Act 1

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Clara était une enfant de l’écume, bercée depuis toujours par le va-et-vient des marées. D’aussi loin qu’elle se souvient c’était toujours elle et la mer, son père aussi quelque fois, sur le vieux navire en bois blanc a la peinture écailleuse, Heol. C’était le nom qu’elle lui a donner quand elle n’était encore qu’une enfant rêveuse de parcourir les mers a la recherche de terre in-explorer. Heol, comme le soleil. C’était ce qu’elle aimer, le soleil et la mer, le feu et l’eau.

Le rivage n’était plus qu’un simple rayon de couleurs au loin, ces grande falaise blanches rocailleuse, ses arbres verdoyant, ces maisons blanche fatiguer par le sel et le vent qui, d’ici, ressemblait a des fleurs de toute couleurs dans un champ. Elle connaît chaque crique, chaque rocher battu par les vagues. Les petites étendues de sable déserte, les sentiers tortueux qui mènent aux falaises. C’était sa liberté, son refuge. Là, au milieu de ce paysage sauvage, elle n’avait besoin de rien d’autre.

Chaque matin, alors que l’aube effleurait l’horizon de teintes roses et dorées, Clara retrouvait son père sur leur bateau. La coque tanguait doucement sur une mer encore endormie, baignée de reflets tremblants. L’air était saturé du cri des mouettes et du parfum de la saumure, une odeur qui s’infiltrait partout, jusque dans ses cheveux, imprégnant sa peau comme une seconde nature. Ce monde de bois grisé et de vagues incessantes était son royaume.

Tout était parfait.

« - Clara remonte la voile le vent se lève et j’ai repérer un banc de poisons juste sous nos pieds »

Son père, solide comme les falaises qui veillaient sur la crique, lui avait appris à lire le ciel, à écouter le vent et à comprendre l’humeur changeante de l’océan. Grell était un homme de peu de mots, mais d’une grande douceur sous sa dureté apparente. Il lui parlait peu, mais chaque mouvement, chaque geste qu’il faisait lui enseignait quelque chose : comment jauger les vagues, comment sentir la mer avant qu’elle ne se déchaîne. Il ne lui parler peu mais il l’aimer plus que tout au monde.

Elle acquiesça sans un mot, s'emparant de la corde. Ses mains étaient habituées à la texture rugueuse, à la force nécessaire pour faire face au vent. Alors qu'elle déployait la voile, le vent la frappa de plein fouet, mais Clara savait exactement comment réagir. Elle avait grandi avec cette mer, elle en avait épousé les caprices, les sautes d’humeur. Les voiles se gonflèrent, et la barque se mit à avancer lentement mais sûrement vers le large. Son père, dans le fond de la barque, jetait parfois un coup d'œil à la mer, mais il ne disait rien. Il était concentré sur l’horizon, guettant les mouvements de l’eau. C’était dans ces moments-là qu’elle se sentait la plus proche de lui, dans ce silence partagé, où les mots n’étaient pas nécessaires.

Ils arrivèrent bientôt à l’endroit que son père avait repéré, une petite baie tranquille, à l’eau d’une clarté presque irréelle. Le vent avait cessé de souffler avec la même force, et la mer était devenue un miroir paisible, légèrement ondulé. Le ciel s’était obscurci un peu, mais la lumière perçait encore, colorant l’eau de teintes argentées et bleu profond.

« C’est ici, » dit son père d’une voix plus douce, presque secrète, comme s’il voulait préserver la beauté du moment. « Regarde bien. »

Clara se pencha, observant l’eau claire qui se déployait sous eux. À travers les vagues légères, elle aperçut d’abord des ombres furtives, puis une nuée de poissons argentés qui glissaient en toute synchronie, une danse fluide et hypnotique. Leur passage était comme une lueur qui glissait sous la surface, un ballet naturel que seuls ceux qui avaient grandi dans cette mer pouvaient apprécier à sa juste valeur.

« Ils sont magnifiques, » souffla Clara, presque envoûtée par la scène. Elle n’avait jamais cessé de s’émerveiller devant la simplicité et la beauté de ces instants volés à la nature, ces moments de pureté qui semblaient suspendus hors du temps.

