chapitre 15 / Traitrise
La geisha pénétra dans la maison de thé avec une détermination farouche alors qu'elle cherchait frénétiquement son carnet disparu. Elle savait que c'était sa seule chance de découvrir l’identité d’Adauchi.
Mais à mesure qu'elle fouillait le tiroir à double fond puis chaque recoin de la pièce, chaque tiroir et chaque étagère, une angoisse grandissante s'emparait d'elle. Le carnet était introuvable, comme s'il s'était volatilisé dans les ombres de la nuit. Quelqu’un aurai-t-il mis la main dessus ?
C'est alors qu'elle entendit un léger bruit derrière elle, un souffle étouffé qui semblait lui glacer le sang dans les veines. Lentement, elle se retourna pour faire face à la silhouette d'une autre geisha, une femme aux traits délicats mais aux yeux empreints de malice.
C'était Ayame, une geisha qui avait longtemps fréquenté la maison de thé. Miyū sentit un frisson lui parcourir l'échine alors qu'elle rencontrait le regard froid de la femme.
Ayame fixa Miyū d'un regard scrutateur, ses yeux semblant percer à travers les couches de son être pour révéler ses pensées les plus intimes.
« Tu te demandes ce que je veux, n'est-ce pas ? », dit-elle d'une voix douce mais empreinte d'une autorité indéniable. « Je veux la même chose que tout le monde ici : le pouvoir, l'argent, la reconnaissance. Mais contrairement à toi, je sais où chercher pour l’obtenir. »
Elle fit quelques pas plus près, ses mouvements empreints d'une grâce sinistre qui donnait à l'atmosphère une teinte de menace sourde.
« Que veux-tu de moi ? », demanda-t-elle d'une voix tremblante, la peur étouffant chaque mot.
Ayame inclina légèrement la tête, son sourire s'étirant en une expression énigmatique. « Je veux que tu me livres ce que tu as caché dans ce carnet », dit-elle d'une voix suave. « Je veux les secrets qu'il renferme. »
Miyū serra les poings, son esprit tourmenté par un conflit intérieur. D'un côté, elle voulait désespérément protéger les informations qu'elle avait recueillies, les secrets qui pourraient lui apporter les réponses qu'elle cherchait depuis si longtemps. D'un autre côté, elle craignait les conséquences d’un refus.
« Je ne te donnerai rien. Le carnet n’est plus ici. Quelqu’un l’a pris. Je ne peux rien pour toi », déclara-t-elle d'une voix ferme, essayant de réprimer la peur qui menaçait de submerger son esprit.
Ayame la fixa d'un regard glacial, une lueur de mépris dans ses yeux sombres.
« Très bien, Miyū », dit-elle d'une voix calme mais pleine de menace. « Mais n'oublie pas que tu as plus à perdre que moi dans cette affaire. Je te conseille de réfléchir attentivement à tes prochaines actions. Car dans ce monde impitoyable, les faibles périssent tandis que les forts survivent. Il y a pire que moi mon amie, et celui qui veut ce carnet à fait bien pire que tu ne peux l’imaginer pour moins que ça. Fais bien attention à toi.»
Sur ces mots, Ayame tourna les talons et s'éloigna dans les ombres de la maison de thé, laissant Miyū seule avec ses pensées tourmentées. Pendant que la jeune femme s'éloignait dans les méandres de la maison de thé, l’esprit de Miyū se tourna instinctivement vers Adauchi, l'ombre mystérieuse qui semblait hanter les recoins les plus sombres de son existence.
Elle se rappela des rumeurs qui circulaient autour de cette femme énigmatique, des histoires de vengeance et de justice brutale qui la suivaient comme une ombre. Et malgré la peur qui s'était emparée d'elle, une part d'elle-même ne pouvait s'empêcher de se tourner vers Adauchi comme vers un dernier recours, un espoir fragile dans un monde assombri par la trahison et la violence.
Et alors qu'elle se tenait là, seule dans l'obscurité de la maison de thé, elle jura silencieusement de tout faire pour retrouver Adauchi.
Cette Adauchi était peut-être sa seule chance de survie.
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