Dans l'obscurité feutrée de l'auberge, Miyū se tenait immobile, son souffle retenu alors qu'elle écoutait les murmures inquiétants qui flottaient dans l'air. Assise dans un coin sombre du hall, elle prêtait une oreille attentive aux conversations qui se déroulaient autour d’elle.

Deux hommes se trouvaient à une table voisine, voix basses et conspiratrices, leurs silhouettes se découpaient dans la pénombre ambiante. Miyū n'avait jamais vu leurs visages, ni même entendu le timbre de leurs voix, mais elle sentait l'aura menaçante qui émanait d'eux, un avertissement muet de ne pas s'approcher.

Elle entendit son nom prononcé dans un murmure sinistre, une sensation glaciale lui parcouru l'échine alors qu'elle écoutait attentivement les mots qui suivirent. Les hommes parlaient d'elle, discutant de sa disparition mystérieuse, de la recherche du carnet. La geisha apprit donc le ravage de la maison de thé. Écœurée, elle se senti coupable de la souffrance de ses gens qui l’avaient accueillis des années auparavant.

Miyū retint son souffle, le cœur battant dans sa poitrine alors qu'elle réalisait l'ampleur de la menace qui pesait sur elle. Mais malgré la peur qui serrait son cœur, une détermination féroce brûlait dans ses yeux. Ainsi, dans les ténèbres de l'auberge, Miyū se mélangeait aux ombres. Elle recommanda un thé noir aux notes fumées : du Lapsan Souchong et, s’enfonçant un peu plus dans son siège elle patienta.

Les deux hommes ne l’avait de toute évidence pas remarqué. Et elle était bien loin d’une geisha à cette heure du jour. Presque méconnaissable, ses longs cheveux tombaient devant son visage en épais rideaux ébènes.

-Tu es sûr que c'est elle ? Cette Adauchi dont tout le monde parle ?

- J'en mettrais ma main au feu. J'ai vu son visage de près, j'oublierai jamais ces yeux, froids comme la glace. C'est pas n'importe qui, mon pote. C'est une tueuse, une vraie.

- Mais tu sais qui elle est vraiment ? Je veux dire, son identité réelle.

- Non, pas exactement. Mais on a tous entendu des rumeurs. On l'appelle Adauchi. Paraît qu'elle a été entraîné par maitre Tsunemoto C’est une tueuse de légende mais aurait disparu depuis des années. Et maintenant, elle refait surface dans nos affaires.

- Merde. Tu penses qu'elle sait quelque chose sur nous ?

- C'est bien possible. Mais je suis plus inquiet pour ce qu'elle pourrait faire si elle découvre qui nous sommes vraiment. Tu sais ce qu'on dit sur elle…

- J'ai entendu des histoires sur ce qu'elle fait à ceux qui croisent son chemin. Pourquoi est ce que le boss la veut ?

L’homme dot à Miyū qui buvait leurs paroles haussa les épaules. Apparement la geisha qui n’était qu’une source d’information pour eux à la base devenait un danger. Comment avaient-ils connaissance de ce fichu carnet ? Miyū n’arrêtait pas de se poser la question, elle lui revenait un boucle tel un refrain malsain qui nous reste en mémoire malgré tout.

Soudain, la jeune femme fut frappé en pleine réflexion. Ses recherches sur la famille Sugiyama. C’était forcément là. Adauchi était forcément quelqu’un dans ces pages mais qui ? Sans ce carnet elle ne saurait peut-être jamais.