Chapitre 1.
Quelle est cette voix désagréable ?! Franchement, cela devrait être interdit de chanter comme ça de si bon matin. Ce ton doucereux, cette mélodie calme et posée et ces piaillements d'oiseaux... Ce ne peut être que Cendrillon !
Vous ne connaissez surement pas Cendrillon, personne ne la connait. À vrai dire, il est assez rare qu'elle sorte de chez nous. Attention, quand je dis chez nous, ça ne veut absolument pas dire que nous faisons partie de la même famille ! Simplement, ma mère s'est mariée avec son père, un homme fortuné (mais cela n'a absolument aucun rapport) il y a de cela quelques années. Et celui-ci a eu le malheur de mourir ! Franchement, il aurait pu penser à nous, qui devrions nous coltiner sa blondasse de fille. Heureusement, pour compenser le fait que nous la logeons et nourrissons avec amour, Cendrillon s'occupe de toutes nos tâches ménagères (C'est la moindre des choses). C'est ma sœur Javotte et moi qui lui avons trouvé ce surnom : "Cendrillon". En effet, elle est toujours couverte de cendre puisqu'elle dort parfois dans la cheminée.
Enfin bref, Cendrillon chante comme un pied. Voilà, elle m'a mise de mauvaise humeur pour la journée ! Je pourrais peut être lui donner un cours un de ces jours, si j'ai le temps et l'envie.
J'appuie sur la sonnette plusieurs fois pour la faire taire. Ce genre de petit geste me remonte toujours le moral.
Après m'être levée, je passe un coup de brosse dans mes affreux cheveux roux, puis passe au maquillage. Cette étape me prend toujours du temps, car il y a beaucoup à faire sur mon visage. Cacher ces rougeurs, camoufler mes cernes et ces vilaines tâches de rousseur... Et le plus important, dessiner un petit grain de beauté au coin de ma bouche.
Quelqu'un frappe à la porte.
-Entrez !
Oh non, c'est Cendrillon ! Et moi qui pensais pouvoir avoir au moins dix minutes de tranquillité...
- Bonjour Anastasie, me salue la blondasse. Je vous ai apporté votre café.
-Qui t'a dit que je voulais un café ?
-Eh bien... Vous m'avez appelée avec la sonnette, repris Cendrillon d'un air désolé. D'habitude, cela veut dire que vous voulez votre café matinal.
- Franchement, à ton âge, tu devrais être capable de différencier une sonnette "café du matin" et "ferme ton clapet".
La fillette fit une petite moue qui me donna envie de lui renverser sa tasse sur la tête.
-Allez, laisse-moi tranquille !
Après le départ de Cendrillon, je peux enfin me remettre à mes activités. C'est fou comme c'est dur de trouver du personnel compétant de nos jours ! Je me jette un dernier regard à travers le miroir. Le résultat ne me plait toujours pas, mais c'est quand même bien mieux qu'avant.
- Anastasie, Javotte !
C'est Cécilia, ma mère. Je revêts en vitesse un gilet et dévale l'escalier quatre à quatre. Quand ma mère veut quelque chose, il vaut mieux lui donner tout de suite.
- Ahhh !
C'est quoi ça ? Une petite bête poilue, avec une queue immonde et des yeux luisants ! Encore une de ces souris que Cendrillon attire dans toute la maison ! Je pousse un cri suraigu, en espérant que Mère m'apporte un peu de son attention. J'attends quelques secondes... Il ne se passe rien. Je continue à descendre les marches et arrive devant ma mère. Ma sœur Javotte est déjà là.
-Pas trop tôt, me réprimande t-elle sèchement.
Je baisse les yeux d'un air honteux. Il ne faudrait pas la contrarier davantage.
-Nous venons de recevoir une missive, reprend Mère, une lueur brillant dans ses yeux sombres. Devinez de qui elle nous provient ?
-Non, s'écria Javotte. Ne me dis pas qu'il s'agit de Jacob ?!
- Pauvre sotte. Ce Jacob n'est pas à ta hauteur, je t'ai déjà dit que je ne voulais plus en entendre parler.