Son père sourit, un sourire qui ne trahissait aucune fierté, juste une reconnaissance partagée. « Il y en a encore plus loin, mais c’est ici qu’il faut les attraper. Tu veux tenter ta chance ? »

Clara hocha la tête, sentant une montée d'excitation à l’idée de participer à cette chasse silencieuse. Elle se tourna vers lui, cherchant son approbation avant de se saisir du harpon. Le geste de son père, ferme et précis, l’avait toujours fascinée, mais aujourd’hui, c’était à son tour de prendre part à ce secret familial. Le bruit du vent et des vagues sembla s’éteindre autour d’elle, l’espace d’un instant, tout n’était plus que l’eau, le ciel et ce banc de poissons, comme un dernier cadeau de la mer.

Le soleil se couchait lentement, colorant le ciel d’une douce lueur orangée qui se reflétait sur la table en bois, usée par les années. La maison de Clara, modeste mais chaleureuse, sentait la mer, le sel, et l’odeur du poisson que son père avait préparé pour le dîner. Le crépitement de la cheminée accompagnait leurs silences. Elle avait passer ces plus beau moment dans cette maison

Clara, assise en face de Carl, jouait distraitement avec sa fourchette, son regard flânant sur les flammes dansantes. Elle n’avait pas l’appétit, pas ce soir. Ses pensées tourbillonnaient comme la brume qui venait souvent recouvrir la mer au matin. L’odeur du repas, pourtant si réconfortante, ne parvenait pas à l’ancrer dans l'instant présent. Ses mains, serrées autour de sa fourchette, étaient blêmes. Elle n’avait pas encore trouvé la force de se poser la question qui l’obsédait.

Carl, son père, l’observait du coin de l'œil. Il savait que quelque chose n’allait pas, comme toujours. Il ne comprenait pas vraiment, mais il savait. Après tout, il avait vu Clara grandir ici, dans cette maison où les murs avaient entendu des milliers de silences, des milliers de non-dits.

« Clara… » commença-t-il doucement, sa voix grave brisant le silence. « Tu as réfléchi à ce que tu veux faire, maintenant que tu n’es plus à l’école ? » Il la regarda, attentif, une légère inquiétude dans les yeux. « Je sais que c’est pas facile pour toi, mais… il faut bien que tu prennes une décision. »

Clara déglutit difficilement. Elle ne voulait pas le décevoir. Mais la vérité, c’était qu’elle n’avait aucune idée de ce qu’elle voulait faire. Elle n’avait jamais été à l’aise dans les grandes foules, les bruits, les attentes. L'école lui avait toujours paru être un lieu de trop, trop de regards, trop de règles, trop de bruits. La maison, la mer, le port... C’étaient ses seuls refuges. Mais qu'allait-elle faire de tout ça ? Elle avait peur, peur du futur, de ce qui se passerais si jamais elle quitter cette endroit, son père, son seul refuge depuis la mort de sa mère. Le futur lui semblait être une mer infinie, agitée et sans carte, où chaque vague est un choix que elle ne sais comment naviguer.

Elle baissa les yeux sur son assiette, et son ventre se noua, les mots bloqués dans sa gorge. « Je... je ne sais pas, papa. » La voix tremblante, elle tenta de formuler quelque chose, mais les mots se dispersaient comme des poissons fuyant le filet. « Je... je n’ai rien trouvé qui me donne envie... rien qui m’intéresse. »

Carl soupira doucement, un soupir qui portait la sagesse des années. Il savait que ce n’était pas une question de manque de volonté, mais bien de la souffrance invisible de sa fille, ce poids qui la rendait fragile, incapable de s’ancrer dans une vie qu’elle ne pouvait appréhender.

« Tu n’es pas obligée de tout savoir, Clara, » dit-il finalement, sa voix devenant plus douce. « Mais je veux que tu te sentes bien. Si tu veux, on peut en parler ensemble, trouver quelque chose... Peut-être que ce n’est pas le moment de décider tout de suite. »

Clara acquiesça, mais son cœur était lourd. Elle savait que son père ne comprendrait jamais totalement la profondeur de son malaise, cette ombre qui la suivait constamment. Tout ce qu'elle ressentait, c’était l’envie d’échapper à cette pression, cette obligation de trouver une voie, une issue. Mais la mer, le vent, tout ça semblait si loin de ce qu'elle était en train de devenir.

« Je t’aime papa »

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