Chapitre 3 / À la poursuite des ombres
Il était à présent plus de deux heures du matin et la nuit enveloppait les rues de Gion d'un voile frais, et Atsuko se fondait dans l'obscurité tel un spectre, sa silhouette solitaire glissant silencieusement entre les bâtiments historiques et les ruelles étroites.
Ses pas la menèrent vers la ruelle indiqué par Ayame. L’air était lourd et Atsuko sentait son cœur battre plus vite à mesure qu'elle s’approchait. Les souvenirs de son ancienne vie lui revenaient par bride. La traque, la recherche d’informations.
Ses pensées furent vite chassées, elle s'arrêta, une intuition la saisi au plus profond de son être. Une présence furtive dans l'ombre, un souffle étouffé dans la nuit... Quelqu'un l’observait. Elle avait senti ce regard dans la maison de thé mais cette fois, les poils de sa nuque se redressait face au danger imminent.
Elle pivota sur ses talons, prête à affronter l'inconnu qui se cachait dans les ténèbres. Mais il n'y avait personne, seulement l'obscurité épaisse et oppressante qui l'entourait.
Pourtant, Atsuko était certaine de ne pas être seule. Quelqu'un l'observait, tapi dans l'ombre, attendant le moment opportun pour agir. La détective savait. Elle avait fait ce coup là trop de fois pour tomber à son tour dans le panneau. Elle bloqua sa respiration, pour mieux entendre le monde.
Un bruit furtif la fit sursauter. Un mouvement rapide, une ombre qui s'évanouit dans les ténèbres... Atsuko se lança à sa poursuite, sa détermination la guidant à travers les ruelles tortueuses de Gion.
À chaque coin de rue, elle sentait l'étau se resserrer autour d'elle, la silhouette furtive toujours un pas devant. Mais elle ne faiblit pas, poursuivant sa quête avec une obstination farouche elle avançait.
Dans les rues étroites et tortueuses Atsuko poursuivait l’inconnu furtif qui semblait se jouer d'elle, glissant comme une brise à travers les passages sinueux et les recoins. Sa respiration saccadée se mêlait au murmure de la nuit, ses pas claquaient sur les pavés encore humides alors qu'elle s'efforçait de maintenir le rythme effréné imposé par sa proie insaisissable.
Les néon de la ville, telles des sentinelles silencieuses, éclairaient par intermittence son chemin, jetant des éclats de lumière colorés sur les murs décrépis et les devantures des boutiques closes. Mais dans nuit, la cavale n’était pas simple.
À chaque tournant, Atsuko se rapprochait de sa cible invisible. Mais à chaque fois, cette dernière lui échappait de justesse, fondant dans l'obscurité avec une agilité déconcertante.
La colère et la frustration gagnaient lentement Atsuko qui perdait patience. Son instinct de chasseuse guidant chacun de ses mouvements elle se faufilait entre les passants endormis, franchissait les passages étroits comme si elle connaissait personnellement chaque pavé que martelaient ses pieds. Son esprit devait se focaliser sur la capture de l'inconnu qui se dérobait à elle.
Le temps semblait s'étirer à l’infini et la détective Atsuko ne devait pas faiblir. Sa détermination inébranlable la portant toujours plus loin, toujours plus près de la vérité qui l'attendait au bout de cette course poursuite haletante.
Elle redoubla d'efforts, ignorant la fatigue qui alourdissait ses membres.
Un frisson parcourut l'échine d'Atsuko alors qu'elle atteignait un croisement sombre, le bruit étouffé de ses pas résonnant dans le silence oppressant. Elle fit un dernier virage, ses yeux scrutant l'obscurité avec une intensité renouvelée, prête à affronter ce qui l'attendait au tournant.
Soudain, une silhouette émergea des ombres, se dressant devant elle tel un spectre venu des profondeurs de la nuit. C'était l'homme étrange qu'Ayame avait décrit, son regard empreint d'une lueur sinistre lorsque la détective saisit fermement la crosse de son arme dissimulée sous son manteau. D'un geste rapide, elle la pointa vers l'homme acculé contre le mur, le regard dur et implacable.
Les secondes s'étirèrent, l'air vibrant d'électricité alors que les deux figures se faisaient face, chacune attendant que l'autre fasse le premier mouvement.
"Qui êtes-vous ?" demanda-t-elle le soufie court, impérieuse.
L'homme baissa les yeux, semblant hésiter un instant avant de déclarer d’une voix grave, presque suave, rauque : « Je suis un messager. »
Atsuko fronça les sourcils, scrutant son visage à la recherche du moindre mensonge. "Un messager ? De qui ?" pressa-t-elle, son ton empreint d’urgence.
« Vous devez laissez tomber l'enquête sur Miyū. Dans le cas contraire il y aura des conséquences. »
Le regard d'Atsuko s'assombrit, réalisant l'étendue de la toile de mensonges et de corruption qui enveloppait cette affaire.
"Vous osez me menacer, détective ?" cracha-t-il, d’une voix tremblante tentant vainement de masquer sa nervosité croissante. "Vous ne savez pas dans quoi vous vous êtes lancée. La pègre ne tolère pas les interférences. »
La pègre… Atsuko ne devait pas fléchir. Elle resserra sa prise sur son arme, prête à agir à la moindre provocation.
"Je suis prête à prendre ce risque. » Siffla-t-elle. La colère lui montait aux narines. À ses mots Atsuko tourna les talons et s'éloigna, laissant le dit messager. Elle savait que la confrontation était loin d'être terminée, mais elle devait continuer.
L’homme laissa échapper un rire sinistre en observant la jeune femme s’en aller. Ses yeux étincelaient d'une lueur malsaine.
"Atsuko Sugiyama...," murmura-t-il à lui-même, un sourire cruel étirant ses lèvres. "Tu es sur la mauvaise piste, ma chère. Mais bientôt, tu te rendras compte de ton erreur. Très bientôt. »
Son regard acéré fixa le chemin que venait de prendre la détective, son esprit fourmillant de machinations obscures. Il savait que leurs chemins se croiseraient à nouveau, mais la prochaine fois, il serait prêt. Et quand ce moment viendrait, Atsuko découvrirait la véritable signification de la peur.
Avec un dernier regard chargé de malice, l'homme se fondit dans les ténèbres, ses pas silencieux disparaissant dans la nuit. La confrontation entre Atsuko et lui n'était que le début d'un jeu de chat et de souris où les enjeux seraient bien plus élevés que jamais. Et dans ce jeu mortel, seul le plus rusé survivrait.
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