Chapitre 37 - Réconfort

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***

Il a eu si peur pour elle…

Il jouait le caïd avec sa lame de rasoir, mais en vérité, il n’en menait pas large.

Lorsqu’il est rentré dans le bistrot, quelques minutes après elle, il a assisté à ce spectacle avec horreur : Assise devant le bar, devant le barman insensible à sa détresse, elle se faisait accoster par ce mec visiblement ivre mort et très entreprenant. Mais à sa grande surprise, d’un coup, elle lui a explosé le nez sur le comptoir ! S’il s’attendait à ce qu’elle sache si bien se défendre… !

Ensuite, le second type l’a attrapé et menacé sexuellement, et en une fraction de seconde, il a décidé d’intervenir. Tout s’est passé très vite. Il n’a pas réfléchi, c’était instinctif : Il devait venir à son secours. Heureusement pour lui, son stratagème a fonctionné. Il ne sait pas trop ce qu’il aurait fait sinon…


Dans l’ascenseur, lorsqu’il a aperçu les marques sur ses joues, une fureur indescriptible s’est emparée de lui. Et lorsqu’il a croisé son regard, il a senti toute sa terreur, et cela lui a fendu le cœur.

« Comment ont-ils osé poser leurs sales pattes sur elle ?? »

En marchant derrière elle dans le couloir, il l’observe. Elle a les bras croisés sur sa poitrine, comme pour se protéger encore de ses agresseurs. Sa démarche est titubante, mal assurée. Elle semble soudain si faible…

Debout face à face, devant sa porte, il n’en peut plus. Il a envie de la réconforter, de la serrer dans ses bras, de lui dire que tous les hommes ne sont pas comme ceux-là. Qu’il sera toujours là pour elle, et qu’il s’en veut de ne pas avoir été là avant que cela n’arrive. Qu’il ne la laissera plus jamais seule, qu’il la protègera toujours…

Et puis, d’un coup, son instinct prend le dessus, et ses bras se referment sur elle.

Il la sent se relâcher complètement, évacuant toute la tension. Elle semble si fragile subitement. Elle pleure toutes les larmes de son corps, comme pour exorciser ce qu’elle a vécu. Il sent ses doigts se resserrer sur son dos, son petit corps frêle se blottissant de plus en plus contre lui. Alors il resserre également son étreinte, posant sa tête sur la sienne et la berçant légèrement pour la calmer.

Bizarrement, et malgré la situation, il se sent terriblement bien. Et il sourit de bien-être.

***


Après quelques minutes qui paraissent des heures, je me reprends doucement. Mes sanglots s’atténuent, et je finis par me décoller lentement de lui. J’essuie mes dernières larmes d’un revers de main, et renifle un grand coup en reprenant une bouffée d’air.

« - Merci… je lui chuchote.

- Je t’en prie, me répond-il tendrement. Si tu as besoin, je serai à côté.

- Oui… Merci… »

Les mains encore tremblantes de peur, je cherche la carte de ma chambre dans ma veste, et ouvre tant bien que mal la porte pour me faufiler à l’intérieur.

Avant de refermer, je jette un dernier regard plein de gratitude à mon sauveur, qui me sourit en retour, les yeux brillants.


Je pars aussitôt me doucher afin de me débarrasser de la sensation encore bien trop présente des mains crasseuses de mes assaillants sur ma peau. Puis je me pelotonne dans le lit, tremblante et frissonnante, et je m’endors rapidement, exténuée par les évènements récents de ma folle nuit.


#

Je suis réveillée en sursaut par un cauchemar horrible, me faisant revivre la situation désagréable du bistrot.

En sueur et suffocante, j’ai le cœur qui bat à tout rompre. Alors que je reprends doucement ma respiration, on frappe à ma porte. Je fais un bond monumental et un cri de frayeur m’échappe.

« - Lola ?? m’appelle quelqu’un de l’autre côté de la porte. Tout va bien ? »

Je reconnais alors la voix de Tristan. A l’évidence, j’ai dû hurler dans mon sommeil, car il semble soucieux pour moi. Je me lève précipitamment, déverrouille rapidement la serrure et ouvre la porte à la volée, avant de me jeter littéralement sur lui.

« - Outch ! Est-ce que ça va ?? » s’inquiète-t-il en me rattrapant au vol.

Les larmes se remettent à couler en trombe le long de mes joues, alors que je me blottis de nouveau dans ses bras, complètement terrifiée.

