Nuit
Alors, sans faire de bruit, il a tourné la poignée de la chambre d'amie.
Il est entré à pas de souris.
Elle était allongée, il ne voyait avec la lueur de la lune qu'une silhouette qui lui tournait le dos.
Couchée en chien de fusil, le drap rejetté en partie sur le côté, elle ne bougeait pas.
Il s'approcha.
Il devinait qu'elle portait un débardeur, il n'arrivait à voir que cela.
Avec la plus grande douceur, il se coucha à côté d'elle, sans la toucher.
Il l'entendait respirer si tranquillement, si paisiblement, si régulièrement qu'il imagina qu'elle dormait.
Ses yeux se promenaient sur ce corps qui n'avait jamais été aussi proche.
La couleur grisée d'une épaule rayée d'une bretelle blanche, la rondeur d'une hanche devinée sous le drap, une masse emmêlée de cheveux qu'il rêvait de soulever pour découvrir sa nuque, appel absolu aux baisers.
Perdu dans ses pensées, il ne s'aperçut pas qu'elle frissonnait.
Deux petites cuillères rangées dans un écrin, séparées par un tissu moiré.
Le lendemain matin, lorsqu'il s'éveilla, elle avait disparu.
Seuls restaient dans la chambre une odeur d'immortelle et un morceau de papier sur l'oreiller.
Je n'aime pas quand c'est facile. A bientôt ?
Dans sa voiture, en quittant la maison, elle se demanda s'il était possible de toujours rester sur un fil. Sans jamais retomber. Funambule, équilibriste, sur un rasoir sans se couper.
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