3. Pendant ce temps sur la Passerelle.

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Sébeknefer regarde d’un œil morne les étoiles défiler en longs filaments de lumière. Le Prof s’est assis sur les marches menant au « trône » pivotant. Lui aussi est captivé, en début de mission, comme tous les autres. Pourtant, cette fois, il devine que le silence est glacial et pesant. Il décide de le briser pour crever l’abcès.

- Tu redoutes de te bouffer le nez avec ton père ! Ceci est une constatation, pas un jugement. Tu es en colère contre tes Cousins qui ne t’ont pas prévenus. Tu as bien réagi en envoyant Néfertari. En tant que suivante de Diane, elle saura lui tenir tête. Et bien entendu, elle sera insensible à sa séduction naturelle.

- Prof, ce qui me dérange vraiment, c’est que nous ignorons où nous mettons les pieds ! Il faudra discuter dans toutes les stations sans informer leurs patrons de notre but. Il faut être prudent avec ces fichus pirates qui damnent le pion à la Fédération depuis trop longtemps ! Ils se sont lancés dans l’esclavagisme !

-Tu sais, Patronne, ça me révulse autant que toi ! Mon petit frère fut esclave pendant dix ans ! J’ai économisé sur ma solde pour pouvoir le racheter. Et pendant cette période horrible, il a appris un métier : il est un forgeron reconnu. Il a même été remarqué par Héphaïstos, il travaille dans ses forges.

- J’ignorais cela, Nils. Tu sais, j’aurais pu t’aider. Ce genre de situations est ma raison d’être. Je serai toujours là pour vous.

- C’est pourquoi j’étais volontaire pour cette mission. Je sais comment réagir quand nous verrons ces pauvres créatures jetées en esclavage.

- Sinon, demande Rothonddho, vous pensez que Néfertari va bien s’en sortir, avec le père de Sébeknefer ?

- Bien sûr ! Elle ne s’en laisse pas compter ! Elle s’y connaît en armement. Et elle s’intéressera aux siennes. Ils parleront de l’efficacité d’une hache ou d’un fléau d’armes.

Le Capitaine prend un ton grave pour questionner le Stratège. Il redoute sa réaction et surtout ses réponses, et ce qu’elle ne dira pas sur le moment. Quelque part, Anubis a raison : la nouvelle est tellement mauvaise qu’elle ne sait pas par où débuter.

- Dites-nous, ô Stratège, quelle mauvaise surprise aurez-vous à nous dévoiler ?

- Que de formalisme, Capitaine. (Elle soupire.) Je ne sais pas quoi vous dire. Je retarde ce moment tant que je le peux. Pourtant, il faudra bien que je passe à table. Tous les chefs de sections sont là. Je vais commencer en faisant soft !

Elle change de position ; elle semble assise sur des braises. Cela n’échappe à personne. Ils se regardent d’un air inquiet. C’est pas bon ! Pas bon du tout !

- Oui. Nous partons à la chasse aux pirates. Ils ont pris d’assaut la Station 9 ; Ils l’ont conquise. Et se sont appropriés les fréquences des vaisseaux, la station de téléportation à ultra longue distance… Un petit dessin ? Ils ont récupéré nos vaisseaux avec tout ce que cela implique.

- Combien ?

- Lucius ! Si je le savais ?

- Mais à quoi tu sers, alors, Sébeknefer ? T’as pas des sorts de recherche ?

- Non ! Tout ce que l’on sait c’est qu’ils ont des mages puissants. Ils ont mis la Guilde des Mages en coupe réglée ! Seuls les magots payés par les Fédéraux ne sont pas pris dans leurs filets.

- Est-ce qu’ils savent que tu n’es pas une magotte, mais BEAUCOUP plus ?

- Non ! Je suis classée comme Stratège ! Et bonne nouvelle, le dernier conseil de l’Amirauté a bien voulu entériner mon poste et mon statut ! Ils étaient ravis de se débarrasser de moi ! Déesse de Chamhalhliah et Stratège Fédéral ! Deux raisons suffisantes pour me reprendre mon bureau quasiment jamais occupé ! Et pour vous, je suis Stratège ET Magotte ! Pas déesse ! Tenez-le pour acquis ! Ma divinité peut faire la différence et créer la surprise contre un mage de la Guilde corrompu.

