Chapitre 37 (troisième partie)

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A l'intérieur du palais tout a été rangé et nettoyé des traces du combat. La reine se rend directement dans ses appartements, mais elle demande à ce que Flonara soit informée de son retour car elle aimerait la voir dès le lendemain matin. Pendant qu'Hilayna s'active à faire préparer un repas pour la reine et son époux, la jeune femme retrouve avec joie ses quatre suivantes et Siwu.

- Ah, Majesté ! dit le Gronfall en faisant une profonde révérence. Je suis bien heureux de vous revoir ! Soyez assurée que j'ai pris soin au mieux de vos quatre suivantes, elles sont en bonne santé ! Même Maître Owen n'a pu veiller aussi bien sur vous que j'ai veillé sur elles.

- Ma foi, Messire Siwu, si tel est le cas... Je vais m'inquiéter de la vertu de ces jeunes filles !

- N'ayez crainte, Majesté, leur vertu est intacte. Mais vous-même nous revenez avec un futur héritier !

- Je ne peux le cacher, n'est-ce pas, Messire Siwu ?

Le Gronfall opine de la tête en faisant un petit sourire. Il va pour dire autre chose, mais Owen est plus rapide :

- Siwu, notre voyage depuis le Conseil a été long et la reine a besoin de repos ce soir. Tu pourras lui raconter tout ce que vous avez fait au cours des prochains jours.

- Hum, il y aura beaucoup à dire… répond Siwu.

Et Owen comprend que son ami veut aussi parler de choses sérieuses. Il lui répond par un simple signe de tête. Pendant ce temps, Kaïra s'est installée dans son fauteuil, pour se reposer un peu. Dame Hilayna arrive alors et Owen devine déjà que la gouvernante veut demeurer un moment avec sa protégée. Il entraîne alors Siwu au-dehors, pour laisser les suivantes et Hilayna prendre soin de la reine.

- Je m'inquiétais beaucoup pour vous, Majesté, dit Hilayna alors que les suivantes aident la jeune femme à se changer.

- Je m'en doute, Dame Hilayna, mais il n'y avait plus de danger.

- Vous avez voyagé seule ?

- Avec Owen, oui. Il n'y avait rien à craindre. Maintenant, tout danger est écarté.

Hilayna soupire, puis ordonne avec autorité aux suivantes de préparer un bain pour la reine. Kaïra n'est pas fâchée, quelques instants plus tard, de pouvoir s'étendre dans sa baignoire et profiter d'un moment de détente. Hilayna et les jeunes filles la laissent seule, ce qu'elle apprécie aussi grandement. Ses cheveux sont dénoués et viennent caresser doucement son ventre arrondi. La main posée dessus, elle se dit qu'elle peut désormais songer avec sérénité à son enfant et aux semaines à venir. Tant de choses sont arrivées depuis qu'elle a appris par la licorne qu'elle portait l'enfant d'Owen - grossesse qu'elle a cachée longtemps à ses proches -, tant de choses terribles qu'elle n'avait pas vraiment pu penser à elle, à eux trois, même si quelques moments lui avaient été fugacement offerts, et notamment ces quelques nuits qu'Owen et elle ont pu partager. Mais c'étaient aussi comme des moments volés. Désormais, une vie différente les attend.

C'est elle finalement qui appelle ses suivantes pour sortir du bain. Pendant que les jeunes filles l'habillent, que Nijma la coiffe, Hilayna lui confie quelques informations sur ce qu'elle a fait depuis son retour à Rankir.

- Bien des choses avaient déjà été réalisées, Majesté, quand je suis arrivée. Dame Flonara avait pu faire connaître à quelques Aériens que le danger s'était éloigné et qu'il fallait se réorganiser. Lénora, l'épouse de Limur, avait pu rassembler beaucoup de villageois et des habitants de la ville, dans la forêt. Dès qu'elle a reçu le message de Flonara, elle est revenue jusqu'à Rankir avec plusieurs des siens et ils ont aidé à enterrer les morts et nettoyé la ville. C'était un travail long et harassant, mais déjà bien entamé quand je suis arrivée. Pendant ce temps, un camp avait été monté, sur la grève, pour soigner les blessés. Puis nous avons envoyé des éclaireurs à travers tout le royaume, pour connaître l'étendue des dégâts, chercher ceux qui avaient besoin d'aide, retrouver ceux qui s'étaient cachés. Ensuite, je me suis occupée de réorganiser la vie de la cité.

- Vous avez agi avec efficacité, Dame Hilayna, dit Kaïra. Je vous remercie de tout ce que vous avez pu accomplir et je me réjouis de savoir Lénora toujours parmi nous. Vous lui ferez savoir que j'aimerais m'entretenir avec elle dès qu'elle pourra venir à Rankir. Une des premières choses que je souhaite faire, c'est organiser un grand rassemblement dans la ville, une sorte de cérémonie pour rendre hommage à tous ceux qui sont tombés. Ensuite, nous continuerons d'apporter notre aide à ceux qui souffrent encore. S'il reste des blessés graves, il faudra qu'Owen puisse les voir pour les soulager. Puis nous devrons songer aussi à renouveler le Conseil.

- Oui, hélas, Messires Van'dal et Lorrek ont péri, soupire Hilayna.

- Cela m'attriste beaucoup, confie Kaïra. Mais j'ai aussi été si peinée de voir des villages à l'abandon, des animaux errants, toutes les marques de ces meurtres et destructions à travers la plaine.

- Messire Owen ne vous a pas...

- Il m'a épargnée autant que possible, mais il est des stigmates qu'on ne peut ignorer, même en contournant les villages, même en suivant le cours tranquille d'une rivière…

Hilayna comprend et décide de changer de sujet pour ne pas réveiller de si tristes impressions chez sa souveraine.

- Vous nous revenez avec un héritier, Majesté. Cette nouvelle va réjouir tout votre peuple !

- Nous l'annoncerons bien vite, en effet, de même que mon union avec Owen, pour qu'ainsi chacun soit assuré de la continuité de la lignée.

- Tout à fait. C'est une sage décision. Majesté, je m'en vais quérir votre époux pour lui faire savoir que le repas vous attend.

- Merci, Dame Hilayna, répond Kaïra avec un petit sourire.

Et alors que sa dame de compagnie quitte le salon, la jeune femme se laisse aller contre le dossier de son fauteuil. Son regard fait le tour de la grande pièce, où il lui semble ne rien manquer. En traversant déjà les couloirs de son palais, elle a pu estimer qu'il n'avait pas été pillé. "Ils étaient venus pour tuer", songe-t-elle avec un frisson. Puis elle se relève, s'approche des fenêtres qui donnent sur le jardin. Il lui paraît toujours aussi tranquille et beau, dans ses couleurs automnales. La haute silhouette d'Owen et celle, un rien sautillante, de Siwu se distinguent en bas des marches. Un garde s'est approché d'eux et Kaïra devine que le jeune homme ne va pas tarder à la rejoindre.

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