39. Fin d'une ère - Partie 4

14 minutes de lecture

Les semaines s'écoulèrent avec une lenteur pesante, et Amos consacrait tout son temps à la guérison de son maître. Chaque matin, il se plongeait dans divers grimoires, cherchant désespérément un moyen de réparer les dégâts irréversibles de sa gorge. Il concentrait ses recherches sur la magie de soin, espérant découvrir une solution par ce biais. Malgré ses efforts acharnés, les avancées étaient infimes et la frustration montait.

L'homme pouvait de nouveau se lever et marcher seul, mais sa voix restait muette ainsi que ses mouvements limités par ses côtes blessées. Il pouvait aussi utiliser sa main droite, bien que son poignet devait demeurer parfaitement immobile.

Un matin, Amos chercha Mezhelan jusque dans son bureau, les yeux remplis d'un mélange de détermination et de fatigue : "Je voudrais encore essayer."

Le magicien acquiesça faiblement, posant sa plume d'un air fatigué mais reconnaissant.

Amos s'approcha, posant ses mains sur la gorge de Mezhelan et se concentra intensément. Une douce lueur verte émana de ses doigts, enveloppant le cou de son mentor. À chaque tentative, il visualisait les choses différemment, mais les progrès restaient insaisissables : "Tu penses pouvoir parler ?" demanda-t-il avec hésitation. Il avait l'impression que son père lui souriait moins ces derniers temps et que chaque échange se raccourcissait. Il semblait souvent plongé dans ses pensées, le regard tourné dans le vide, et le jeune homme ressentait une incompréhension s'installer entre eux.

Mezhelan ouvrit la bouche pour essayer de répondre, puis fronça profondément les sourcils. Il secoua alors simplement la tête en réponse.

Amos soupira de frustration. Une part de lui ne pouvait s'empêcher de penser que cette distance s'installait à cause de son incompétence, et cette idée lui était insupportable. Depuis le retour de Mezhelan, il avait pourtant fait de grands progrès en compréhension du corps humain et en soins généraux, mais il se heurtait à la complexité des cordes vocales. Plus il le voyait guérir physiquement, plus il avait l'impression que leur lien s'effritait. Il en venait à se demander si ce n'était pas lui qui avait changé.

L'impossibilité de discuter ensemble lui apparaissait comme la principale cause de leur éloignement : "Je… vais continuer mes recherches." dit-il en quittant la pièce. Il rêvait de réentendre sa voix et de lui parler comme avant. Son père était là, toutefois il lui manquait terriblement. Pire encore, il imaginait combien cela devait être difficile pour quelqu'un comme lui d'être confiné au château, incapable d'aider le peuple comme il l'avait toujours fait.

Le jeune homme passa des journées entières dans diverses archives, cherchant des réponses dans des écrits d'anatomie et de médecine écrits par des érudits et des guérisseurs. La magie de soin n'existait pas à sa connaissance, mais il espérait tomber sur des savoirs lui permettant d'en élaborer une. Chaque nouvel ouvrage était une lueur d'espoir, une promesse de guérison pour Mezhelan.

Un jour, dans un cabinet des bas quartiers de la cité, Amos se procura un livre ancien écrit et raturé à la main, détaillant la structure des cordes vocales et des méthodes de soin par opération. Ce grimoire rare était moralement discutable, mais il avait déjà été confronté à la méfiance et aux pensées restreintes des gens en inspectant le corps des défunts. Alors, il prit des heures à déchiffrer ces textes, cherchant à appliquer ces connaissances à la magie. Il expérimenta même sur lui-même autant que possible, espérant progresser et trouver ce qui lui manquait, mais cela semblait encore plus compliqué sur soi-même que sur les autres.

Le soir même, il rentra dans les quartiers magiques avec un enthousiasme et une assurance retrouvée, et chercha son maître pour le voir assis à une table au jardin, un livre à la main : "Papa ! Cette fois, je pense que j'ai compris !" affirma-t-il en approchant rapidement.

Mezhelan leva les yeux de sa lecture. Son visage était fermé mais sans méchanceté, il soupira.

Amos se sentit un peu froissé, mais ne perdit pas son optimisme : "Laisse-moi essayer, s'il te plaît." pressa-t-il.

Le mage hocha la tête sans enthousiasme, en posant son livre sur la table devant lui.

