Comment ? Pourquoi ?

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Dimanche 17 juillet 1870

Les moissons sont bien avancées et la canicule qui a sévi la semaine passée, n’augure rien de bon. Le temps reste chaud et sec et on s’inquiète d’une récolte qui, comme l’an passé, ne permettra pas de faire des réserves pour voir venir.

En ce dimanche après-midi, comme souvent pendant les moissons, le maire réunit le conseil municipal. Il est 13h00 et ils sont tous là, bavardant autour de la table installée dans la grande salle du presbytère. Il y a Gabriel Martineau, l’adjoint du maire ; Louis Aubin, l’aubergiste ; Geoffroy Lambron, l’ancien boulanger ; Louis Hogou et Félix Guérineau, les doyens de l’assemblée ; Jacques Richard, Gabriel Martin, Alexis Nivault et Jacques Guérineau qui parlent des moissons, comparent les rendements à espérer.

A l’ordre du jour de ce conseil municipal dominical, un seul sujet. Il s’agit de régulariser et de formaliser l’usage de la grande salle du presbytère par le Conseil municipal de Sougé, qui y tient toutes ses réunions depuis plus de 20 ans. Depuis quelques années maintenant l’abbé Bouin nourrit de grands projets pour sa paroisse et après avoir créé une école pour les jeunes filles du village, tenue de main de maître par les sœurs de la Providence, il veut mettre un peu d’ordre dans l’usage qui est fait du presbytère. Sensible aux ambitions de son ministre, le Seigneur a rappelé à Lui Marguerite Souriau, veuve depuis 1833 de Charles et qui occupait depuis plus de 30 ans, la partie ouest du rez-de-chaussée du presbytère. L’abbé compte donc rentabiliser les lieux, créant une cuisine et une salle à manger à la place de l’ancien logement et établissant, par bail, la location de la grande salle, à la commune, pour un montant de 20 francs par an. L’affaire est entendue et le Conseil Municipal entérine la décision et les discussions reprennent là où le vote les avait interrompues.

Geoffroy Lambron, d’habitude prompt à participer aux conversations, semble absent, tambourinant distraitement la table du bout des doigts. Se raclant la gorge il interrompt les conversations de ses voisins : « Mon futur gendre, le docteur, a reçu des nouvelles de ses amis de Paris. Les parisiens sont dans la rue, ils crient « Assez de Bismarck ! À Berlin ! ».

- Vraiment ! ses compagnons sont déconcertés

- Mais pourquoi ? C’est cette histoire de prince prussien qui voulait devenir roi d’Espagne ? C’était réglé, il l’avait retirée sa candidature !

- Non ce n’est pas terminé. Louis Aubin pose sur la table deux journaux arrivé la veille à l’auberge. L’empereur a signé la mobilisation générale, le 14 juillet.

Stupéfaits, ils se regardent s’inquiétant des conséquences d’une situation qu’aucun n’avait vue venir. Gabriel Martineau repose l’Indépendant qu’il vient de parcourir :

- Les soldats ont quitté Montoire hier …

- S’il le faut, nous irons la faire cette guerre … mais ce sera réglé avant qu’on ai besoin d’envoyer nos garçons !

- Oui … comme à Valmy …. Le vieux Père Hogou a murmuré, convoquant le souvenir des anciens et de leurs rêves perdus.

René Gaudissard se lève, les deux mains à plat sur la table et met fin à la séance en résumant le sentiment général : « En attendant, dépêchons-nous de terminer les moissons … au cas où… »

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