Liberté nouvelle
Résumé des chapitres précédents : Juan, Miguel, Franck, Julie et Marie ont émergé dans un monde inconnu dont les jours sont bercés de deux soleils. Par un concours de circonstances obscur, Julie a appris la langue locale. Le groupe s'est fait par la suite capturer par des soldats chevauchant des griffons, qui les ont emprisonnés dans une forteresse à flanc de montagne. Tandis que leur ravisseur a tenté de les faire disparaître, ils ont été sauvés par un inconnu appelé Sayur, d'un peuple venant de l'Est lointain. Les voici arrivés à la cité de Vertval, à la demeure de la famille De Grandvaux (Obianne et Barnabas). Ils y découvrent des domestiques centaures, rencontrent le doyen des mages Palil d'Adk, et se voient donner à tous la compréhension de la langue locale. Une audience avec le seigneur de Grandvaux vient de se terminer, au ton entre la bienvenue et la mise en garde.
Dès que le dernier des cinq fut sorti de la salle d'audience, le maître des lieux se tourna vers le doyen.
- Qu'en penses-tu Palil ? Pouvons nous leur faire confiance ? demanda Barnabas.
- J'ai parcouru leurs esprits à leur insu hier, Barnabas, tout ce qu'ils ont dit est vrai. Leur présence ici est vraiment accidentelle. Pour être honnête ce ne sont pas ces pauvres gens qui m'inquiètent.
- Que veux-tu dire ?
- Pourquoi Gidas les aurait-il enfermés et interrogés ? Et surtout, pourquoi a-t-il cherché à cacher leur présence ? Ce que je trouve le plus étrange est qu'il leur manque une partie de leurs souvenirs récents. Julie a affirmé avoir été interrogée plusieurs fois à Fort Toral, mais je n'en ai retrouvé aucune trace dans son esprit. Je pense que quelqu'un a cherché à faire disparaître les traces de ces interrogatoires. Avait-il peur que quelqu'un ne découvre quelque chose de gênant ? Tout cela n'est pas normal.
- Nous en informerons Isdar dès son arrivée, tenta de rassurer Barnabas. S'il y a dissidence, il prendra les mesures qu'il faut.
- Il me semble avisé d'envoyer au plus vite des troupes sécuriser cette porte. Qui sait ce qui peut en sortir ?
- Je vais demander à mon fils de monter une expédition discrète. Des troupes eserithiennes sur les terres des Ballin risquent d'engendrer un incident diplomatique, mais je me vois mal demander ça à Gidas, compte tenu des circonstances.
- Tant de savoir a été perdu, comment avons nous pu passer à côté d'un passage entre deux mondes ? conclut rhétoriquement Palil.
***
Peu après cet échange très formel avec le maître des lieux, les compagnons égarés se retrouvèrent dans l'un des salons de jardin de la cour intérieure. La demeure des Grandvaux dégageait une aura de quiétude quasi féerique. Une légère brise apportait les effluves parfumées des massifs en fleurs. De petits oiseaux s'ébrouaient dans l'eau de la fontaine, et de nombreux centaures s'affairaient déjà autour d'eux.
- Que va-t-on faire maintenant ? demanda Miguel.
- Je vous l'ai dit tout à l'heure, je ne baisserai pas les bras, dit Juan. Ma famille m'attend et je compte bien les retrouver. Je retournerai à la porte dès que possible.
- Il ne se passera rien avant une semaine Juan, dit Franck. Les instructions sont claires, nous sommes dans une cage dorée jusqu'à l'arrivée de leur empereur.
- Regardez autour de vous, ça n'a pas l'air si mal, enchaîna Marie en se tournant vers la cour intérieure. Je pense que je pourrai tenir sans problème une semaine de plus dans ces conditions.
- Je ne compte pas rester ici à ne rien tenter sous prétexte qu'empereur machin prend son temps !
- On peut déjà s'estimer heureux de l'intervention du type aux yeux jaunes...
- Sayur, corrigea Marie.
- Oui c'est ça, Sayur, je n'aurais pas donné cher de notre peau à la sortie de ce charriot, continua Franck un peu irrité par cette intervention. Surtout qu'aucun d'entre nous ne se rappelle précisément ce qui s'est passé avant l'évasion. Et vu l'état de Marie quand nous sommes arrivés ici, les types que nous avons rencontrés n'avaient pas de bonnes intentions. Juan, nous ne connaissons rien de ce monde, si tu fonces tête baissée, tu n'as aucune chance.
- Tu as surement raison, répondit le Mexicain en soupirant, mais ça me rend fou de ne pas avoir vu mes petites depuis si longtemps, elles doivent être mortes d'inquiétude.
- Nous avons tous été mis à rude épreuve, dit Franck. L'essentiel est que nous soyons ensemble et en bonne santé. Cette semaine nous permettra de nous retaper, ensuite nous demanderons à retourner à la porte. Est-ce que c'est acceptable pour toi, Juan ?
Juan acquiesça et parut se détendre.
- Viens Julie, on va faire un tour dans les champs, le grand air nous fera du bien, proposa Marie.
- Même si les choses semblent s'arranger, il faut que nous restions sur nos gardes. Si vous voyez quelque chose de louche, prévenez immédiatement les autres.
- Je comprends que tu sois inquiet Franck, mais franchement, nous devrions profiter de cette première journée de liberté, même si elle est limitée.
Les deux jeunes femmes partirent en direction du portail qui s'ouvrait sur les collines.
- Je pense aller jeter un oeil à une bibliothèque que j'ai repérée tout à l'heure, je suis curieux de voir ce qu'il y a dedans. Qu'est-ce que vous allez faire, vous ? demanda Miguel.
- Je viens avec toi, répondit Juan. Il faut que je m'occupe l'esprit, je n'arrête pas de penser à mes filles.
Franck se retrouva seul dans son siège de rotin, vexé que personne n'ait pris ses mises en garde au sérieux, ni n'ait proposé de l'accompagner. Il regarda les yeux dans le vague Julie et Marie s'éloigner vers le fond de la cour. Franchissant la porte de la salle d'audience, Mathias de Grandvaux l'aperçut isolé et le rejoignit dans le salon de jardin.
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