Mère peut très facilement passer de la joie à la colère, il faut donc faire attention. Mais elle est si intelligente que Javotte et moi écoutons toujours ses conseils... C'est pour cela que ma sœur a arrêté de fréquenter Jacob. Selon notre mère, elle méritait bien mieux. C'est vrai qu'elle avait l'air heureuse avec lui, mais c'est ainsi. Javotte, comme moi, trouvera un jour un homme qui la comblera réellement, qui pourra lui offrir ce qu'elle voudra et lui payer des domestiques. Elle trouvera le véritable amour...
-Pff... puisque vous n'essayez même pas. Le prince nous invite à son bal !
-Vraiment ?! me suis-je exclamée. Je savais qu'il finirait par entendre parler de moi ! Oh mon Dieu, le palais et ses grandes tours... Une robe de mariée, blanche avec des fleurs... Ça va être merveilleux !
Ma mère coupa court à mes rêveries d'un ton hautain.
-Voyons Anastasie. Le prince ne te connait même pas. Il a invité toutes les jeunes filles du royaume. Mais pour ce qui est de la robe de mariée... Tu as peut-être une chance.
-Comment ça ? Avons-nous demandé, Javotte et moi, en même temps.
-Le prince va profiter de ce bal pour trouver sa future femme. La compétition sera rude, mais une de vous deux devra l'emporter sur pas moins d'une centaine de jeunes filles. Pour cela, j'aimerais vous faire confectionner des robes sur mesures. Réfléchissez-y bien et faites-moi des croquis de vos idées.
-Oh, s'exclame Javotte d'une voix peu gracieuse. La mienne sera la plus belle !
-Nous suivrons un entrainement intensif, continue Mère sans relever le commentaire de ma sœur. Et il commence dès maintenant. Javotte, va chercher Cendrillon.
Ma sœur s'empresse de s'exécuter, nous laissant seule ma mère et moi.
Après quelques secondes de silence, Dame Cécilia prit la parole :
-Anastasie, me dit elle d'un air grave et déterminé. J'ai bien peur que ta sœur ne soit pas en capacité de séduire le prince. Mais toi... tu dois gagner. Tu dois le faire pour ta famille, pour relever notre honneur, tu comprends ? Malgré quelques... Comment dire ? Défauts physiques et intellectuels , je sais que tu en as les dispositions.
Je ne sais pas que répondre à cela. Est-ce un compliment ou un reproche ? Dans sa voix, la frontière entre les deux est toujours faible. Et comment ça, Javotte ne pourrait pas attirer le prince ? C'est vrai que j'aime me moquer d'elle, mais là... Ça me semble différant. Heureusement, celle-ci revint à ce moment, accompagnée de Cendrillon, m'évitant une situation gênante. Mère m'adressa un regard lourd de sous-entendu.
-Cendrillon, repris t-elle d'un air hautain. Nous sommes invitées au bal du prince.
-Quoi ?! s'écrie Javotte. Elle vient aussi ?
-Bien sûr que non, coupa court Mère.
Cendrillon baisse les yeux. Je voudrais pouvoir vous dire qu'elle est ridicule ainsi, mais sachant que j'étais dans la même position quelques minutes plus tôt, ça ferait surement mauvaise figure.
- Alors pourquoi donc m'avez-vous appelée, Cecilia ? murmure-t-elle d'un ton déçu.
-J'ai besoin de toi. Tu dois préparer mes filles, les entrainer, les chouchouter pour les montrer sous leur meilleur jour au prince. Dans une semaine, l'une d'elles sera sa fiancée.
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NOTES (après je ne met plus de notes, promis. Je sais que ça peut être énervant...)
Voilà, premier chapitre publié ! Je prends beaucoup de plaisir à écrire cette courte histoire (Non, ce n'est pas une nouvelle, de part sa définition) donc j'espère que vous l'aimerez !
On commence sur une touche un peu comique (je l'espère ...) Mais les sentiments vont arriver, ne vous inquiétez pas !
On se retrouve demain soir pour un nouveau chapitre !
PS : Quelques détails ne sont pas en raccord avec l'histoire original de Cendrillon, je le sais. C'est une interprétation.
Moonyfal <3
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