Chapitre 39 : Cheffe de gang ?

5 minutes de lecture

Je n'avais pas répondu aussitôt à Trent. Avais-je envie de les rencontrer ? Heurter mon passé et mon présent ? De toute façon c'était déjà fait. Pour le sauvetage, mon fiancé les avait contactés, ils y avaient participé. Je sentais que je devais aller les voir, ne serait-ce pour les remercier. J'avais pris quelques jours de congés, je voulais participer à l'organisation des funérailles de Mary. Un matin au petit-déjeuner, je me décidai :

- C'est d'accord. Allons les voir. Je me dois de les remercier pour ce qu'ils ont fait pour moi et pour mettre une fin à cette histoire de gang familiale.

Trent ne me répondit pas, il sourit, se leva pour m'embrasser et sortit son téléphone. Après quelques secondes d'attente, il déclara :

- C'est bon, elle est prête !

Je restais scotchée. Il savait depuis le début que je les rencontrerais. Au lieu de me fâcher, je décidai de m'amuser un peu :

- Et si finalement, je n'y allais pas ?

Il rit, me prit dans ses bras et déposa un baiser sur ma tempe.

- Quoique tu décides mon amour, je te suivrais. Mais je commence à bien te connaître et quand tu dis quelque chose ce n'est jamais à la légère. Tu es tellement droite et loyale qu'il me semblait évident que tu voudrais les voir, ne serait-ce que pour les remercier.

- Petit malin, va ! le taquinai-je.

Nous avions rendez-vous dans une des brasseries du quartier du centre social. Je la connaissais bien, j'y avais été quelques fois avec Mary : elle vivait juste au-dessus. Trent m'expliqua qu'elle était tenue par l'un des membres du gang et que ceux-ci y étaient des habitués. Quand je pense que je les ai certainement croisés maintes et maintes fois. C'est comme si j'avais toujours vécu parmi eux sans les reconnaître.

Quand nous poussâmes la porte, le carillon de l'entrée sembla attirer l'attention de tous les clients présents. Un silence curieux tapissait la salle. Trent m'amena au bar, il sera la main du patron. Celui-ci me regarda et sourit. Un sourire chaleureux, bienveillant presque attendri.

- Lana, je suis tellement heureux de te rencontrer vraiment.

Je lui tendis machinalement la main qu'il serra avec douceur.

- Je m'appelle Kent Marshall et j'étais le bras droit de feu ton père. C'est un peu moi qui assure l'intendance en attendant un nouveau chef.

- Je ... enchantée. C'est un peu étrange, je suis venue souvent et je vous ai croisés tant de fois. C'est comme si je vous voyais vraiment pour la première fois.

Toute la salle se mit à rire. Une sorte de rire de soulagement mêlé à la gêne d'une première rencontre tant attendue. Je compris alors qu'ils étaient tous là. Je les sondais du regard, je les avais tous croisés un jour, j'étais assez physionomiste et je relevais dans les traits de chacun des visages vus ou aperçus dans ma vie. Je comprenais que je n'avais jamais vraiment été seule. Qu'ils avaient tous veillé sur moi, avec discrétion. Me laissant vivre et faire mes expériences. Mais c'est Mary qui m'avait guidée ici, dans ce quartier, au centre social. Suivant le tour de mes pensées, Trent m'avoua :

- Mary est la seule du gang à t'avoir côtoyée et guidée parmi les tiens.

- Mary ... ?

Kent reprit :

- Elle était la sœur de ton père, elle ne pouvait se dévoiler auprès de toi sans que ta nouvelle identité ne soit révélée et que ta vie ne soit mise en danger. Mais elle a voulu faire partie de ta vie. En t'amenant parmi nous, nous avons pu, à notre manière veiller sur toi.

Des perles salées s'égrainèrent le long de mes joues. Je ne sais pas vraiment pour quelle raison je pleurais. Était-ce le bonheur de retrouver tous ces gens qui avaient compté dans la vie de mes parents ? Était-ce la tristesse de la perte de ma tante ? De ne pas avoir su qui elle était réellement pour moi ? Je ne sais pas si cela aurait vraiment changé quelque chose. Elle était déjà ce qui se rapproche le plus d'une famille sans que je sache qu'elle en faisant réellement partie, de ma famille. Sa mort ne m'était pas plus ni moins douloureuse. Je comprenais encore mieux son geste. J'en voulais à l'homme qui avait tiré cette balle. Mais justice avait été faite, ce salopard était mort.

Trent me prit dans ses bras et me berça comme une enfant. Un temps plus tard, il me demanda si je voulais partir. Je lui dis que non et lui souris. Nous passâmes le reste de la journée à la brasserie, chaque membre vint ensuite se présenter, nous nous rappelâmes les fois où nous étions croisés sans que je ne sache qui c'était. Je pris vraiment du plaisir à leur parler et le sentiment d'être à ma place me frappa soudain. J'étais à ma place parmi eux. Bien que les échanges soient sympathiques je ressentais tout de même de la part de certains, une crainte, une sorte de réticence dont je ne savais déterminer l'origine.

La plupart commencèrent à partir, il ne resta alors qu'une dizaine d'hommes. On sentait en eux une âme de guerrier, des anciens combattants. Il s'agissait très certainement des hommes de main du gang. Kent prit alors la parole :

- Lana, il faut qu'on sache : veux-tu reprendre les affaires du gang ?

Je restais coite. Puis la surprise passée, j'éclatai de rire. Ils me regardèrent avec des têtes ahuries puis la gêne passée, ils rirent de bon cœur avec moi. Mon fou-rire se calma enfin et je pus enfin leur parler :

- Je suis contente de vous avoir retrouver les gars, vraiment. Mais je ne changerais pas de métier pour autant.

Je les vis alors souffler, comme s'ils avaient retenu leur respiration. Des sourires fleurirent sur leurs lèvres.

- Merci Lana !

- Je ne vois pas de quoi.

- Depuis la mort de tes parents, nous avons mis le gang en dormance, à tel point que nous apprécions notre vie actuelle. Nous avons poursuivi les actions de protection auprès de la population mais il n'y a plus de trafic depuis longtemps. Par loyauté envers toi et ta famille nous nous serions engagés, mais si nous pouvons garder notre vie actuelle, cela nous va bien.

Je souris émue de leur aveu qui avait certainement leur coûter beaucoup. Je leur serais la main en signe d'affection. Nous ne serions plus un gang, juste une grande famille et j'étais heureuse d'y avoir ma place.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Hannedjib ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0