- De toute façon, je vais avoir besoin de toi ! En tant qu’assistante, je veux dire… »

Le message est clair : Je n’ai donc d’autre choix que d’accepter.

#

Dans son jet privé qui nous emmène à Monaco, je sens une légère tension, et Tristan semble perturbé. Pendant que je lis tranquillement, il triture ses doigts, puis finit par se lancer.

« - Il faut que je t’avoue…, commence-t-il, un peu gêné. Si je t’ai proposé de venir avec moi, c’est avant tout pour m’excuser comme il se doit pour ce qu’il s’est passé ce week-end…

- Ah je vois… Ce n’était donc pas…

- Laisse-moi finir s’il-te-plait, me coupe-t-il rapidement. Hum… Je disais donc : Je tenais vraiment à m’excuser, je n’aurais pas dû m’emporter comme ça… Je ne voulais absolument pas te blesser, et je m’en veux de t’avoir traité de la sorte. C’était… stupide de ma part. Désolé… »

Un silence gêné s’installe entre nous. J’attends un peu, pour être sûre qu’il a fini son discours, avant de lui répondre.

« - Ce n’est rien, je t’assure.

- Et ton bras ? me demande-t-il en me regardant à peine.

- Ça va je te dis ! Regarde, il n’y a plus rien ! j’ajoute en lui montrant mon biceps.

- Bien… Tant mieux… Je ne voulais pas… Enfin, j’avais peur de… Je m’en serais voulu longtemps de t’avoir fait du mal.

- Mais ça n’est pas le cas » je lui réponds avec un sourire réconfortant.

Après un court instant, je reprends, pensive :

« - C’est pour ça que tu m’as fait venir ?

- Oui, euh, non… Enfin… Je voudrais juste me faire pardonner, oui… tente-t-il de se justifier en se grattant la tête.

- Tu n’avais pas besoin de faire ça…

- Mais tu le mérites. Après tout, tu organises sans cesse des voyages magnifiques aux autres, mais tu n’en profites jamais. Je me suis dit que c’était l’occasion… Et puis, c’est vrai que je vais avoir besoin de toi ! J’ai toujours besoin de toi… »

Surprise, je lâche un petit rire crispé et je me sens rougir, avant de me reprendre et de me replonger dans ma lecture.

La journée se passe ensuite de façon bien plus détendue, et nous enchainons les rendez-vous dans ses succursales dans la Principauté. Le soir, nous dinons ensemble au restaurant de l’hôtel, dans une ambiance plutôt amicale. C’est la première fois que je loge dans un cinq étoiles. Habituellement, je ne fais que les voir en photo, alors tout me parait si beau et si grand en vrai. On dirait une petite fille à Disneyland ! Ce qui amuse beaucoup mon séduisant client, qui me regarde avec tendresse lorsque je m’émerveille de tout ce luxe autour de moi.

Au moment de rejoindre nos chambres respectives, Tristan attrape ma main et la porte à sa bouche, pour y déposer un baise-main délicat, avant de me souhaiter une bonne nuit, dans un sourire si doux et attentionné.

Perturbée par ce geste tendre et par ses excuses dans l’avion, je ne trouve pas le sommeil. Après avoir tourné mainte et mainte fois dans le lit King-size de ma suite, après avoir lu et relu tous les magazines à ma disposition et observer la vue depuis la grande fenêtre, je me décide finalement à sortir pour prendre l’air, espérant ainsi me faire enfin happée par les bras de Morphée en rentrant.

Il est presque minuit. Au rez-de-chaussée, le bar de l’hôtel me parait soudain morne et taciturne, vidé de son ambiance chaleureuse par le manque de visiteur, et ne m’incite guère à y aller. J’aperçois alors, sur le trottoir d’en face, un petit bar animé qui me semble plus approprié pour une virée nocturne.

Lorsque j’entre, personne ne se retourne. Deux bikers jouent au billard, pendant que quatre ou cinq autres hommes picolent, l’un avachi sur une table, et les autres accoudés au bar. Je m’y installe à mon tour et commande une bière au barman, tatoué sur la quasi-totalité du corps, une clope au bec. Alors que je bois tranquillement, le regard dans le vide, un des hommes se rapproche de moi, faisant glisser son verre sur le comptoir crasseux.

« - Salut, poulette ! me lance-t-il, l’alène fortement alcoolisée. Qu’est-ce tu fais ici toute seule, en pleine nuit ?

- La même chose que vous, je crois : Je bois, je lui réponds poliment en évitant d’être trop agressive et désagréable.

- Seule ?

- Oui, comme vous pouvez le constater.

