37. Fin d'une ère - Partie 2
"Papa !" cria Amos, le bras toujours tendu, fixant intensément l'endroit où Mezhelan venait de disparaître, l'esprit en proie à une confusion totale. Il était à la fois terrifié et admiratif par cette image qui ne lui quittait pas l'esprit : son maître, calme et concentré, s'évaporant dans le portail.
Il resta immobile quelques instants, constatant la stabilisation soudaine de l'anomalie et espérant qu'il réapparaîtrait aussitôt : "Il sait ce qu'il fait…" se répéta-t-il, prenant une profonde inspiration pour détendre ses nerfs. Une sensation furtive de chaleur lui monta à la gorge, accompagnée d'un léger relent de soufre. Il tenta aussitôt de se rassurer comme il le pouvait : "Il est toujours calme et réfléchi. Il va revenir bientôt." Mais les frémissements qui le saisirent n'effacèrent en rien son mauvais pressentiment.
Les minutes s'écoulèrent, et le passage se referma doucement. Le jeune homme interpréta cela comme un signe que Mezhelan avait résolu la situation de l'autre côté : 'Il a réussi, je me suis inquiété pour rien !' se consola-t-il, cherchant à maintenir cette pensée réconfortante.
Cependant, lorsque les minutes devinrent des heures sans le moindre signe de lui, Amos ne put plus ignorer son angoisse grandissante.
Il savait au fond de lui que Mezhelan ne l'aurait jamais laissé ici sans nouvelles. Malgré tout, il retourna aux quartiers magiques pour vérifier si son maître y était revenu discrètement.
À son arrivée, il parcourut les quartiers en courant, inquiétant les domestiques à son passage : "Vous avez vu le Maître ?" demanda-t-il, essoufflé.
"Non, jeune maître." répondit Hans, visiblement inquiet par l'attitude du jeune homme.
La panique s'empara de ce dernier. Il retourna à Iserlohn, cherchant à l'aveugle dans la ville, interrogeant des passants et fouillant des endroits familiers, mais personne ne l'avait vu. Il était introuvable.
Désespéré, il prit la décision d'aller informer le roi, espérant une idée ou un soutien. Que pouvait-il faire d'autre ?
En plein milieu d'une audience royale, Amos sortit d'un portail, surprenant tout le monde. Le roi, comprenant que ce n'était pas dans ses habitudes et constatant son état de détresse inhabituel, suspendit l'audience pour lui donner la priorité.
Accompagné de son sénéchal, ils se rendirent dans ses quartiers personnels, où ce dernier interrogea d'un regard sévère, mais avec une pointe de préoccupation : "Amos, qu'y a-t-il ?"
"Nous avons reçu une lettre des consuls d'Iserlohn…" commença précipitamment Amos.
Le roi lui coupa la parole impatiemment : "Je suis au courant de ça, va à l'essentiel, que se passe-t-il ?"
Amos essaya d'expliquer la situation aussi clairement que possible : "Nous enquêtions sur un phénomène étrange près du lac. Le Maître est passé à travers un portail et… il n'est pas revenu. Je… je ne sais pas où il est."
Le visage du roi se durcit : "Comment ça, tu ne sais pas ?" s'emporta-t-il en saisissant tout à coup Amos par le col : "Tu es censé être son apprenti !"
Le jeune homme, déjà angoissé, balbutia en réponse : "Oui, je suis son apprenti, et j'ai suivi ses instructions… Le portail… était instable et… je ne comprends pas ce qui s'est passé…"
La patience du roi vola en éclats et il se mit à le secouer : "Tu aurais dû le protéger ! Et au lieu de l'aider ou d'apporter des réponses, tu te présentes ici les mains vides ! Comment oses-tu ?!"
Le sénéchal intervint rapidement, séparant les deux : "Majesté, calmez-vous. Le Disciple Amos n'est pas responsable et n'a clairement pas besoin de ça."
Débordé par la panique et l'incompréhension, Amos éclata de colère : "Vous me dégoûtez ! Vous pensez que je suis resté là sans rien faire ? Vous n'avez aucune idée de ce que ça fait de perdre quelqu'un qui compte autant ! Vous êtes peut-être mon roi, mais je ne suis pas votre propriété !" Sa voix monta d'un cran, ses propos dépassant les limites du tolérable : "Je ne comprends même pas pourquoi on vous respecte autant ! Tout ce que vous avez, vous le devez aux autres, et surtout à mon maître !"
