Johannes, un peu, Erin Beaucoup...
En un instant, le ciel se révèle rose, incandescent..flamboyant, devant les yeux ensommeillés d'Erin.
Ils ont roulé toute la nuit; toute la nuit, dans cette idée un peu folle de courir après le temps.
Erin, blottie contre la portière, entrouvre à peine les paupières. Elle fait semblant de dormir, attrapant l'instant comme ce qu'il est : un petit bijou dans son existence.
Elle sent la main de Johannes sur sa cuisse ainsi que la carresse de son regard sur sa joue.
Avec timidité, elle se retourne. Aucune gêne, aucune pudeur, la normalité d'être là, présents en ce temps éphémère.
Erin voudrait rembobiner à l'infini. Johannes ne partirait pas. Elle ne serait pas obligée de passer du temps avec Aurèle, ni de l'accompagner à ce qu'ils considèrent tous les deux comme leur dernier rendez-vous.
Plus tôt, ils se sont arrêtés, dans la torpeur de la nuit, en admiration devant le vide et le silence. Ils étaient comme deux privilégiés dans l'imposante station-service. Petit matin, une odeur de pains au chocolat et de croissants... Erin apprend à être épicurienne. Elle demande sur la pointe des pieds si elle peut en goûter un. Ses yeux espiègles, son sourire mutin, lorsque le vendeur accède à sa demande, en feront un souvenir unique dans sa mémoire.
Ils savourent le chocolat fondant sous les langues et brûlant leurs lèvres comme le sentiment naissant qui les consume.
Dans quelques jours, ils seront chacun sur un continent, séparés par les kilomètres et le décalage horaire.
Johannes prend doucement la main d'Erin et l'attire à lui. Elle pose sa tête sur son torse et respire son odeur, ce qu'il est et tout ce qui va lui manquer.
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