- C’est quoi ton p’tit nom, beauté ? »

Pour éviter de répondre, je reprends une gorgée de mon breuvage sans le regarder. Mais cela n’a pas l’air de l’arrêter pour autant…

« - Moi c’est Johnny, continue-t-il sans s’apercevoir de ma réticence, complètement ivre. C’est triste de boire seule, non ? Il t’faudrait un peu d’compagnie, peut-être ?

- C’est gentil, mais ça ira…

- Tu sais que t’es bien jolie, ma belle. Moi, j’aimerai bien que tu m’tiennes compagnie. Ou aut’ chose, d’ailleurs ! HA HA HA !! »

Sa réflexion et la manière dont cela le fait visiblement pouffer de rire me dégoute. Mais je préfère ne pas relever et me replonge dans ma chope, en essayant de ne plus prêter attention à ce gros lourdaud, qui se rapproche dangereusement de moi.

« - Hé ! m’interpelle-t-il alors. J’te parle, poupée ! Vas-y fais pas ta mijaurée, là ! Tu m’plais bien, tu sais ! On va passer une bonne soirée à deux, tu verras ! »

Emporté dans sa drague douteuse, il m’enlace et m’attire à lui, tentant de m’embrasser de force. Je le repousse une première fois, mais son regard s’illumine d’excitation face à mon refus et il revient à l’assaut, plus viril et insistant encore, ses mains me tripotant de toute part.

Je me souviens soudain des cours de self-défense que j’ai pris il y a quelques années. J’attrape alors son poignet et le tort vivement, avant d’appuyer fortement sur son omoplate. Dans mon élan, je ne maîtrise pas totalement la distance ni ma force, et l’homme se fracasse le nez sur le rebord du comptoir. Surprise moi-même par la violence du choc, je le relâche aussitôt et recule lentement, un peu sonnée.

C’est alors que je sens derrière moi une présence massive. Mon poignet se retrouve brusquement plaqué dans mon dos, et un bras musclé m’enlace le cou.

« - Alors, bébé ? On s’attaque à un homme sans défense ? me susurre mon nouvel agresseur. C’n’est pas gentil, ça, dis donc ! Une si jolie minette pourtant… »

Avec ma main libre, j’arrive à remonter légèrement son avant-bras qui me tient fermement, et je le mords avec force. L’homme crie un coup et me lâche aussitôt, puis masse sa peau meurtrie avant de me lancer un regard plein de haine. Il grogne alors comme un ours, et se jette à nouveau sur moi. Prise de panique, je tourne rapidement les talons et me précipite vers la sortie, dans une vaine tentative de fuite.

Grossière erreur, apprise pourtant lors des séances d’auto-défense, Lola !

Il me rattrape très vite, et tire sur mon bras pour me ramener à lui avant de saisir ma mâchoire entre ses gros doigts crasseux. Il me plaque contre le mur et me soulève légèrement. Je ne sens presque plus le sol sous mes pieds. Je lis dans ses yeux toute sa fureur et sa détermination à se venger. J’essaie désespérément de me débattre, en tentant de desserrer son étreinte avec mes mains ou de le repousser avec mes jambes.

« - Ah, on rigole moins, là, hein ?! me crache-t-il au visage, ses yeux me fusillant littéralement. Tu vas faire quoi maintenant ? Hein ? T’inquiètes pas, moi, j’ai une petite idée… »

Sa bouche est à quelques centimètres de mon visage. Je sens son alène chaude et putride, qui me donne des haut-le-cœur. Ses doigts se glissent dans mon décolleté et tirent le tissu pour dévoiler malgré moi ma poitrine. Je le repousse vivement, mais il se débat et me flanque une gifle, avant de m’attraper rapidement les poignets pour les plaquer dans mon dos, me maintenant ensuite avec force, d’une seule main, face contre le mur. Il passe alors sa langue sur sa lèvre, son visage contre ma joue, son souffle chaud dans ma nuque, et sa deuxième main descend lentement le long de mon corps pour arriver jusqu’aux pans de ma robe, qu’il commence à remonter, me donnant la nausée. Il positionne ses jambes entre mes cuisses afin que je ne puisse plus l’atteindre, colle son bassin contre mes fesses et se frotte alors de manière explicite et écœurante. Je sens monter son érection, et j’ai subitement envie de vomir. Puis j’entends un bruit de fermeture éclair, et je comprends avec effroi que je suis perdue.

« - Toi et moi, on va s’amuser un peu… »

Je suis fichue… Mon compte est bon… Quelle idée de te balader dehors en pleine nuit, seule et en robe qui plus est…

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