Chapitre 36 - Agression

4 minutes de lecture

Alors que je perds tous espoirs de m’en tirer indemne, fermant les yeux en attendant mon exécution, j’entends une voix que je ne connais que trop bien.

« - Je serais toi, je ne ferais pas ça. »

Suffocante, la joue écrasée contre le mur, je rouvre les yeux subitement, stupéfaite. Mon agresseur relâche sa prise et se retourne, étonné, cherchant l’origine de cette rébellion. Je me retourne à mon tour pour découvrir la scène : Tristan tient l’homme au nez cassé par les cheveux, debout face à nous. En sang, celui-ci, qui s’est présenté comme prénommé Johnny, se retrouve en joug, une lame de rasoir collée contre sa joue.

« - De quoi j’me mêle, toi ? grogne mon agresseur, la stupeur passée.

- Je ne lui ferais rien, continue Tristan, l’air menaçant. Si vous la relâchez immédiatement. Sinon…

- Sinon quoi ? siffle entre ses dents l’homme qui m’a de nouveau attrapé par la mâchoire et m’a replaquer contre le mur avant que je ne m’échappe.

- Sinon ? Eh bien, je crois que ton pote va avoir un rasage gratuit, susurre mon sauveur, l’air sévère, un sourire narquois aux lèvres. Un rasage de très, TRÈS près…

- Bah vas-y, qu’est-ce que ça peut me faire, tente mon assaillant.

- Ah ? OK. »

Il fait glisser la lame le long de la joue de Johnny jusqu’à son cou, la positionnant sous son menton, puis presse légèrement le rasoir. Une goutte de sang perle alors et dégouline sur la peau déjà souillée par le liquide provenant de son nez.

Je sens la pression de mon agresseur diminuer légèrement dans sa main, après un imperceptible tressaillement, la peur commençant à l’envahir. J’en profite pour tenter de desserrer son étreinte, mais celui-ci se reprend aussitôt, et ma tentative reste vaine.

« - Relâche-la, insiste Tristan. Ou je tire un coup sec.

- Qu’est-ce que tu lui veux, à cette poupée ? C’est ta meuf ??

- Je te demande simplement de la relâcher. Le reste ne te regarde pas, lui répond mon ex, plein d’assurance et de calme.

- Je l’ai vu en premier ! s’exclame brusquement Johnny, en recrachant quelques gouttes de sang.

- Ferme-la toi, je ne t’ai pas sonné, lui assène Tristan, en tirant sur ses cheveux pour le faire taire. Alors ? reprend-il à l’attention du second homme.

- Attends ton tour, crache mon agresseur d’un air triomphant, en m’attirant à lui avec ardeur.

- OK. Tant pis. »

Et Tristan appuie sa lame encore plus fort sur la peau du pauvre Johnny, qui se met alors à brailler de douleur, le sang coulant désormais à flots sur son cou.

« - AAAAHH !! Putain ! Arrête, salopard !!! » hurle-t-il en se débattant.

Mais plus il se débat, plus la lame s’enfonce dans sa chair.

« - Je continue ? demande Tristan à celui qui me tient toujours fermement la mâchoire, avant d’accentuer encore un peu sa pression sur son arme.

- AAAAHH AAAH ! Mais putain, mais relâche-la Bob, MERDE !! Ce salaud va me saigner comme un porc !!! Ça n’vaut pas l’coup sérieux !! C’est qu’une nana, après tout !!

- OK, OK ! s’exclame précipitamment le dénommé Bob, en levant une main en signe de paix. OK… Je la relâche, si tu arrêtes.

- Toi d’abord. » lui ordonne Tristan.

Bob me lance un regard noir, puis finit par relâcher doucement sa prise. Et enfin, après un dernier petit rictus de mépris à mon encontre, il me repousse violemment en arrière, en direction de Tristan et de son ami en sang.

Aussitôt, Tristan pousse Johnny en avant et me rattrape de justesse, avant que je ne m’effondre à terre. Il me relève, et je lis dans ses yeux une pointe d’inquiétude. Mais il n’a pas le temps de me dire quoi que ce soit.

« - Le salaud ! beugle Johnny, en s’agrippant à son ami et en se tenant le cou. Tout ça pour une connasse ! Tu n’paies rien pour attendre, espèce de…

- T’en veux encore, peut-être ? le coupe Tristan, pointant sa lame vers lui de nouveau, tout en me faisant passer derrière lui pour me mettre à l’abri d’un éventuel nouvel assaut.

- DEHORS ! hurle soudain le barman d’une voix grave.

- Vas-y c’est bon, siffle Bob à Johnny. Viens, on s’en va. T’as raison, elle en vaut pas la peine de toute façon. Et puis c’est mal famé ici, en plus. »

Sur ce, il crache à terre, aux pieds de Tristan, et les deux compères sortent rapidement du bar, sans demander leur reste.

Lorsque nous nous retournons, le barman nous fixe d’un œil mauvais, et nous comprenons que nous sommes également concernés par son ordre.

Tristan claque un gros billet sur le comptoir, l’air furieux.

« - Gardez la monnaie, raille-t-il, visiblement en colère. Cela compensera votre manque d’héroïsme. »


#

Tristan me soutient pour marcher et me ramène jusqu’à l’hôtel dans un silence pensant. Il ne me dit pas un mot avant d’arriver dans l’ascenseur. Lorsque les portes se referment sur nous, il se retourne brusquement vers moi et m’attrape les épaules avec compassion.

« - Ça va ?? me glisse-t-il doucement.

- Ou-Oui… j’articule difficilement, ma mâchoire me faisant légèrement mal.

- Mais qu’est-ce qu’il t’a pris de sortir toute seule comme ça ?! s’énerve-t-il soudain.

- Je… J’avais besoin de prendre l’air…

- Pourquoi tu n’es pas venue me voir ?

- Je ne voulais pas te déranger… Si tu dormais… »

Il soupire fortement et secoue la tête en signe de dépit.

« - Heureusement que je ne dormais pas, justement… Je t’ai vu sortir en regardant par la fenêtre. Une chance pour toi, visiblement…

- Ou-Oui… J-Je suis désolée… je sanglote, alors que de grosses larmes commencent à couler le long de mes joues malgré moi.

- Oh non ! Ne pleure pas… Ce n’est pas grave… soupire-t-il en se radoucissant. C’est fini maintenant. »

Il frotte délicatement mes épaules pour me réconforter, puis pose ses mains sur mes joues et essuie mes larmes avec ses pouces.

Les portes s’ouvrent sur notre couloir d’étage. Nous sortons l’un après l’autre, et Tristan me raccompagne jusque devant ma porte de chambre, jouxtant la sienne.

« - Ça va aller ? me demande-t-il tendrement en posant de nouveau une main sur ma joue.

- Je crois… Oui… »

Il soupire et, subitement, sans crier gare, il me prend dans ses bras pour me serrer très fort contre lui. Je ne peux retenir mon émotion plus longtemps, et je fonds en larmes, l’enlaçant à mon tour, la tête enfouit dans son t-shirt.

Annotations

Vous aimez lire Mushu80 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0