Chapitre 42 - Révélations

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Son regard plongé dans le mien, il me fixe intensément, guettant la moindre de mes réactions, sa main tenant toujours mon bras. Je ne peux décrocher mes yeux des siens, mais je n’arrive pas à bouger pour autant, restant la bouche ouverte de stupeur, le temps d’assimiler ses révélations.

Puis, après un instant qui me parait infini, il desserre lentement son étreinte, et laisse glisser ses doigts jusqu’à ma main, qu’il prend délicatement dans la sienne.

« - Lola, je dois aussi te dire… reprend-il doucement en baissant les yeux. Il faut que je t’avoue… Mes sentiments pour toi n’ont pas changés depuis tout ce temps. Ils sont même encore plus forts depuis que j’ai découvert la femme superbe que tu es devenue. J’admire ta beauté, ta nouvelle féminité, mais aussi ta force et ton charisme nouveau. Ta bonté, ta gentillesse et ton humour, que j’aime toujours autant. Je sais désormais que tu es la femme de ma vie, et que … Que je n’ai besoin de personne d’autre que toi à mes côtés. Nous avons toujours tant de choses en commun, et c’est avec toi que je veux faire ma vie. Je… Je ne veux plus être séparé de toi une seule seconde. Je ne peux plus vivre sans toi… »

Ma respiration s’accélère soudain, mon cœur s’emballe encore plus. S’agit-il d’une déclaration d’amour en bonne et due forme ?

« - Je… Je t’aime, Lola Terramare. - Je suis fou amoureux de toi, continue-t-il en replongeant ses yeux dans les miens avec avidité.

Ah bah oui, s’en est une…

« Et je sais que tu n’es pas insensible non plus. Tu m’as laissé entrevoir un espoir que je n’osais espérer. Je suis persuadé qu’il y a encore une petite flamme entre nous, et que tes sentiments pour moi ne sont pas totalement éteints. Sinon pourquoi aurais-tu passé la nuit avec moi ? »

Je suis abasourdie, complètement déstabilisée. Je le regarde bêtement, sans réussir à prononcer un seul mot. Comment répondre à cela ? Dois-je me livrer, moi aussi ? Dois-je avouer ? Dois-je lui pardonner, comme me l’a conseillé Eric ?

Comme me le conseillerait probablement Esther, aussi ? A priori, tout le monde s’accorde à me dire que je devrais, mais suis-je vraiment prête ? Est-ce que notre nuit torride est bien la preuve que c’est le cas pourtant ? Et que je ne peux effectivement plus nier mes sentiments pour lui ?

Tout se bouscule à nouveau dans ma tête, et je suis tétanisée par l’ampleur de mon bouillonnement intérieur. Je n’arrive pas à faire le tri dans mes pensées, j’ai le cerveau qui va exploser.

« - Cela dit… reprend-il à mi-voix, en baissant la tête. S’il s’avère que tu ne ressens véritablement plus rien pour moi… Que tu m’assures que… Que mes sentiments ne sont pas réciproques… Je… Je comprendrai et je n’insisterai pas. »

Surprise, le cœur battant, j’essaie de lui répondre, mais je n’ai pas le temps d’ouvrir la bouche qu’il continue aussitôt.

« - Un seul mot de ta part suffira à me réduire au silence à jamais. »

Je n’en reviens pas. Je suis sous le choc, consternée par son tact et le courage dont il fait preuve cette fois-ci. Son regard est suppliant. Il attend ma réponse avec une patience insoutenable.

Je déglutis lentement, ma respiration à peine perceptible, prenant mon temps pour rassembler mes esprits et prendre la bonne décision. Au fond de moi, mon cœur est au bord de l’implosion. Je suis complétement sous le charme de cet homme, dire le contraire serait mentir. Et ses révélations… Ses excuses sont tout à fait valables et acceptables, finalement. Je comprends désormais.

Il va falloir que je me décide. Maintenant. Je ne peux plus reculer.

« - Tristan… je commence, la voix légèrement enrouée. Je… Hum, hum… Je suis contente que tu es eu le courage et l’audace de m’avouer enfin les raisons qui t’ont poussées à partir il y a quinze ans. Je… J’accepte tes excuses, même si j’avoue que les souffrances que j’ai enduré à cause de ton départ ne s’effaceront jamais vraiment.

