Chapitre 43 - Victoire
Derrière nous, des hourras sonores se font subitement entendre.
D’un même mouvement, nous nous retournons tous deux, pour nous rendre compte qu’une bonne partie des employés présents sont agglutinés à la porte du bâtiment pour nous observer en catimini. Même mon chauffeur, Igor, nous applaudi avec vigueur de l’autre côté du parking !
« - Mais… Roooh… je soupire, en rougissant. C’est pas possible ! Pourrait-on avoir ne serait-ce qu’un petit moment d’intimité ici ??
- Ha ha ! ricane Tristan. En étant avec moi ? Ça va devenir difficile, je crois ! »
Je souris en retour, avant de passer mes bras tendrement autour de son cou, et de poser mon front contre le sien, nos regards épris, plus amoureuse que jamais.
Encouragé par les acclamations, Tristan m’enlace fortement, et me soulève soudain pour me faire tourner dans les airs.
C’est le signe qu’attendaient nos amis pour venir nous rejoindre, exaltant de bonheur et d’enthousiasme. Tristan a tout juste le temps de me reposer à terre, avant qu’une Esther hystérique ne se jette dans mes bras.
« - JE LE SAVAIS !!! s’exclame-t-elle, folle de joie. Je savais que tu finirais par céder, Lola !! Ce n’était qu’une question de temps !! Vous allez si bien ensemble ! Je suis super contente pour vous !! - Pour vous deux ! ajoute-t-elle en enlaçant Tristan également.
- Merci » lui glisse-t-il à l’oreille en la serrant chaleureusement.
Aussitôt qu’il la relâche, il attrape ma main et me ramène à lui.
« - Il faut fêter ça, non ?! s’exclame Esther, d’un petit air sournois, en sautillant sur place.
- Il serait peut-être bien de penser à bosser un peu quand même ! » lui rétorque Eric, nous ayant lui aussi observé planté à la porte du hall d’accueil.
Esther se crispe, et me fait une grimace confuse en haussant les épaules, avant d’obtempérer, comme les autres.
Alors que Tristan et moi commençons à avancer vers la porte, je me souviens soudain d’une chose importante. Je me retourne brusquement et pars dans la direction opposée au bâtiment.
« - Merci, Igor. » dis-je à mon chauffeur en lui sautant littéralement au cou.
Surpris, il se raidit, et s’essuie nerveusement les mains sur son pantalon, avant de me tapoter timidement le dos.
Tristan, qui a suivi la scène (un peu par obligation, puisque je lui tenais la main et que je l’ai emmené derrière moi), lui tend la main.
« - Oui, merci, lui souffle-t-il.
- De quoi ?? s’étonne Igor.
- Pour tout. Pour elle, pour moi… Pour nous.
- Je vous en prie, lui répond-il, tout penaud, en empoignant finalement sa main tendue. Même si je ne pense pas y être pour grand-chose, dans cette histoire.
- Bien sûr que si ! je m’exclame alors, presque offusquée. Sans votre approbation, en plus des autres, je n’aurais pas totalement cédé à la tentation, j’ajoute avec un petit clin d’œil, en posant ma main sur son épaule. Vous êtes comme un père pour moi, Igor. Votre accord est très important pour moi. »
Flatté et attendri par mon discours, je crois déceler une pointe de fierté dans son regard, et ses yeux s’embuent doucement lorsqu’il me sourit enfin.
***
Il n’en revient toujours pas !
Voilà, c’est fait ! Il a réussi ! Il a conquis son cœur une nouvelle fois !!
C’est comme si rien n’avait changé. Sa main est toujours aussi douce et délicate dans la sienne. Et son regard amoureux… Comme il se délecte de le ressentir encore sur lui. Il en a rêvé, et son cœur est au comble du bonheur.
Aujourd’hui, il en est sûr : Il ne recommencera plus la même erreur. Il ne la lâchera plus jamais. Et il fera tout pour la garder le plus longtemps possible auprès de lui. C’est la femme de sa vie, et il ne veut qu’elle.