Il cracha ces derniers mots, les yeux brillant de rage et de larmes : "Vous n'êtes bon qu'à donner des ordres depuis votre trône !"
Une secousse sourde se fit soudain sentir sous leurs pieds, provoquant un silence immédiat. Tous les regards tombèrent instinctivement sur le sol.
Amos, essoufflé, comprit alors que ses émotions lui échappaient. La terre réagissait à sa colère, trahissant son trouble intérieur. Mais il savait aussi que son emportement insultait tout ce que Mezhelan lui avait inculqué, tous les préceptes qu'il avait toujours suivis fièrement.
Le roi, visiblement furieux, fit un pas en avant, prêt à répondre à cet affront, mais le sénéchal posa une main ferme sur son bras pour l'en dissuader.
Conscient d'avoir franchi une ligne, Amos ouvrit un portail et s'échappa avant qu'il ne puisse réagir davantage. Son esprit tourmenté chercha une solution, une personne qui pourrait comprendre et aider, et il se retrouva dans des jardins. Mais il n'y avait personne. Il s'accroupit pour se prendre la tête dans les mains, il ne s'était jamais senti aussi perdu qu'à cet instant. Qu'allait-il se passer maintenant ? Mezhelan était la personne la plus importante à ses yeux, il régissait son monde, et il ne se sentait pas du tout capable d'avancer sans lui. Venait-il de perdre également son foyer en faisant preuve d'un tel manque de respect envers le souverain du royaume ?
"Qui êtes-vous ?" dit la voix d'un homme dans son dos, alors qu'il sentit quelque chose de froid appuyer sur son épaule.
Amos tourna légèrement la tête tandis que son regard suivait la lame d'une épée, avant de se poser sur le kraken représenté sur l'armure du soldat. Il ne se sentit pas du tout inquiet par la situation, un soldat de Westanie n'avait aucune raison de se montrer hostile envers lui, tant qu'il prenait le temps de s'expliquer, mais les mots ne lui vinrent même pas.
Le soldat sembla légèrement déstabilisé par le manque de réaction, mais aussi par le visage et l'expression de l'intrus : "Vous êtes… Amos ?" demanda-t-il avec hésitation.
Ce dernier se frotta les yeux, puis hocha simplement la tête : "Désolé… je…"
Le soldat écarta doucement son épée sans le quitter du regard : "Êtes-vous venu voir Dame Eärwen ?" interrogea-t-il.
"Oui…" confirma Amos. Vers qui d'autre pouvait-il se tourner ? Mezhelan avait été aspiré dans un portail, un phénomène magique, et elle était la seule magicienne qu'il connaissait.
L'homme rengaina son épée pour dire : "Je vais vous escorter, suivez-moi."
Amos se redressa et commença à le suivre. Mais en chemin, ses pensées tourbillonnèrent. Était-ce vraiment une bonne idée ? Eärwen servait un autre royaume, divulguer ce genre d'informations aggraverait sans doute sa situation auprès du roi. Après quelques pas hésitants, il s'arrêta brusquement : "Excusez-moi, finalement, je vais partir." dit-il, ouvrant une autre porte avant que le soldat ne puisse réagir.
Cette fois, il se retrouva sur une plage, et il n'y avait pas âme qui vive à des lieues à la ronde. Il retira ses bottes et s'assit dans le sable chaud. Il réalisa avec amertume qu'il avait peu de personnes sur qui compter. Il pensa aux domestiques de leurs quartiers, à Soren et à Alix, mais ils seraient tous bien incapables de l'aider dans une telle situation. Il comprit qu'il ne pourrait compter que sur lui-même pour trouver une solution. Après tout, il avait lu toutes les recherches de Mezhelan sur les portails. Il y réfléchit longuement et finit par s'allonger, le regard perdu vers le ciel déclinant.