- Je comprends…

- Oui… Mais je me dois à mon tour de te raconter ma version de l’histoire. J’ai bien conscience que tu en as également souffert, mais il faut que tu saches ce que moi j’ai traversé de mon côté…

« Après ton départ, j’ai tenté de te suivre de loin pendant un temps, dans l’espoir inconsidéré de, peut-être, reprendre contact avec toi un jour… J’étais accro à ton image, ou plutôt à celle que j’avais gardé de toi. J’ai effectivement fait une grosse dépression à cause de cela… J’étais au trente-sixième dessous, je ne sortais plus, je ne parlais plus, je pleurais tout le temps en regardant nos photos… Je n’arrivais pas à croire que tu m’avais quitté comme ça, sans explication… Je ne croyais pas à la version de ta lettre. Notre amour était si fort à l’époque… Ça ne pouvait pas s’arrêter ainsi. Tu étais l’homme de ma vie, nous avions des projets… J’ai déprimé pendant un moment… Un long moment…

« Et puis, après mon Bac, j’ai croisé le chemin de Nadine Ediano sur un forum pour étudiants. J’étais encore en pleine dépression, et elle l’a bien vu. Mais elle a décelé mon talent, et elle m’a proposé de me prendre sous son aile. Elle m’a appris toutes les ficelles du métier, et cela m’a aidé à remonter doucement la pente. Au bout d’un an, j’ai obtenu mon diplôme et elle m’a engagé. J’avais pris en assurance, j’étais fière de moi, j’avais trouvé ma voie, et j’avais désormais un nouvel objectif de vie. Je n’avais plus envie de souffrir encore, alors j’ai tiré un trait sur une éventuelle relation de couple. J’ai blindé mon cœur contre les désillusions de l’amour, refusant de m’engager, ou même juste de m’attacher à un homme. Et c’est pourquoi je préfère aujourd’hui les histoires sans lendemain, et que je me concentre uniquement sur ma carrière professionnelle.

« Mais tu es revenu, et tout a été remis en cause. Je ne pensais pas que recroiser ton chemin me perturberait à ce point. Je pensais avoir enfoui assez profondément tous mes sentiments pour toi. Mais ça n’était visiblement pas le cas… J’ai lutté. Contre moi-même, surtout. Contre mes souvenirs, aussi. Je ne voulais pas te pardonner, je ne voulais pas retrouver mes travers de romantique invétérée. Je ne voulais pas retomber sous ton charme. J’avais peur de souffrir encore si je cédais une nouvelle fois à la tentation … Alors, pour faire bonne figure, j’ai juré de te détester jusqu’à la fin de ma vie.

« Et puis… Au fur et à mesure, on a appris à redécouvrir les personnes que nous sommes aujourd’hui. Doucement, gentiment. J’ai pu constater l’homme que tu es devenu, toi aussi. Que tu as grandi, mûri. Que tu es désormais bien plus à l’aise et sûr de toi. Que tu es encore plus beau et séduisant aussi, je dois l’avouer… Mais surtout, que tu as gardé en grande partie les qualités que j’aimais chez toi auparavant. Et je me suis rendu compte que chaque moment en ta compagnie n’était finalement pas si désagréable que ça… Même si je ne voulais plus écouter mon cœur, ni le laisser prendre à nouveau le dessus, et malgré toutes les mises en garde de ma raison… Il y a une évidence que je ne peux plus nier maintenant : Je me sens toujours aussi bien avec toi. »

Se yeux s’illuminent à mesure qu’il semble comprendre la conclusion de mon histoire.

« - Qu’essaies-tu de me dire, exactement ? me demande-t-il, la voix tremblante, en se rapprochant lentement de moi.

- Que… »

Je prends une profonde inspiration pour me donner du courage, avant de continuer.

« - Que, j’ai eu beau lutter de toutes mes forces, chaque jour passé avec toi n’a fait que renforcer les sentiments que j’ai toujours à ton égard. Et je crois bien que… Moi aussi, je… Je vous aime encore, Monsieur Tristan Petterfield… »

Un large sourire s’affiche sur son visage d’ange.

« - Et euh… j’ajoute encore, me rapprochant à mon tour de lui, avant de plonger mes yeux dans les siens, mes lèvres à quelques centimètres des siennes. Moi non plus je ne veux plus jamais être séparée de toi.

- Je te le promets »

Et, lentement, presque timidement, nos lèvres se rencontrent à nouveau, délicatement, dans un baiser cette fois purement et simplement remplit d’amour sincère.

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