Amos, un sourire aux lèvres, recouvrit la gorge de son mentor de ses doigts, ne se souvenant plus combien de fois il l'avait fait ces trois derniers mois. Une lumière verte jaillit tandis que sa magie s'insinuait dans sa gorge avec une précision nouvelle. Cette fois, après plusieurs minutes, il avait vraiment l'impression que sa magie réagissait exactement comme il l'attendait. Il avait cette conviction profonde qu'il y était parvenu : "Essaye de parler !" lança-t-il avec aplomb.

Le regard de Mezhelan se durcit à ces paroles.

Cette expression fit aussitôt retomber le sourire de l'apprenti, dont toute la confiance s'envola dans la seconde : "Ça… Ça n'a pas… ?" commença-t-il, complètement désemparé. Il ne comprenait pas ce qui n'était pas allé cette fois, il était pourtant si sûr de lui, et ses yeux descendirent aussi progressivement que honteusement sur ses pieds.

"Ahh." essaya Mezhelan, en s'étonnant lui-même au moment où il entendit sa propre voix.

Amos releva immédiatement des yeux ronds vers son maître.

"Amos." dit faiblement Mezhelan, constatant que sa voix était revenue.

Ne pouvant plus contenir son émotion, le jeune homme sentit son corps trembler et manqua de fondre en larmes.

Le magicien se leva aussitôt, puis passa un bras autour de ses épaules pour le tirer contre lui : "Tu as réussi, merci." félicita-t-il d'une voix enrouée.

"Papa…" craqua Amos dans son étreinte, en sentant des larmes lui rouler le long des joues. Les gestes d'affection de sa part se raréfiaient tant que, bon sang, comme cela lui faisait du bien.

"Ça va…" réconforta Mezhelan, avant de croiser à nouveau son regard pour lui sourire.

Les yeux brillants d'Amos ne purent s'empêcher de fixer son sourire avec une certaine dose d'incompréhension. Il paraissait si… étrange, si forcé. Avait-il toujours été ainsi ? Sans comprendre pourquoi, il ne ressentit rapidement plus aucune joie. Il retrouva un calme exemplaire pour affirmer : "Ça va."

Mezhelan posa alors doucement une main sur sa tête : "Tant mieux." affirma-t-il, avant de se rasseoir sur la chaise pour reprendre sa lecture.

Le jeune homme en resta perplexe. Cette froideur inattendue devenait de plus en plus fréquente. Et si avoir retrouvé sa voix ne changeait finalement rien entre eux ? Si les choses ne revenaient jamais telles qu'elles étaient auparavant ? Cette idée le bouleversa.

Ayant retrouvé sa voix, plusieurs domestiques tentèrent de discuter avec Mezhelan dans les jours qui suivirent, mais il resta fermé, continuant d'assurer ne se souvenir de rien concernant l'incident.

Assis dans la bibliothèque, Amos était absorbé par le manuscrit controversé découvert en ville. Bien que l'auteur soit considéré comme un savant fou, cet ouvrage contenait des informations précieuses. Tout ce qu'il apprenait pouvait lui être utile pour sauver des vies à l'avenir, et il avait déjà prouvé son efficacité en soignant son maître. Il n'y voyait pas de mal tant qu'il lui servait à faire le bien. Il était tant pris par sa lecture qu'il ignora les pas dans la grande pièce, persuadé, à tort, qu'il s'agissait des domestiques.

"Amos." interpella une voix grave, la tête baissée sur le jeune homme.

Ce dernier, pris de court, referma lourdement le livre et leva la tête à la hâte pour apercevoir le roi. Il se leva presque aussi vite pour s'incliner : "Majesté…"

Le roi, ignorant ce qu'il faisait, demanda directement : "Où est Mezhelan ?"

"Dans la cour." répondit Amos. Il le vit prendre cette direction et lui emboîta spontanément le pas.

Le roi trouva son mage assis à une table de jardin, lui aussi en train de lire.

"Mezhelan." appela-t-il en s'approchant.

L'homme tourna la tête, referma lentement son livre couvert de cuir pour le poser sur la table avant de se lever : "Sire." s'inclina-t-il légèrement.

Le roi écarquilla immédiatement les yeux de surprise : "Tu parles… ?"

"Oui, Amos m'a soigné." précisa-t-il.

Les traits du souverain se durcirent, alors qu'il jeta un coup d'œil sur l'apprenti pour remarquer d'un ton sec : "Pourquoi n'en ai-je pas été informé ?"

Amos resta si stupéfait par cette information qu'il ne parvint plus à lâcher son maître du regard. Il n'avait rien dit au roi ? Ce n'était pas du tout dans ses habitudes et il ne s'était même pas posé la question lui-même, persuadé qu'il l'avait fait.