Au bout d'un moment, il se téléporta à nouveau, se retrouvant dans le noir quasi-total. Il avait réussi à retrouver son calme et était revenu à l'endroit où l'anomalie était apparue. L'ambiance de la nuit désormais tombée, avait quelque chose de vraiment terrifiant et oppressant : "Papa ?" appela-t-il désespérément, sa voix résonnant dans l'obscurité. Mais il n'y eut pas la moindre réponse, aucun signe nulle part. Alors, il s'assit à même le sol, dans le noir, et entra doucement en méditation. Il voulait savoir s'il restait ne serait-ce qu'une trace résiduelle du portail, ou une nouvelle fluctuation dans les énergies quelque part, n'importe quoi qui pourrait l'aider à le retrouver.
En communion totale avec les énergies, les mages pouvaient vite perdre la notion du temps. Et la perception de ces énergies n'avait jamais été le domaine d'excellence d'Amos, même s'il en maîtrisait les rudiments. Il passa des heures à tenter de s'améliorer, puis finit par rouvrir les yeux, ne sentant que la moiteur et le froid de ses vêtements mouillés par la rosée nocturne. Il n'y avait rien, pas un semblant de piste, les énergies se comportaient de nouveau normalement, à part l'attraction lente mais habituelle provoquée par le lac d'Iserlohn en contrebas.
Il sentit des larmes lui échapper, puis se leva en se frottant rageusement le visage. Il avait froid, et se sentait éreinté et à bout de nerfs, mais essayait tant bien que mal de tout contenir en lui. Il décida de retourner dans les quartiers magiques, espérant que son maître y soit miraculeusement réapparu.
Lorsqu'il sortit du portail dans la bibliothèque, l'agglutinement inhabituel dans la pièce le fit sursauter légèrement. On était au beau milieu de la nuit et de nombreux regards se posèrent immédiatement sur lui : les domestiques, le roi et certains de ses conseillers, et même…
"Amos… !" s'exclama une femme en venant spontanément le prendre dans ses bras.
…La magicienne de la mer. Il fronça profondément les sourcils et passa une main dans son dos pour profiter de l'étreinte. Cela lui apportait bien plus de réconfort qu'il ne l'aurait pensé.
Eärwen prit un léger recul pour prendre son visage dans ses mains : "Bon sang, Amos ! Tu es trempé et complètement gelé !"
Malgré son désarroi, il ressentit une vague de consolation à son contact. Elle avait toujours été une figure rassurante pour lui, même si leurs rencontres n'étaient pas régulières. Il resta silencieux tandis que son regard se posait sur le roi. Ne ressentant que du malaise et de la honte, il voulut présenter ses excuses.
Mais le roi prit la parole en premier, semblant partiellement soulagé : "On en a récupéré un sur deux…" dit-il.
"Amos, regarde-moi. J'aimerais que tu m'accompagnes au palais. Viens avec moi." proposa immédiatement Eärwen en essayant de capter l'attention du jeune homme.
Le regard désormais planté dans celui de la magicienne, Amos fut surpris par sa proposition. Instinctivement, il tourna la tête vers le roi, cherchant son approbation.
Ce dernier fit un signe de tête : "Dame Eärwen, je vous serai reconnaissant si vous acceptiez de prendre soin de lui jusqu'à demain. Nous réfléchirons à la suite ensemble lorsqu'il sera reposé."
Le roi lui parut beaucoup plus amical que dans l'après-midi.
Eärwen prit la main d'Amos pour répondre d'un ton ferme : "Bien. Alors à demain." avant de l'entraîner dans un portail.
L'environnement changea instantanément, passant de l'ambiance tendue de la bibliothèque à une salle baignée dans la lumière douce du feu de cheminée et des chandeliers. Les murs étaient parsemés d'étagères remplies de vieux grimoires, et des plantes exotiques ornaient des coins de la pièce. L'air était rempli d'un délicat parfum de fleurs, mais aussi d'une odeur de sel portée par la mer agitée depuis les grandes fenêtres ouvertes.
"Assieds-toi, Amos." dit Eärwen d'une voix douce mais directive, en indiquant un fauteuil près du feu : "Tu es épuisé et trempé. Laisse-moi m'occuper de toi."
