Chapitre 16 / Les ombres des bas-fonds

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Alors qu'ils se trouvaient parmi les ruines du domaine des Sugiyama, Atsuko sentit les souvenirs du passé ressurgir en elle, comme des spectres venant hanter ses pensées. Elle se tourna vers James, ses yeux reflétant la douleur et la colère qui brûlaient en elle.

« James », commença-t-elle d'une voix tremblante, « je dois te parler de Ryuzo Tanashi. »

James la regarda attentivement, un léger froncement de sourcils trahissant son étonnement.

« Tanashi ? », répéta-t-il. « Je ne crois pas avoir entendu ce nom avant. »

Atsuko déglutit difficilement alors qu'elle se préparait à plonger dans les abysses de son passé.

« Ryuzo Tanashi était le conseiller le plus proche de mon père », expliqua-t-elle d'une voix chargée d'émotion. « Il était l'homme en qui mon père avait le plus confiance, celui qu'il considérait comme un frère. »

Elle fit une pause, ses yeux se perdant dans le lointain alors qu'elle se remémorait les événements qui avaient précipité la chute de son clan bien-aimé.

« Je n'avais jamais réussi à me souvenir de son implication jusqu'à présent », admit Atsuko, ses mains serrées en poings serrés d'angoisse. « Mais maintenant, je crains que ce soit lui qui soit derrière l'enlèvement de la geisha. Peut-être pour réduire tout le monde au silence, pour effacer les traces de ses crimes passés. »

James écoutait en silence, absorbant chaque mot avec une attention toute particulière. Il pouvait sentir la peine et la colère qui émanaient d’Atsuko. James McAllister inclina légèrement la tête, son regard bleu acier transperçant l'obscurité alors qu'il écoutait attentivement ce que Atsuko avait à lui dire.

« Il nous faut agir au plus vite », déclara-t-il d'une voix ferme. « Nous devons trouver des preuves contre Tanashi. Et nous devons sauver la geisha, avant qu'il ne soit trop tard pour elle aussi. »

***

Alors que la voiture filait à travers les rues étroites et sinueuses de la ville, Atsuko sentait chaque secousse du véhicule résonner dans son corps, une palpitation constante qui semblait synchronisée avec le battement de son cœur anxieux. Les lumières des enseignes lumineuses clignotaient au-dessus d'eux, projetant des éclats intermittents de couleur à travers le pare-brise, tandis que les ombres dansaient sur les façades des bâtiments voisins.

Le paysage urbain était un mélange éclectique de vieux édifices aux façades décrépies et de néons étincelants annonçant les bars clandestins et les maisons de jeux. Des silhouettes furtives se glissaient dans les ruelles sombres, leurs visages dissimulés dans l'ombre, semblant fondre dans l'obscurité comme des fantômes fugaces.

À présent, ils s'enfonçaient plus profondément dans les quartiers les plus dangereux de la ville, là où règnent la loi du silence et la peur de la pègre japonaise.

Les rues étaient de plus en plus désertes à mesure qu'ils approchaient de leur destination, les passants se faisant de plus en plus rares, remplacés par des ombres furtives qui se dissimulaient dans les coins enténébrés. Atsuko savait qu'ils étaient surveillés, que chaque mouvement était observé par des yeux invisibles dans l'obscurité.

Enfin, ils atteignirent leur destination : un quartier lugubre où les enseignes lumineuses étaient rares et où la menace semblait flotter dans l'air comme une brume toxique. C'était là, parmi les truands et les criminels, que se cachaient les informateurs qu'elle cherchait, ceux qui détenaient les clés des secrets les mieux gardés de la ville.

Atsuko gara la voiture dans une ruelle adjacente, son regard scrutant les ombres qui se mouvaient dans l'obscurité environnante.

Elle se souvenait des anciens contacts qu'elle avait fréquentés dans le passé, à l'époque où elle opérait sous le nom d'Adauchi. Ces informateurs, ces hommes et femmes des bas-fonds de la ville, avaient été ses yeux et ses oreilles dans l'ombre, lui fournissant des informations précieuses sur les activités de la pègre japonaise. Elle se rappelait de leurs visages ombragés par la méfiance et la ruse, de leurs voix murmures chargées de secrets et de mensonges. Chacun d'eux était une pièce du puzzle, un maillon dans la chaîne d'informations qui avait alimenté ses opérations en tant que tueuse à gages redoutée.

Maintenant, alors qu'ils se préparaient à les retrouver, Atsuko sentait une étrange nostalgie mêlée à une pointe d'appréhension. Ces personnes avaient été ses alliés dans le passé, mais elle savait aussi que leur loyauté était volatile, leur fidélité souvent achetée au plus offrant.

Mais malgré les risques, ils n’avaient pas de meilleure piste. Alors, Atsuko et James pénétrèrent dans l'auberge enfumée, les yeux scrutant les visages ombragés qui peuplaient la pièce. L'atmosphère était épaisse de fumée de tabac et de murmures étouffés. À première vue, l'auberge semblait être un endroit comme tant d'autres dans les bas-fonds de la ville, un repaire pour les âmes perdues en quête d'oubli et de distraction. Mais Atsuko savait que sous la surface tranquille se cachait un réseau d'informateurs et de malfaiteurs. Il suffisait de se montrer patient.

Ils s'installèrent à une table à l'écart, Atsuko se sentait tendue, une boule de nervosité serrant sa gorge alors qu'elle se préparait à la suite.

Les minutes s'écoulèrent lentement, chaque seconde semblant être une éternité alors qu'ils attendaient que leurs informateurs potentiels fassent leur apparition. Mais alors qu'ils commençaient à perdre espoir, leurs regards tombèrent sur une silhouette familière assise à une table à quelques mètres d'eux.

Il s’agissait de la geisha disparue, Miyū Shiori, assise seule à une table, son regard perdu dans le vide, comme si elle était plongée dans ses propres pensées tourmentées. Atsuko sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine alors qu'elle réalisait l'ampleur de la coïncidence.

Sans un mot, elle se leva de sa chaise, son regard fixé sur la geisha. James lui emboita le pas.

Miyū leva les yeux au moment où Atsuko et James atteignirent sa table, ses traits marqués par une expression mêlée de surprise et d'appréhension. Son regard sombre rencontra celui d’Atsuko avant qu’elle ne murmure : « Adauchi… »

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