"Maintenant, c'est fait." dit simplement Mezhelan : "Je me sens beaucoup mieux, et j'aimerais repartir en mission."

Amos, toujours bouche bée par cet échange, continua de le fixer. Son expression était indéchiffrable, mais il ne ressentait apparemment aucun malaise face à la situation.

Le roi, visiblement déconcerté, finit par dire : "Je vais y réfléchir." Puis, il se tourna vers le jeune homme pour ajouter : "Je veux te parler."

Ce dernier parvint enfin à décoller les yeux de son maître pour acquiescer de la tête. Le ton sec du souverain fit naître une boule d'angoisse dans sa poitrine. Il le suivit, s'attendant à une réprimande cinglante, une condamnation pour avoir caché des informations. Pourtant, quand le roi finit par poser sa question, une fois à l'écart, Amos réalisa qu'il paraissait lui-même hésitant et déstabilisé.

"Ne te semble-t-il pas… étrange ?" interrogea-t-il.

Surpris, mais tout de même rassuré de ne pas être le seul à le remarquer, il répondit : "Si. Je vous assure, Sire, j'étais persuadé qu'il était venu vous en parler… Depuis quelque temps… je ne le comprends plus."

"En sais-tu davantage sur ce qui lui est arrivé ?" questionna le souverain.

"Malheureusement non, il persiste à dire qu'il ne se souvient de rien." répondit Amos.

"Persiste ? Tu n'y crois pas ?" interrogea-t-il une nouvelle fois.

"Je ne sais pas, Majesté. La dernière fois qu'il me l'a dit, il m'a paru sincère… Mais au début, j'avais l'impression qu'il évitait juste le sujet parce que c'était difficile pour lui d'en parler…" confia Amos.

Le roi était pensif : "Je vois…" dit-il : "Et crois-tu que c'est une bonne idée de l'autoriser à repartir en mission ?"

Le jeune homme fut surpris par la question, mais une part de lui se sentit reconnaissante qu'on lui demande son avis : "Je crois que ce qu'il a vécu l'a changé… Revenir à son ancienne routine ne peut qu'aider. Après des mois confinés au château, il doit se sentir étouffé…"

"D'accord. Je l'autorise à repartir, mais tu l'accompagneras. Je veux que tu le gardes à l'œil. Votre lien est fort, tu le considères plutôt comme un père, n'est-ce pas ?"

Amos ouvrit de grands yeux, puis hocha simplement la tête en réponse.

"Alors sois un bon fils, il a besoin de toi." conclut le roi, se retournant pour partir.

"S-Sire !" interpella Amos avec hésitation.

Le roi se tourna d'un air interrogatif.

L'apprenti s'inclina aussitôt, les yeux baissés : "Je ne vous ai jamais présenté mes excuses pour vous avoir manqué de respect lors de sa disparition… mes propos étaient intolérables et ont dépassé ma pensée, j'étais terrifié, je…"

Le souverain posa soudainement une main sur son épaule : "Je suis heureux que tu me le dises." affirma-t-il.

Amos releva la tête, sentant un certain soulagement le gagner pour avoir clarifié cette situation.

Le roi se retourna à nouveau pour partir : "C'est oublié." déclara-t-il, faisant un arrêt pour ajouter sans le regarder : "Et… c'est incroyable que tu aies réussi à le soigner, tu… tu m'impressionnes." félicita-t-il.

Pas insensible à ces paroles et se sentant libéré par cet échange, le jeune homme sourit légèrement. Il vit le roi quitter les quartiers sans un mot de plus et, en voulant rejoindre Mezhelan dans les jardins, l'aperçut dans son dos : "Maître !" s'exclama-t-il de surprise.

"Je peux repartir ?" demanda l'homme.

"Oui." informa Amos.

Le magicien parut satisfait et dit : "Parfait."

"Je t'accompagnerai." précisa Amos, souriant avec enthousiasme.

"Non." refusa aussitôt Mezhelan.

Amos sentit son cœur se serrer douloureusement : "Ce n'est pas vraiment négociable… c'est une demande de Sa Majesté…" insista-t-il d'une voix hésitante.

Son maître s'attrapa le front, visiblement préoccupé. Il finit par tourner les talons, replaçant en silence son vieux livre dans la bibliothèque.

Le jeune homme le regarda s'éloigner, désemparé par cette réaction. Mais il ne pouvait pas se permettre de le laisser partir seul. Le roi avait raison, Mezhelan avait besoin de lui… n'est-ce pas ?