- Ils ont mal évolué dans cette guilde de mages véreux, remarque Lucius, le responsable des munitions.

- Ils me font vomir, ces mages qui servent les ténèbres ! Finalement c’est bien, en fait plus que bien que ton père vienne passer quelques jours avec nous.

- Merci, Hache-Kaa-Thée, je te remercie pour ce dernier commentaire encourageant ! Je ne suis sans doute pas assez expérimentée.

- Mais non, Sébeknefer, s’énerve le Prof. C’est juste que son aide, conjuguée à la tienne, nous permettra de venir à bout de ces gens malintentionnés.

- Quelques jours ! Je n’ai pas la même notion que vous du quelques… toute la durée de notre mission. Et je ne pense pas que ce sera facile…

- Heureusement que Diane a bien voulu nous prêter sa suivante préférée. Elle en connaît un rayon sur l’armement de toute nature ! Je suis rassuré de la savoir à nos côtés.

- C’est vrai ! De n’importe quoi elle fait une arme ! Un jour, je l’ai vue attraper une vache du troupeau de ta Cousine avec un lasso, pour que le vétérinaire puisse la soigner.

- Bon, il faudra donc que je lui fasse un petit topo, soupire le Capitaine. Vous pouvez disposer. Et vous êtes autorisés à répondre aux questions de vos hommes. C’est pas gagné…

- On fait quoi, pour la bamboche ?

- Quelle bamboche ?

- Ben on est partis en catimini ! Pas de flonflons, aucun confetti ni roulements de tambours. Les trompettes n’ont pas sonné.

- On la fera après notre première victoire. Et Pour l’amour des ancêtres de Sébeknefer, trouvez un nom pour ce rafiot ! On cumulera.

- Pourquoi on ne pourrait pas en faire deux ? Bacchus nous sera redevable. Et le moral des copains remontera en flèche !

Ils sortent du poste de commandement un peu plus guillerets mais pas plus ! Ils chuchotent dans l’ascenseur. Ils redoutent la suite du voyage. Et il faut au plus vite trouver un nom au vaisseau. Ils sont tous d’accord pour contester leur départ sur un navire de guerre anonyme. Jamais ça ne s’était produit.

Chaque officier réunit ses subalternes pour leur faire passer les consignes et donner les (maigres) informations récoltées pendant la réunion. Savoir que le père de Sébeknefer loge dans leur vaisseau n’est pas fait pour arranger les choses.

Sébeknefer et le Capitaine restent seuls sur la Passerelle avec le Timonier et le spécialiste des transmissions. Le silence est revenu, méditatif. Un ventre gargouille. Un autre prend la relève. Des sourires se précisent.

- Chef ! On mange quoi ?

- Patronne, on vient de partir ! Tu veux déjà ripailler ? Je peux t’arranger cela. Du vin pour les libations de Bacchus, des feuilles de vigne, des plats pour mangeurs de feuilles. On n’a pas de viande ! Je peux te préparer une omelette d’œufs de Klortas ! Tu aimeras manger cette couleur violette tout à fait improbable sur Chamhalhliah.

- La provenance du vin, Chef ? demande le Capitaine en voyant Sébeknefer sourire à l’énoncé des délices à venir.

- Le vin fin est estampillé « Domaine viticole d’Itaque » sur la Terre. Mais je le soupçonne de venir directement des Caves Olympiennes.

- Tu n’a pas géré son arrivée ?

- Je faisais rentrer les vaches sacrées de la Cousine Hathor ! Elles doivent être bien installées !

- On va se régaler ! Chef, pense à faire servir une bouteille « trafiquée » pour chaque table. Elles serviront aux libations et aux convives.

Sébeknefer se frotte les mains ! On mangera sur la Passerelle pour avoir un petit œil sur les écrans. Au cas où. Elle prendra le premier quart… Et son ami le Capitaine a pensé aux Bouteilles Trafiquée, celles qui ne se vident jamais… Elles proviennent d’un petit tour de magie enseigné par Dionysos himself ! Le très illustrissime Bacchus a même reconnu qu’elle avait bien retenu la leçon, pour une guerrière ! Ripaille, bamboche, fiesta, avec danses et tout le tralala, avec la Samba Sacrée pour les libations adressées aux Mexicains.

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