Elle est si belle, si séduisante, si forte… Et désormais, elle est de nouveau dans ses bras à lui. Elle va de nouveau partager son lit, sa vie, ses délires, son quotidien…
Elle est faite pour lui, et il lui sera complètement, totalement, entièrement dévoué jusqu’à la fin de sa vie.
***
La journée de travail est quelque peu perturbée par les nombreux échanges langoureux que nous nous lançons, Tristan et moi, par-dessus nos écrans respectifs. Dès que nos regards se croisent, je ne peux m’empêcher de sourire bêtement. Il a cette façon de me regarder qui me rend toute chose, comme autrefois ! Ses yeux brillent d’amour et de désir. Comme les miens, je suppose. Je suis de nouveau éperdument amoureuse de lui. Et celle-là, je ne l’ai pas vu venir !!
Le rendez-vous suivant a lieu au siège d’une potentielle succursale de son entreprise, à Lyon. Nous prenons donc son jet privé pour nous y rendre.
Sur la route vers l’aéroport, nous discutons avec Igor comme si nous parlions à un membre de notre famille. Il semble sincèrement heureux pour nous (pour moi du moins). Nous rions, main dans la main, et je capte régulièrement les coups d’œil attendris de mon chauffeur dans le rétroviseur. Je crois cependant que, même s’il a donné son aval à Tristan, il va quand même veiller au grain !
Dans l’avion, Tristan et moi sommes assis face à face. Je consulte mon smartphone, les jambes croisées, pendant qu’il m’observe à la volée. Furtivement, je croise le regard assoiffé de mon homme, qui dévie doucement vers la commissure de mon entre-jambe, à la limite de ma jupe crayon, la bouche pincée de désir. Je souris d’un air aguicheur, pleinement satisfaite, avant de me mordre la lèvre inférieure avec envie.
Je sens que le voyage ne va pas être assez long pour nous deux…
#
Sur le tarmac, une voiture nous y attend. Je suis légèrement rouge et ébouriffée, mais avec le vent sur les pistes, cela ne se remarque heureusement pas. Dans le véhicule, je prends toutefois le temps de me refaire une beauté, sous le regard amusé et complice de mon amant qui, lui, reboutonne en vitesse le col de sa chemise.
Lorsque nous arrivons enfin, – la tension sexuelle entre Tristan et moi redevenant à chaque minute plus intense et difficile à contenir – nous sommes accueilli par une jeune femme au sourire charmeur, qui lorgne sans vergogne sur l’homme qui vient littéralement de me faire grimper au septième ciel. Elle nous accompagne jusqu’au bureau de son patron en badinant et dandinant de l’arrière-train, ne s’adressant qu’à lui et m’ignorant copieusement.
Après avoir frappé à la porte, elle nous précède dans le bureau et nous présente, insistant fortement sur Tristan avec un regard mielleux.
« - Bonjour Monsieur Petterfield ! s’enquiert le chef d’entreprise. Il me tardait de vous rencontrer enfin.
- Bonjour Monsieur Dangreutin, lui répond Tristan en lui serrant la main avec son plus beau sourire. Ravi de vous voir également.
- Votre secrétaire, je suppose ? s’empresse de demander notre hôte en me tendant la main.
- Mon assistante, pour être plus précis. Lola Terramare. Accessoirement, ma femme aussi » ajoute Tristan avec un sourire en coin en me prenant par la taille.
Surprise, j’ai un léger frémissement en entendant ces mots. Me voilà qui rougie, soudain gênée mais tellement flattée qu’il me présente déjà ainsi alors que nous sommes dans le cadre professionnel. D’autant que je ne pensais pas un jour pouvoir admettre être la « femme » de quelqu’un, surtout après mes déboires amoureux et la promesse que je m’étais pourtant faite.
« - Ah oui ? s’étonne monsieur Dangreutin. Vous en avez de la chance, dites-moi ! C’est une ravissante femme que vous avez là ! »
Je croise alors le regard dégoûté de la jeune secrétaire qui nous a accueilli, et subitement je me sens tellement fière. Une pointe d’orgueil m’envahit, et je prends un air triomphant devant le visage incrédule de ma concurrente évincée.
Eh ouais !!! C’est MOI, sa femme !
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