Aux aurores, après quelques préparatifs, maître et disciple se mirent en route ensemble. Il s'agissait d'une requête courante pour la région : des habitants de la frontière nord avaient signalé des lumières étranges et des bruits inquiétants provenant de la lisière.

Mezhelan, bien qu'il ait montré une certaine réticence initiale, semblait s'être résigné à cette mission commune.

Ils étaient à plus d'une journée de marche du lieu visité le plus proche, où ils posèrent le pied après l'ouverture d'un portail. Ce voyage était une occasion de passer du temps rien qu'à deux, et Amos y voyait surtout une précieuse occasion de renouer leur lien fragilisé.

Sur le chemin, l'air frais et le doux bruissement des feuilles sous leurs pas semblèrent détendre progressivement son maître. La reprise d'activité lui faisait assurément du bien.

Amos, attentif, tenta à plusieurs reprises de le faire sourire avec des anecdotes du quotidien ou des commentaires légers sur leur environnement. Bien qu'au départ ses efforts semblaient vains, il finit par sentir son maître de plus en plus réceptif. Ils commencèrent ainsi à échanger naturellement, même si le jeune homme se retint d'aborder le sujet sensible, convaincu qu'une seule allusion briserait ce moment de sérénité. Il choisit plutôt de profiter de l'instant, savourant ces instants de complicité, chose qui lui manquait tant.

Mezhelan se laissa même aller à un rire discret, presque imperceptible, mais suffisant pour illuminer le visage de son apprenti. Le trajet, bien que marqué par la fatigue, fut rapidement une source de bonne humeur partagée.

Le soleil déclinant annonça finalement leur arrivée dans une petite auberge en bordure de route. L'endroit, modeste mais chaleureux, leur offrit une halte bienvenue après des heures de marche. Après un repas simple, quoique réconfortant, ils rejoignirent la chambre qu'ils avaient réservée.

Éreinté, Amos s'endormit rapidement dans la chambrée, satisfait de sa journée.

Cependant, en pleine nuit, le jeune homme fut tiré de son sommeil par des murmures étouffés et des bruits de mouvement venant du lit de Mezhelan. En ouvrant les yeux, il vit son maître se débattre faiblement, des gouttes de sueur perlant sur son front. Il se précipita à son chevet, le découvrant en proie à un cauchemar, ses traits déformés par la peur. Il posa alors une main douce mais ferme sur son épaule, le secouant légèrement : "Papa ! Réveille-toi, ce n'est qu'un cauchemar." chuchota-t-il.

L'homme ouvrit brusquement les yeux, l'esprit encore hanté par les visions de son rêve. Son regard croisa celui de son garçon, et un instant passa, lourd de silence et d'émotions inexprimées. Tandis qu'il réalisait doucement la situation, il détourna les yeux, visiblement embarrassé : "Laisse-moi." murmura-t-il, la voix brisée.

Amos hésita, mais finit par obéir, se reculant lentement pour retourner à son propre lit. Toutefois, il n'arrivait pas à chasser l'image de son visage tourmenté. Il ne pouvait faire qu'imaginer toutes les choses horribles qu'il lui était arrivé dans ce portail, parce que c'était quelque chose qu'il refusait de partager.

Allongé dans l'obscurité, Amos fixait le plafond en silence, se sentant complètement impuissant face à sa détresse.

Le lendemain, Mezhelan ne mentionna pas l'incident nocturne. Arrivés au village, il discuta aimablement avec les habitants, écouta leurs préoccupations, parut fidèle à lui-même. Amos sentit un poids se lever de ses épaules, heureux de voir son maître se comporter de manière plus familière.

"Avez-vous vu ces lumières ?" demanda Mezhelan à un groupe de villageois rassemblés.

"Oui, Maître Mage. Chaque nuit, elles dansent à la lisière de la forêt. Nous craignons que ce soient des spectres." répondit l'un d'eux, visiblement anxieux.

L'homme hocha la tête d'un air rassurant : "Nous enquêterons ce soir, ne vous inquiétez pas."

Amos et lui passèrent la journée à explorer les environs et la frontière, essayant de trouver des indices sur ce qui pouvait provoquer ces phénomènes. Les descriptions de ces lumières étaient variées, certains parlaient de flammes tournantes, d'autres de figures lumineuses dansantes. La Forêt aux disparus, quant à elle, était dense et sombre, aussi énigmatique qu'à son habitude, mais il n'y avait rien d'inhabituel à sa lisière.