« - J-J’ai fait… u-un horrible… cauchemar… je sanglote. Ces hommes… Leurs mains ho-horribles et d-dégoutantes sur moi…

- Ce n’est rien, voyons ! tente-t-il de me rassurer en me caressant les cheveux. Ce n’était qu’un cauchemar. Tout va bien.

- Je… J’ai peur… j’ajoute, presque à moi-même.

- C’est normal. Ne t’inquiète pas, je suis là, me répond-il avec une extrême douceur. Dis-moi ce que je peux faire pour t’aider.

- Ne me laisses pas seule… je supplie en agrippant son t-shirt.

- OK… OK… Tu veux que je reste avec toi, le temps que tu t’endormes ? »

J’acquiesce de la tête en resserrant mon étreinte sur le tissu.

Délicatement, avec précaution, il me pousse vers l’intérieur de la pièce, et referme la porte derrière lui, sans me lâcher. Une fois celle-ci verrouillée à nouveau, il attrape mes genoux et me soulève pour me prendre dans ses bras comme une enfant, et me porte jusqu’à mon édredon, sur lequel il me dépose lentement. Je me roule en boule, et il vient se caler derrière moi, en position cuillère, avant de me serrer contre lui.

« - Ne me lâche plus… je lui murmure dans un soupir.

- Promis » me susurre-t-il à l’oreille, tendrement.

Ainsi blottie contre son corps musclé et réconfortant, je finis par trouver le sommeil, me sentant en parfaite sécurité cette fois.


#

Le lendemain matin, à mon réveil, je suis surprise de le trouver encore à mes côtés dans le lit. Il a tenu sa promesse : Il ne m’a pas lâché. Mais il ne s’est rien passé d’autre, il s’est comporté comme un gentleman. Uniquement une présence rassurante, sans arrière-pensée. Et j’ai dormi comme un bébé, dans ses bras !

Je n’en reviens toujours pas de ce qu’il s’est passé… Ni de la façon dont Tristan est venu à mon secours. Il a été tellement brave et courageux… Probablement que, sans lui, j’aurais fini violée. Je lui dois une fière chandelle. C’est si glauque comme histoire, quand j’y repense… Mais je dois me reprendre. J’ai craquée cette nuit, certes, mais je suis plus forte que ça. J’ai été très imprudente et tout ceci est entièrement ma faute. Il faut vite passer à autre chose pour oublier cette horrible mésaventure.

L’esprit encore embrumé, je me défais délicatement de son étreinte en essayant de ne pas le réveiller, puis je me faufile le plus silencieusement possible dans la salle de bain attenante.


Lorsque j’en ressors, il n’est plus là. J’entends alors des bruits dans la chambre d’à côté, et je comprends qu’il a regagné ses quartiers, sans un mot.


#

Notre retour de voyage a été quelque peu étrange. Après ce séjour agité, on peut aisément ressentir la gêne entre nous, mais aucun de nous deux n’a osé reparler de ce qu’il s’est passé, aussi bien dans le bar que dans ma chambre.

« - Mademoiselle ? Tout va bien ? me demande mon chauffeur, me faisant sursauter.

- Oui, oui, je m’empresse de lui répondre, revenant doucement de mes rêveries.

- Tout s’est bien passé pendant votre voyage ?

- Euh… Oui, merci… Pourquoi cette question ??

- Vous et Tristan semblaient… bizarres, depuis votre retour » ajoute-t-il en fronçant les sourcils.

Bon… A l’évidence, il a bien senti qu’il s’était passé quelque chose d’important durant notre séjour… Et je sais qu’il ne me lâchera pas tant que je ne l’aurais pas rassuré. Aussi, après un soupir, je lui raconte ma mésaventure, dans les détails.

« - C’est grâce à Tristan si je ne m’en suis pas si mal sortie… » je conclus finalement mon récit.

Igor reste silencieux quelques instants, abasourdi par mon histoire.

« - Vous savez, Lola… commence-t-il ensuite, légèrement hésitant. Avant votre départ, j’ai discuté un peu avec lui. Et au vu des propos qu’il m’a tenu… Il a compris son erreur. C’est un homme bien, je pense. Cela ne m’étonne d’ailleurs pas du tout qu’il soit venu à votre secours, ce soir-là. Je crois même… Je crois que vous pouvez tout à fait avoir confiance en lui aujourd’hui… »

Que veut-il dire ? A quoi tendent ses insinuations ?

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