Trop accablé pour protester, le jeune homme s'affala dans le fauteuil en la voyant s'éloigner. La chaleur du feu commença à le réchauffer et il se détendit partiellement.
Eärwen revint avec une serviette et un thé fumant : "Bois ça, ça te fera du bien." dit-elle avec un sourire encourageant. Elle posa la tasse dans ses mains et prit l'initiative de commencer à sécher ses cheveux.
Amos obéit, refermant les doigts autour de la porcelaine chaude. Il se sentait fatigué mentalement et physiquement, mais les gestes de la femme ainsi que la boisson lui firent du bien. C'était une infusion d'herbes qu'il ne pouvait identifier, mais son goût sucré était réconfortant.
"Maintenant, raconte-moi tout depuis le début." sollicita la magicienne, qui passa un bras autour de ses épaules, dans un geste à la fois protecteur et presque maternel.
Amos prit une profonde inspiration et commença à raconter tout ce qui s'était passé depuis qu'ils avaient reçu la lettre des consuls d'Iserlohn. Il parla de la singularité étrange et instable, de la disparition de Mezhelan à l'intérieur et de l'altercation avec le roi. Ses émotions refoulées semblaient menacer de sortir à chaque instant, mais il continua de parler, se sentant un peu plus léger à chaque mot. Il prenait de temps en temps une gorgée de thé, dont la chaleur se répandait en lui pour apaiser légèrement ses nerfs tendus.
Eärwen resta à ses côtés, lui offrant un soutien silencieux mais consolateur, hochant la tête et caressant son épaule de temps à autre pour l'encourager à poursuivre : "Je sais que tu es inquiet pour ton père…" commença-t-elle : "…et je te promets que je ferai tout mon possible pour t'aider à le retrouver. Mais tu dois te reposer pour l'instant. Tu ne pourras rien faire dans cet état…"
Le jeune homme, se sentant désormais un peu moins seul, hocha la tête et posa la tasse vide sur la table devant lui, se laissant aller dans le fauteuil en fermant les yeux. La voix suave d'Eärwen et le crépitement du feu permirent au sommeil de le gagner progressivement.
Eärwen le tira de son demi-sommeil en posant une main sur son épaule : "Viens, la chambre est prête. Tu as besoin d'une bonne nuit."
Amos se leva lentement, et suivit la magicienne le long des murs ornés de tapisseries et autres sculptures de créatures marines. La chambre qu'elle lui avait préparée était simple mais confortable, avec un grand lit couvert de duvets moelleux.
"Repose-toi." conseilla Eärwen en tirant doucement la porte derrière elle, le laissant seul avec ses pensées.
Amos retira ses vêtements, encore imprégnés d'humidité, et s'étala dans le lit. La douceur des couvertures contrastait avec la froideur qu'il ressentait encore dans ses os, mais peu à peu, la chaleur l'envahit, accompagnée du poids de l'épuisement qui s'abattit lourdement. Il ferma les yeux et, malgré l'angoisse qui le tenaillait, les murmures lointains de la mer l'accompagnèrent progressivement vers un sommeil agité mais nécessaire.
Les jours qui suivirent furent intenses et éprouvants pour Amos. Eärwen et lui passèrent des heures à étudier d'anciens grimoires, cherchant des indices sur ce portail dans les archives magiques de leurs deux royaumes. Ils essayèrent également diverses incantations et rituels à Iserlohn, cherchant à localiser Mezhelan. Mais chaque journée s'achevait sur une note de frustration, et les réponses semblaient toujours hors de portée.
Le roi Vardan, malgré sa réaction initiale, montra une patience inattendue. Il ne fit aucun reproche à Amos concernant son manque de respect. La magicienne de la mer s'était par ailleurs montrée particulièrement froide à l'égard du souverain à cause de cet événement. Ce dernier reconnaissait la gravité de la situation et, conseillé par ses proches, prit sur lui d'apaiser les tensions.
Une semaine passa sans le moindre signe de Mezhelan. Amos, malgré l'épuisement et l'angoisse, refusa d'abandonner. Eärwen fut d'un grand soutien, sa présence calme devenant un véritable ancrage, lui donnant la force de continuer malgré les échecs répétés.