La nuit tombée, ils s'installèrent sur place, attendant que lesdites lumières apparaissent. Amos sentit l'excitation monter en lui et jeta un coup d'œil à Mezhelan, qui semblait concentré mais serein.

Puis, des lueurs apparurent effectivement entre des arbres au loin, dansant et virevoltant comme des feux follets. Amos retint son souffle en observant cette scène.

"Reste là." ordonna Mezhelan d'un geste protecteur, prenant cette direction.

Bien qu'hésitant, cette prévenance réchauffa le cœur tourmenté du jeune homme. Il obéit et regarda son maître disparaître entre les arbres d'un pas silencieux.

Quelques minutes passèrent avant qu'il n'entende des voix dans la nuit, suivies de cris alarmés. Amos se redressa, essayant de voir ce qui se passait, puis désobéit et courut dans cette direction. Il arriva dans une petite clairière où des gens, dont certains en habits traditionnels, étaient rassemblés autour d'un grand feu parmi des arbres gravés et autres objets étranges. Il observa avec fascination les bouquets de sauge brûlant dans leurs mains, comprenant que c'était l'un de ces rites anciens destinés à protéger les vivants de ce côté de la frontière.

Mezhelan tenait fermement un homme par le bras.

Ce dernier bafouillait : "Ce sont nos coutumes. Nous les pratiquons pour éloigner les esprits de la forêt… !"

"Des superstitions." lui cracha-t-il dessus avec mépris : "Vous ne faites qu'effrayer plus de monde !"

Amos sentit de la froideur dans la voix de son mentor et s'avança pour tenter de calmer la situation : "Papa, ils ne font de mal à personne. Ils pensent que ça les protège !" intervint-il.

Mezhelan fixa son apprenti avec autant de froideur que ces gens, puis relâcha brusquement le villageois : "Retournez chez vous." ordonna-t-il au groupe.

"Nous ne pouvons pas nous arrêter en plein rituel !" se défendit l'homme avec conviction.

Avant qu'Amos ne puisse dire autre chose, il vit son maître lever brusquement les mains pour étouffer toutes les flammes à proximité avec sa magie, les plongeant dans l'obscurité la plus totale.

Les villageois poussèrent des cris de surprise et de peur tandis que le magicien faisait jaillir des flammes dans ses propres mains. Son visage, éclairé par le dessous, lui donnait une expression encore plus terrifiante : "Je vous le répète, rentrez chez vous !" somma-t-il.

Les villageois se dispersèrent rapidement, jetant des regards craintifs en arrière.

Amos, choqué, s'approcha de Mezhelan en tentant de comprendre : "Pourquoi as-tu réagi comme ça ?"

Ce dernier se détourna, les mâchoires serrées : "Parce qu'ils se trompent. Ces rituels ne servent à rien et ne méritent pas notre respect. Ces gens doivent faire face à la réalité, plutôt que de se cacher derrière des rites sans fondement."

"Mais tu les as sans doute terrorisés ! Ces rites leur apportent du réconfort, même s'ils n'ont aucun pouvoir réel… !" s'exclama Amos, sentant l'indignation monter en lui.

Mezhelan haussa les épaules avec détachement.

Le jeune homme serra les poings, ses yeux se mettant à brûler de déception et de colère : "Ça ne te ressemble pas. Tu n'aurais jamais fait ça avant… !" s'emporta-t-il.

Les sourcils fortement froncés, Mezhelan observa son disciple, visiblement ébranlé par ces propos. Puis, peu à peu, l'inexpressivité envahit son visage : "Je ne voulais pas que tu viennes. Alors si je te déçois, va-t'en."

Amos se figea un moment, le cœur lourd de tristesse et de confusion. Il avait envie de crier, de le secouer et de lui demander pourquoi il agissait ainsi, pourtant il resta silencieux. Ses mots résonnaient dans sa tête, créant une fracture inévitable : 'Mon père m'a appris à toujours faire preuve de compassion et de compréhension, mais cet homme est en train de disparaître au profit d'un type froid et insensible.' pensa-t-il avec ressentiment. L'espoir qu'il avait ressenti dernièrement s'évanouit, remplacé par un profond dégoût et une amertume déchirante. Il ne voulait pas l'abandonner, mais combien de temps pouvait-il le supporter ? Ne sachant que dire, il ouvrit un portail et disparut silencieusement dans la nuit.

Prochainement : Mezhelan

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