Un soir, alors qu'ils étaient plongés ensemble dans un énième grimoire, Eärwen suggéra : "Nous devrions aller nous coucher… Je sais que nos pistes sont minces, mais ne perdons pas espoir."
Le jeune homme hocha la tête, ses yeux marqués par la fatigue. Il se sentait au bord de l'épuisement, mais la détermination de retrouver son père l'empêchait de s'effondrer. Il ouvrit la bouche pour répondre, mais fut interrompu par un bruit sourd provenant d'une salle adjacente : "Qu'est-ce que c'était ?" demanda-t-il, soudainement alerte.
Eärwen se leva parallèlement, les sourcils froncés.
Ils coururent dans cette direction et Amos comprit rapidement que ça provenait de sa chambre. En ouvrant la porte, ils découvrirent une silhouette effondrée sur les dalles de pierre, visiblement épuisée et blessée.
Amos n'eut besoin que d'un instant pour réaliser de qui il s'agissait : "Papa !" cria-t-il en se précipitant.
Mezhelan leva faiblement les yeux, son visage marqué par des cernes profondes. Sa respiration était laborieuse et il tenta de se relever, mais serra aussitôt les dents de douleur en retombant, mettant en évidence son poignet droit gonflé, d'une couleur violacée inquiétante.
Le jeune homme s'agenouilla à ses côtés, l'aidant à se redresser. Les yeux de Mezhelan, fixés sur lui, se mirent à briller de façon inhabituelle. Sa peau était moite et d'un aspect maladif, il semblait bien incapable de se tenir debout. Il le vit ouvrir la bouche sans que le moindre son n'en sorte, peut-être à cause de l'état de sa gorge portant d'importantes traces de strangulation ? Bon sang, que lui était-il arrivé ?
Malgré ça, Mezhelan trouva la force de le prendre dans ses bras et fondit en larmes.
Ce moment de vulnérabilité, si rare pour quelqu'un d'aussi pudique sur le plan émotionnel et qui s'interdisait si strictement les émotions jugées négatives, ébranla profondément Amos : "Je suis là, papa. Je suis là." murmura-t-il en le serrant contre lui. C'était la première fois qu'il le voyait pleurer, qu'il s'éloignait autant de la perfection inébranlable qu'il avait toujours représentée. Et pourtant, en dépit de l'inquiétude de son état, Amos se sentit incroyablement soulagé de le retrouver.
Eärwen, dans un certain état de stupeur, s'approcha doucement : "Il a besoin de soins. Amos, aide-moi à le porter." Elle échangea un regard significatif avec le jeune homme, et il y eut une compréhension tacite entre eux sur la gravité de la situation.
Avec précaution, ils déplacèrent Mezhelan vers sa chambre, et il perdit rapidement connaissance en chemin.
Les domestiques partirent en hâte chercher de l'aide et avertir le roi.
Amos resta aux côtés de son mentor, tenant fermement sa main : "Il va s'en sortir, n'est-ce pas ?" demanda-t-il, l'inquiétude perçant sa voix.
"Il est fort. Avec du temps et des soins, il se rétablira, j'en suis certaine." assura Eärwen, pleine de compassion.
La chambre de Mezhelan, habituellement calme, résonna bientôt des murmures apaisants de la magicienne et des respirations pénibles de son blessé, puis fut rapidement rejointe par les voix pressées des guérisseurs et celle du roi. L'atmosphère était chargée d'un mélange de soulagement, de peur et de tristesse pendant qu'ils réalisaient l'ampleur de ses blessures. Ils découvrirent ainsi un poignet fracturé, des côtes cassées, une gorge écrasée, mais également une fièvre brûlante.
Amos resta à son chevet, refusant de le quitter alors qu'ils venaient d'être réunis. Plus la nuit avançait, et plus les traits de son maître semblèrent se détendre. Les souvenirs des derniers jours tournaient en boucle dans l'esprit du jeune homme, chaque échec, chaque moment de désespoir. Il se reprochait de ne pas avoir été capable de le protéger et de l'aider, se demandant ce qu'il aurait pu faire différemment. Mais à présent, il était déterminé à concentrer ses prochains efforts à sa guérison.
Prochainement : Mezhelan
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